LES GUÊPES
N°8 (Octobre 1909)
[Date de publication : Octobre 1909 - Couverture : imprimée en noir sur papier mauve, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Date, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité, "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs et Rédacteurs, Collaborateurs, "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", "Il sera rendu compte de tout volume adressé à l'un ou l'autre des chroniqueurs désignés ci-dessous : (La Littérature ... Henri Clouard, 3, rue Fustel-de-Coulanges (Ve), Paris. / La Poésie ... Armand Praviel, 9, rue du Sénéchal, Toulouse. / Les Romans & La Politique ... Raoul Monier, 28, rue Notre-Dame, Valence. / Les Revues ... J.-M. Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme)), Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser toutes les communications : Administration-Rédaction (M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme)). Pour Paris, secrétariat des "Guêpes" : M. Henri Clouard, 3, rue Fustel-de-Coulanges (Ve), le mardi, de 2 à 6 h." - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an) - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Grand Café Glacier, Rich Tavern / Société d'assurances mutuelles contre l'incendie de la Seine et de Seine-et-Oise / La Bicyclette parfaite est signée Terrot / Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Grand Café de Valence et des Voyageurs / La France, compagnie d'assurances contre l'incendie... / Alimentation Générale ... / Le Courrier de la Presse / Gérance d'Immeubles) ; Hors Commerce / Pour paraître en novembre 1909, aux éditions des "GUÊPES" / INSTINCTS / Précédés de Danses et de Villes / Poèmes en prose de Francis Carco / Il sera tiré 10 volumes de luxe sur Hollande numérotés de 1 à 10 et paraphés par l'auteur au prix de Cent sous, / 30 volumes sur vélin extra numérotés de 11 à 30 au prix de 2 fr. 50. / Adresser le montant de la souscription à M. Jean-Marc BERNARD, directeur des Guêpes, à St-Rambert-d'Albon (Drôme) ; Les Guêpes sont en vente : A Valence : Librairie Monchaud ; A Paris : M. Blanchard, 4, boulevard Saint-André (6e), M. Bernard, 11, Galerie de l'Odéon (6e), et M. Rey, 8, boulevard des Italiens ; A Grenoble : M. de Vallée, place Victor Hugo. - Pagination : 16 pages]
Jean Dorsal : Aux Anciens, poème (p. 121)
Henri Clouard, Jean-Marc Bernard : A propos de la "Porte étroite" [en note : "La porte étroite, roman par André Gidde (sic) (Mercure de France)" - I, signé Henri Clouard (p. 122-123) - II, signé Jean-Marc Bernard (p. 124-126)] (p. 122-126)
Maurice Morel : Vieille et Vieux, poème (p. 127)
Louis Lormel : Cailloux et Praline (p. 128-129)
Francis Carco : Beuglants, Caboulots.., etc... [VII. - Le Mime (citation de Stéphane Mallarmé en épigraphe : "... L'âme qui nous obsède.") ; VIII. - Eden-Concert ; IX. - Bar] (p. 129-131)
Henri Bouvelet : Paroles d'hier, poème (p. 131)
Les Guêpes : L'affaire Clouard-Royère [On sait dans quelles circonstances notre ami Henri Clouard, s'étant jugé offensé par une note du Directeur de la Phalange, avait envoyé à M. Jean Royère ses témoins...] (p. 132-133)
René Dumaine : Eraste [Pour Jean Royère] (p. 133-134)
*** : Notes [Hyménée. - Le 14 août dernier, a été célébré à Frameries (Belgique) le mariage de notre collaborateur Louis Thomas... ; Un bon signe. - Non seulement l'anarchie, même chrétienne, n'est plus à la mode, mais la jeunesse la plus strictement littéraire sent le besoin de se déclarer nettement contre elle... ; L'Ame Latine consacre son n°6, tout entier, à la mémoire d'Emmanuel Delbousquet... ; [une note découpée par l'ancien propriétaire de la revue] ; Boutade. - Notre ami Salucres, par quelle étrange aberration du cerveau ! professe la plus haute admiration pour le poète Henri de Régnier... ; A propos des "Tablettes d'un Cynique", dans le compte rendu que M. Louis Mandin publie à la Rénovation Esthétique de septembre, nous lisons les lignes suivantes... ; [verso de la note découpée] ; Les Guêpes publieront en novembre et dans les numéros suivants... ] (p. 134-[136])
Documents
"L'affaire Clouard-Royère"
On sait dans quelles circonstances notre ami Henri Clouard, s'étant jugé offensé par une note du Directeur de la Phalange, avait envoyé à M. Jean Royère ses témoins : Eugène Marsan et Maurice de Noisay. C'était l'épilogue d'une Enquête sur la littérature nationale, dont les conclusions avaient soulevé la colère des métèques du Symbolisme. Or la suffisance, la fourberie et l'obliquité de l'attitude que prit le Jean trop connu vis-à-vis d'un homme "qui l'avait appelé à l'honneur d'une rencontre", ont obligé les témoins de notre ami à prendre eux-mêmes parti contre son adversaire. Ils publient dans le numéro d'août de la Rénovation esthétique "toutes les pièces de la curieuse affaire qui a tant fourni depuis quelques mois à la petite chronique littéraire". - "Il nous suffit, disent-ils, que les textes soient lus".
Il en ressort, en effet, au compte de M. Royère, un fort joli bouquet de sottises, de mensonges et de légèretés (I). La place nous manquant pour les mettre sous les yeux de nos lecteurs, nous transcrirons du moins la conclusion d'Eugène Marsan et Maurice de Noisay :
- "M. Royère avait pensé que, du haut des douze tomes annuels de la Phalange, il nous tenait à merci, et que nous nous lasserions à la fin de ses procédés. Ah ! certes, nous en sommes las ! Et nous ne savons comment lui exprimer le mépris que nous inspirent ses petitesses, son obliquité, ses mensonges ; tout ce bas alliage de légèreté, de sottise, de suffisance et de fourberie, qu'il porte partout. Cet homme d'âge a voulu comme un galopin avoir, coûte que coûte, le dernier mot. Maintenant les faits parlent. Qu'il bavarde son saoûl".
Puis nous nous contenterons de conclure, avec Pascal :
Qui Phalange fait la bête !
LES GUÊPES.
***
"ERASTE"
POUR JEAN ROYÈRE
Eraste est sous-chef de bureau au Ministère des Finances Royales. Il approche de la quarantaine ; aussi les cheveux lui tombent-ils déjà si le ventre lui pousse. N'allez pas cependant, devant sa mine paisible et son bourgeois embonpoint, vous enquérir auprès de lui sur l'état des finances. Il ne vous comprendrait pas. Eraste est, avant tout, poète ; il est même Le Poète. De lui seul la littérature anémiée attend sa renaissance. Il peut, de son bureau, au milieu des fiches, des bordereaux et des dossiers, arrêter, s'il lui convient, le lyrique torrent qui féconde la France. Du moins en est-il persuadé !
Racine aussi bien que Corneille le font sourire ; seuls, trouvent grâce à ses yeux le bon abbé Cotin et quelques autres amants aussi délicats de la nature et de l'idéalisme. Mais son maître vénéré, il l'a découvert parmi les auteurs oubliés de la Pléiade. Depuis le jour où il dénicha à l'étalage d'un bouquiniste - disloqué, poudreux et mal odorant - un exemplaire de la Délie de Maurice Scève, Eraste ne fut plus le même homme. Dès lors il sut qui admirer et qui pouvoir imiter.
Comme il se venge aujourd'hui du mépris que témoigne pour ses vers Le Mercure Galant ! Il vient de fonder un recueil qu'il a baptisé Légion, pour, par ce seul titre, indiquer le ramas de nuées qui se concentre sous sa couverture écarlate !
Il pontifie. C'est lui, aujourd'hui, le distributeur de la Gloire. Récemment, il le fit bien sentir à un jeune écrivain, employé chez Barbin de son métier, et qui s'était permis, devant lui, de se rigoler. Vertement, il l'a renvoyé à son comptoir de commis-de-librairie.
Quand je vous le disais ! Eraste a totalement oublié qu'il est sous-chef de bureau au Ministère des Finances Royales !
RENÉ DUMAINE.
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