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samedi 15 février 2014

LE QUADRIGE N°15 - 1914

N°15 (1914)
[Date de publication : [février ?] 1914 - Couverture : Imprimée en noir sur papier vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Lucien Claude-Lafontaine : Sur la Danse, essai [daté "Janvier 1914"] (p. [1]-3)
Raoul Toscan : Chatte, poème (p. 3-5)
Sylvain Royé : Le mois qui passe, poème en prose [En souvenir de Carl de C..., mort dans sa vingt et unième année.] (p. 5-7)
Marcel-Édouard Naegelen : Pensée d'Automne, sonnet (p. 7)
Jean Lemoine : Never more, poème en prose (p. 8)
Sylvain Royé : Chronique des Livres [I. Les Livres de Prose. (p. 8-11) - La Chrysalide, par M. Jean-Ch. Reynaud (éd. de la "Revue Littéraire") - (p. 8-9) ; La quotidienne aventure, par M. Paul Husson (E. Fig., éd.) ; L'Empereur et le Cochon, par M. Jacques Nayral (E. Fig., éd.) - (p. 9) ; Les Encagés, par M. Pierre Desclaux et Mlle Simone Brive (éd. de "La Route") - (p. 9-10) ; Voyage aux îles Atlantides, par MM. Pierre Billaume et Pierre Hégine (Grasset, éd.) ; Le Fils unique, par M. Bernard Barbery (E. Fig., éd.) - (p. 10) ; En cueillant le jour, par Mlle Madeleine-Andrée Picard (Eug. Fig., éd.) - (p. 10-11) ; Le Curé Bourgogne, par M. Louis Tenars (E. Fig., éd.) - (p. 11) ; II. Les Livres de Poèmes. (p. 11-14) - Le nouveau livre de M. Louis Tiercelin [Sous les neiges (Lemerre, éd.) ?] est auréolé d'une double couronne : l'amour de la Bretagne et la religion du souvenir. Prince des poètes bretons, il est, parmi les lumières de la gloire la plus chère à tous les cœurs d'Armor, un vieillard qui souffre et qui avoue sa souffrance avec la plus pieuse délicatesse, avec l'art le plus proche et le plus émouvant... - (p. 11) ; Le Cirque passionné, par Marcel Millet (Crès, éd.) - (p. 11-12) ; Le Cœur du Sphinx, par Mme Jeanne Myrsand (E. Basset, éd.) - (p. 12) ; Un Passé mort, par R.-L. Doyon (Figuière, éd.) - (p. 12-13) ; Peut-être..., par M. Jean Dorsennus (G. Crès, éd.) ; Au champ des herbes bleues, par M. P.-E. Péradon Deshayes (Édition d'Ombres et Formes) - (p. 13) ; La Gloire intérieure, par M. Henri Marx (Grasset, éd.) - (p. 13-14)], comptes rendus (p. 8-14)
Jean Dorsennus : Revue des Revues [Il ne manque pas de gens assez grincheux et moroses pour se plaindre du nombre des jeunes revues. A ceux-là, je citerai l'exemple éminemment respectable du Gay Sçavoir et de l'Ile Sonnante qui viennent de se réunir en un unique cahier. Laquelle des deux revues est disparue ? Est-ce le Gay Sçavoir ? Non, car le titre subsiste ; sera-ce l'Ile Sonnante ? Impossible, le format demeure. Cette dernière permanence est d'ailleurs regrettable... Mais peu importe le flacon, n'est-ce pas ? car nous avons l'ivresse. Remercions MM. Legrand-Chabrier, Ernest Dufour et Henri Strentz qui nous la procurent, l'un par ses ironiques et subtiles liroquoiseries, l'autre par son conte philosophique, et ce dernier par sa complainte tendre et mélodieuse. / Le Thyrse publie une conférence de Mme Aurel, à l'Université populaire du faubourg Saint-Antoine. Les organisateurs de ces conférences ont toutes les audaces. Ce n'est pas la moindre que d'avoir fait subir au public sainement primitif du quartier Saint-Antoine, un discours de l'auteur de Pour en finir avec l'Amant. Je n'eus pas la fortune d'assister à cette réunion - je le regrette - mais on m'a affirmé la parfaite tranquillité de l'auditoire. Peut-être aurais-je été moins bon public, car, enfin, Mme Aurel, il faut l'avouer, me semble un génie incompris, sinon incompréhensible... / Les Écrits français émergent des "mares stagnantes" de la jeune littérature pour employer un terme électoral - ça va devenir la saison. - Ils se font remarquer par leur homogénéité : l'esprit de M. Louis de Gonzague Frick euphraste et diser, les anime. Nous avons, pour notre part, pris un plaisir extrême aux mordantes épigrammes d'un certain M. Eustache le Piqueur ; comme celle-ci : / M. Mercereau réconcilie la France et l'Allemagne. / 'Mercereau, reniant son prénom martial, / Exhale désormais un pacifique arôme / Et d'un thuribulum international / Caresse le nombril de l'empereur Guillaume', / ou, à cette notule savoureuse, à propos de l'enquête du Gil Blas sur les poisons euphoristiques. "Qu'il nous soit permis de notifier vérécondieusement aux éminents enquêteurs, dont la magnificence s'étend, certaines vesprées, jusqu'au faubourg Saint-Antoine, que nous préférons le marasquin à l'éther, le vespetro à la morphine, le ratafia des quatre fruits à la cocaïne, et les alcools de M. G. Apollinaire à l'opium et au haschich. / O Calisayas, ô Bols, comme nous vous pleurons, défuntes popines de haut goût !" / La Flora, que MM. Lucien Rolmer et André Godin dirigent - avec quelle grâce, vous le savez - possède un bien gracieux comité d'honneur. / La Clarté est une revue honnête et sérieuse qui contient des chroniques fort estimables de MM. Octave Béliard et de Léo Gaubert. / Il est quelques écrivains que l'on a coutume de classer dans un genre défini. Parce qu'il a écrit plusieurs études sur divers auteurs, on considère, avant tout, M. A. de Bersaucourt comme un critique. Et l'on oublie un livre publié, il y a quelque temps déjà, qui est l'un des plus séduisants recueils de poèmes en prose que je connaisse. / M. de Bersaucourt aime à nous rappeler que nous faisons erreur sur lui, en donnant par ci par là - mais trop rarement - un petit poème. La Renaissance Contemporaine s'honore ainsi en publiant dans son dernier numéro de fort délicates impressions d'automne. Les Vesprées, de M. Robert Veyssié, sont pleines de mélancolie. / Les Marges, dont les collaborateurs sont de fervents disciples d'Anatole France, cultivent le pastiche. (C'est le pastiche du "Lac d'Amour", de Fernand Fleuret : Mémoires secrets d'un académicien). Il serait pourtant temps, comme dit la chanson, de réagir contre cette épidémie des à la manière de... qui depuis P.  Reboux jusqu'au néo-classicisme des Jean-Marc Bernard et autres pieds plats de la littérature, ainsi que l'écrit véhémentement le vénéré Laurent Tailhade, atteint et décime les meilleurs esprits de notre temps.], comptes rendus (p. 14-16)

samedi 28 décembre 2013

LE QUADRIGE N°12 - OCTOBRE 1913

N°12 (Octobre 1913)
[Date de publication : Octobre 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier blanc (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : Page de Titre - Page [2] : muette - Page [3] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Jean-Gabriel Lemoine : La Litanie des Roses, poème en vers libres [en épigraphe, citation de Le Jardin des Roses de Saadi : "On a effeuillé la rose et les épines sont restées sur sa tige."] (p. [3]-4)
Henriette Sauret : Appel (p. 5) ; Joie (p. 5-7), poèmes [précédés de ces quelques lignes de présentation : "Nous sommes heureux d'offrir, à nos lecteurs, deux poèmes tirés du très prochain livre de vers de Mme Henriette Sauret : "Je respire", à paraître chez l'éditeur Figuière."] (p. 5-7)
Sylvain Royé : Le mois qui passe : Octobre, poème en prose (p. 8-9)
André Biguet : Stances, poème (p. 9)
Abel Léger : Bathylle, sonnet [Extrait de "D'après l'Antique" à paraître prochainement.] (p. 9-10)
Pierre Rimori : Munychios, sonnet (p. 10)
Lucien Claude-Lafontaine : Le Manège, récit [Pour Madeleine - daté "27-28 Novembre"] (p. 11-13)
Georges Bannerot : Le Voyage nocturne, poème (p. 13-14)
Sylvain Royé : Jeux : I. L'acidité des verts citrons... (p. 14-15) ; II. Dans la nuit de la chambre tiède... (p. 15) ; III. Dans le salon trop apprêté... (p. 15-16), poèmes (p. 14-16)
*** : Notes de la Direction ["Nous terminons avec le présent numéro la première année du Quadrige. Nous espérons que nos abonnés voudront bien aider nos efforts et nous accorder leur confiance pour la seconde année que nous comptons entreprendre."] (p. 16)
*** : Notes diverses [La Biche, cercle littéraire, a fait sa réouverture le jeudi 9 octobre 1913, avec une causerie-programme de M. Georges Martin. Tous les artistes, gens de lettres sont invités à ses réunions, 37, rue des Martyrs, le jeudi soir. ; Les Marches de Provence, dont les belles tentatives ne sont plus à compter, réunissent les adhésions de tous les artistes pour protester contre le comblement du canal de la Douane et du Lacydon, à Marseille. Tous nos vœux de réussite vont au noble effort de M. Aurélien Coulanges. ; M. Raoul Toscan, la Charité-sur-Loire (Nièvre), enverra gracieusement à tous ceux qui le lui demanderont : Le Livret d'or des Poèmes du Clocher.] (p. 16)

lundi 23 décembre 2013

LE QUADRIGE N°10 et 11 - AOÛT-SEPTEMBRE 1913

N°10 et 11 (Août-Septembre 1913)
[Date de publication : Août-Septembre 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier rouge (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Lucien Claude-Lafontaine : Ernest Chausson, essai (p. [1]-4)
Pierre Rimori : Les Hespérides, sonnet (p. 4-5)
Jacques Ferrier : La Fontaine, sonnet [daté "1909"] (p. 5)
Sylvain Royé, Jean Lemoine : Le Pour et le Contre : I. Pour la Petite Ville [signé Sylvain Royé] (p. 6-7) ; II. Contre la Petite Ville [signé Jean Lemoine] (p. 7-9), essais (p. 6-9)
Gustave Fivé : Sur le Bord de la Route, poème en vers libres (p. 9-10)
Yvonne Lemaistre : Par l'humaine Route, réflexions (p. 10-11)
André Biguet : Dialogue, poème (p. 12)
René Simple : Airs slaves, poème (p. 12-13)
Sylvain Royé : Les Livres de Poèmes, comptes rendus [Les Clameurs, par Albert Tustes, Eug. Figuière, éd. - (p. 13) ; La Lampe Charbonne, par Gustave Fivé, édition du "Masque" - (p. 13-14) ; La Muse Noire, par Jules Leroux, Eug. Figuière, éd. ; Gerbes de Lis, par François Oudot, Eug. Figuière, éd. - (p. 14)] (p. 13-14)
Jean Lemoine, Sylvain Royé : [Les Livres de Proses], comptes rendus [Les Blasés, de Marcel Rogniat - (p. 15) - probablement signé Jean Lemoine ; les deux tiers inférieurs du dernier feuillet ont été découpés et manquent dans notre exemplaire ; Notes généalogiques sur la famille de Robespierre, d’Émile Lesueur - (p. 15-16) ; Une ferme de l'Artois à la veille de la Révolution, d’Émile Lesueur - (p. 16) - signé Sylvain Royé] (p. 15-16)
Gaston Picard : Mer, poème (?) [le texte a été découpé et manque dans notre exemplaire] (p. 16)

samedi 30 novembre 2013

LE QUADRIGE N°5 - MARS 1913

N°5 (Mars 1913)
[Date de publication : Mars 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Henri Chomet : Paysage, poème en prose [daté "Février 1913"] (p. [1])
Sylvain Royé : Poème, poème (p. 2-3)
Lucien Claude-Lafontaine : Profils : Lucien Capet (p. 3-4) ; Fritz Kreisler (p. 4) ; Raoul Pugno (p. 4-5) ; Camille Chevillard (p. 5-6), portraits en prose (p. 3-6)
Charles Carrau : Nouvellement, poème (p. 6-7)
Paul-René Dinard : L'Immortel, sonnet (p. 7)
Jean Lemoine, Sylvain Royé : Les Livres de Prose, comptes rendus [Traits galants et aventures du sieur Pierre Defleurville, par Pierre Custot (Eugène Fasquelle, éditeur, 3 fr. 50) - signé Jean Lemoine (p. 8-9) ; L'Homme aux deux Âmes, par M. Joseph Périer (E. Basset, édit.) - (p. 10) ; Méandres, par Marcel Rieu (édition de Pan) - signé Sylvain Royé (p. 10-11)] (p. 8-11)
Jean Brocard : Accalmie, poème (p. 11-12)
Pierre Lestringuez : Nuit blanche, poème (p. 12)
Sylvain Royé : Les Jeunes Revues, comptes rendus [L'heure qui Sonne consacre un numéro au poète Paul-Napoléon Roinard qu'acclament quarante-deux écrivains. Des vers aimables, des proses éloquentes et jusqu'à un dialogue de M. Sébastien Voirol. / ... Et puis un si curieux poème de M. Guillaume Apollinaire. ; Dans la Clarté, Marc Elder publie la première lettre à l'ami perdu qui, par la délicatesse des pensées et la maîtrise du style, me donne fort le désir de savourer les autres. ; L'Olivier, nous parle de Parsifal ; mais, ô joie ! il ne contient pas exclusivement des opinions plus ou moins vagues d'hommes compétents... ; Les cahiers du Centre éditent une suite d'études physionomiques de M. Pierre Debeyre : "Les Vieux"... ; Les deux sonnets de M. Henry Muchart Dans le Pays d'Oc ont une précision et une harmonie tout à fait savoureuses... ; Les Horizons dont la parution fut retardée par un deuil douloureux qui frappa M. Marcel Millet donnent de ce délicat poète des vers d'une aisance rythmique charmante et une prose de M. Paul Myrriam. ; Les trois derniers numéros de la Renaissance contemporaine contenaient trois beaux poèmes de Mme Jeanne Perdriel-Vaissière, M. Émile Cottinet et M. Philéas Lebesgue. ; La Fraternité, organe de défense immatérialiste, a tort, il me semble, de nous offrir des fragments des Contemplations. Il est vrai que les nouveaux poèmes qu'il découvre ne sont pas toujours heureux... ; J'ai le regret de prévenir les directeurs de Masques et Visages que je ne parle que des revues que je reçois.] (p. 13-14)
Jean Le Roy : La Cathédrale engloutie / d'après un prélude de Claude Debussy, poème en vers libres [A Mademoiselle Violette de Rougemont - daté "1912"] (p. 14-15)
René Simple : Musique, poème (p. 16)

samedi 16 novembre 2013

JEAN LEMOINE & ROLAND MANUEL : POUR ET CONTRE LES JEUNES REVUES

[Il n'est pas fréquent qu'une petite revue - a fortiori lorsqu'elle se réclame de la jeunesse - ouvre, en son sein, un débat sur la pertinence de son existence. Il est moins fréquent encore que la rédaction ne tranche pas en faveur de celui qui la défendra le mieux. C'est donc tout à l'honneur du Quadrige d'avoir, dans sa première livraison, lancé ce débat, qui ne sera toutefois guère poursuivi. Les contradicteurs sont Jean Lemoine et Roland Manuel, deux hommes de l'entourage de Gaston Picard, qu'on retrouve aux sommaires des revues dirigées par ce dernier, l’Œil de Veau et l'Heure qui sonne. Picard était, bien entendu, l'un des quatre chevaux tirant le Quadrige. De Jean Lemoine, nous ne savons presque rien, sinon qu'on le rencontre, çà et là, dans quelques autres petites publications périodiques de l'époque, plutôt occupé de critique d'art. De Roland Manuel (1891-1966), nous en savons davantage, puisque, élève de Vincent d'Indy puis de Maurice Ravel, ami d'Erik Satie, il deviendra lui-même compositeur. Le mieux est donc encore de leur donner la parole, parole d'autant plus rare que la BnF semble ne pas conserver de collection ni même de numéros du Quadrige.]
"Pour et contre les Jeunes Revues"
I. - Pour les Jeunes Revues
Les écrivains, au temps jadis, ne prenaient la plume que tardivement, mais leur talent perdait en enthousiasme ce qu'il gagnait en expérience... et puis ils avaient le temps ! Aujourd'hui nous sommes pressés. En nous naît à peine le goût des belles-lettres qu'il faut être écrivain ; la spécialisation est là qui nous guette, la littérature est un temps perdu si ce n'est pas une vocation. Il faut donc chercher à se faire connaître et voilà une revue fondée. C'est ainsi qu'à l'âge où nos aïeux brûlaient des essais maladroits nous livrons les nôtres à la publicité. On accuse les jeunes revues de médiocrité, c'est l'époque qu'il faut seulement incriminer.
Cette publicité est restreinte d'ailleurs - c'est une erreur commune à tous les auteurs de croire qu'ils révolutionneront l'univers, les jeunes n'y échappent pas - cependant la jeune revue a sa fin en soi. Tout le monde sait qu'elle est lue entre intimes, parfois même entre rédacteurs. Sa publicité est nulle, son administration peu importante, sa vie la plupart du temps éphémère. La jeune revue est ignorée de ses grands confrères, avec lesquels elle n'a même pas de commun, la plupart du temps, l'époque régulière de sa parution. Qu'est-elle en somme ? Pour les uns le jeu d'un âge où l'on joue sérieusement, pour les autres, une école.
A l'âge où les tendances se précisent, alors que la division du travail impose un but précis à notre activité, il est certaines aspirations insatisfaites d'infini, de beauté, d'espoir qui cherche à s'épancher, ce n'est pas le moins noble rôle de la jeune revue de capter ces déchets d'une époque trop exclusivement pratique. De ces aspirations mal définies, elle se fait une parure qui la garde de l'uniformité banale de ses sœurs aînées. La jeune revue est rehaussée de sincérité, elle est toute parfumée de ferveur naïve, elle a la tendresse des jeunes audaces, elle a l'éclat des rires innocents, elle a la spontanéité des pleurs printaniers. Aussi jeter sans lire une jeune revue, c'est vraiment négliger de connaître des cœurs !
Les jeunes revues ne sont pas seulement des divertissements à l'usage d'une élite, elles sont aussi les meilleures écoles de l'écrivain. L'impression donne à l'auteur une toute autre idée de son œuvre. Il n'y a pas de meilleure formation, c'est une épreuve dans laquelle le seul écrivain-né triomphe du premier coup. Le style des jeunes revues s'en ressent, mais c'est tant mieux et ne prouve qu'une chose : c'est que les vrais talents sont rares. Quant aux idées, la jeunesse est violente, elle rêve de chambardements, de réaction. Il ne faut pas en vouloir aux jeunes gens d'avoir une opinion sans la motiver parfois, n'est-ce pas déjà bien beau qu'ils en aient une ? et puis, c'est l'âge du lyrisme ! Ils sont durs, mais, vous le savez bien, ils sont généreux.
Ah ! les jeunes revues ! Ne jugeons pas sévèrement leurs résultats, leur vie ou leur mort, cela importe peu. Aimons-les, bonnes ou mauvaises, belles ou laides, grandes ou petites, elles contiennent vraiment le meilleur de vous-mêmes : la jeunesse.
Et si elles sont nombreuses, tant mieux ! cela prouve que parmi nous persiste encore l'amour du beau, l'enthousiasme et les sentiments désintéressés !
Jean LEMOINE.
II. - Contre les Jeunes Revues
Il vous sera presque sûrement refusé de connaître les raisons de mon aversion pour les jeunes revues puisque vous n'ouvrirez pas le Quadrige. En effet, on ne lit pas les jeunes revues et là peut-être le seul argument qu'on puisse faire valoir pour leur défense.
A l'âge où la solitude est si nécessaire à l'éclosion d'un talent, ces petites publications facilitent la réalisation hâtive de rêves qui gagneraient à se développer à l'écart - telles ces pommes qui, tôt cueillies, mûrissent en l'ombre du fruitier. Désignerai-je plus clairement ce littérateur, poète, romancier, esthéticien, qui, célèbre à seize ans, roule aujourd'hui sous un chef encore jeune, des pensers de nonagénaire affaibli ? Je pense que sa mort nous indiffèrerait alors que nous demeurerions inconsolables de la perte d'un Rodin. Cet homme est une des plus lamentables victimes des jeunes revues, il y en a d'autres : ils vous entourent.
Il faut décidément considérer comme néfaste à l'art de France cette tendance toute contemporaine à l'encouragement des jeunes, je la tiens pour plus dangereuse encore que cette odieuse tyrannie des vieillards qui ne sut arrêter l'envol glorieux du génie d'un Maurice Rovel [sic pour Maurice Ravel].
J'ajouterai que l'atmosphère des petits cénacles est pernicieux au plus haut point : les basses et contagieuses passions de l'homme de lettres, l'envie, la vanité, la cupidité, la soif du succès, déplaisantes chez les hommes mûrs, sont insupportables chez les jeunes gens, parce qu'elles sont d'un cynisme, d'une inélégance toujours sans excuses.
La plupart d'entre nous perdent leur jeunesse en réalisations mal venues, alors qu'ils devraient s'essayer à trouver leur voie dans le silence de l'étude ; les jeunes revues, si accueillantes, trop accueillantes, annihilent cet admirable instinct de lutte et font rayonner autour de fausses gloires et de faux génies ces petites adulations ridicules faites pour désagréger le plus sûr talent, la plus forte sensibilité. Ne pensez-vous pas que tous ces jeunes gens feraient mieux d'employer les subsides qu'ils consacrent à telle petite revue qui les reçoit dans son "comité de rédaction", à l'achat de quelques livres, les œuvres de l'admirable Paul Claudel, par exemple, voire même une Petite grammaire française à l'usage des commençants ?
Roland MANUEL.

LE QUADRIGE N°1 - NOVEMBRE 1912

[Titre : LE QUADRIGE - Sous-titre : Revue Mensuelle de Littérature et d'Art - Dates de publication : novembre 1912 (n°1) à 1914 (n°15) - Périodicité : Mensuelle - Lieux de publication : Paris - Format : 240 x 160 mm - Couverture : imprimée en noir sur papier de couleur - Pagination :  16 pages - Prix et abonnements : Le Numéro = 50 centimes ; Abonnement = 5 francs - Directeurs : Sylvain Royé et Lucien-Claude Lafontaine - Collaborateurs [liste non exhaustive] : André Arnyvelde, Pierre Arrou, Georges Bannerot, Serge Bernstamm, André Biguet, Jean Brocard, Charles Carrau, Henri Chomet, Paul-René Dinard, Jean Dorsennus [pseud. de Jean Dorsenne], Jacques Ferrier, Gustave Fivé, Henri E. Gounelle, Lucien-Claude Lafontaine, Francis Latouche, Abel Léger, René Lehmann, Yvonne Lemaître, Jean Lemoine, Jean-Gabriel Lemoine, Jean Le Roy, Pierre Lestringuez, Roland Manuel, Georges Martin, Marcel Millet, Marcel-Edmond Naegelen, Marcel Ormoy, Gaston Picard, Pierre Plessis, Pierre Rimori, Sylvain Royé, Henriette Sauret, René Simple, André Thérive, Raoul Toscan, Léon Vérane - Adresse : 24, rue Le Peletier (Paris) - Gérant : Sylvain Royé - Éditeur : Georges Rougeolle, éditeur (64, rue Picot, Toulon)]

N°1 (Novembre 1912)
[Date de publication : Novembre 1912 - Couverture : Imprimée en noir sur papier teinté gris-bleu (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : muette - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages (le numéro n'est pas paginé)]
Sommaire
André Arnyvelde : Le Quadrige (p. [1]-[2])
Henriette Sauret : Poème, poème (p. [2]-[3])
Jean Lemoine, Roland Manuel : Pour et contre les Jeunes Revues : I. Pour les Jeunes Revues [signé Jean Lemoine (p. [3]-[4])] ; II. Contre les Jeunes Revues [signé Roland Manuel (p. [4]-[5])], essais (p. [3]-[5])
Lucien-Claude Lafontaine : L'exposition des jardins publics à Venise, compte rendu [daté "Venise, Octobre 1912"] (p. [6]-[8])
Abel Léger : L'Esclave heureux [daté "Déc. 11"] (p. [8]) ; A un Ami (p. [9]), sonnets (p. [8]-[9])
Gaston Picard : Mon petit carnet rose, notes [Fantasio demandait un Prince des Raseurs. Je désigne M. Émile Faguet. Encore que celui-ci soit déjà Prince de la Critique. Mais il saura porter deux couronnes. Et vraiment il est bien le plus raseur des raseurs. Lisez ses articles. Vous baillez. Je m'étonne que les pharmaciens ne tiennent pas en bouteille l'article Faguet. Quel excellent soporifique !... M. Émile Faguet a une très large conception de la critique. Telle fois, il critiquera l’œuvre de M. Francis Jammes ; telle autre fois les chapeaux des dames de théâtre. Aussi bien, est-ce une vérité qu'un critique, n'amuse jamais beaucoup. Et par cela même qu'il est le Prince de la Critique, M. Émile Faguet est déjà le Prince des Raseurs. ; J'écoutais les propos de mes voisins de fauteuils, dans un Kursaal. Une mauvaise troupe tentait de représenter avec collaboration autorisée du souffleur, la jolie pièce de MM. André Rivoire et Lucien Besnard, Mon ami Teddy. - De qui est cette machine-là ? demande mon premier voisin, d'Alfred de Musset, hein ? - Tu es fou ! répliqua l'autre, c'est de Robert de Flers et de G. A. de Caillavet. / Un ignorant et un imbécile. Je préfère l'ignorant. ; Il faut admirer la beauté de la justice française, qui peut arrêter au petit bonheur, un jeune garçon le plus honnête du monde, comme M. Henri Guittard, lors de l'affaire criminelle des Aubrais, et lui donne sa liberté, après enquête, sans la moindre réparation, ou morale, ou matérielle... ; M. Gustave Lanson a loué l’œuvre de M. Nicolas Beauduin, ce grand lyrique, dans Le Matin. Allons ! tout n'est pas perdu dans la République des Lettres. La Presse donne la main à la Muse. Voilà un geste qu'on n'espérait plus. / Je connais M. René Fauchois, qui est un homme charmant. Mais je l'ai vu sans sa moustache, et avec sa moustache. Et j'ai toujours gardé cette conviction qu'il existait deux René Fauchois. Cela m'épouvante un peu. ; L'Action Française publie "un roman traduit de l'anglais". Tout ce qui est national est nôtre, n'est-ce pas ? ; On nous promet de grandes fêtes, cette année, dans la République des Lettres déjà nommée. Oui, à l'occasion de la conversion de M. Maurice Barrès... ; Pourquoi est-il convenu qu'on doive dire du mal des Annales politiques et littéraires ? Toute l'Académie y collabore. Louons la diplomatie de M. Adolphe Brisson qui sait amuser le public avec cinq sous de littérature académique, tous les dimanches. ; M. Paul Adam s'était présenté aux suffrages de l'Académie. Il croyait que le fait d'avoir écrit une œuvre considérable lui donnait ce droit. Il se trompait. L'Académie a un ex-capitaine de cuirassiers dans ses fauteuils. Elle a voulu davantage. Le général Lyautey, que les nécessités d'une petite guerre rendent célèbre, s'était présenté contre M. Adam...] (p. [9]-[11])
Serge Bernstamm : Le père de la Littérature russe moderne : Lomonossof, essai (p. [11]-[13])
Sylvain Royé : Quelques Poètes, comptes rendus [Le Beau Pays. - Pierre Lestringuez (E. Figuière, éd.) - (p. [13]-[14]) ; Le Jour et l'Ombre. - Marcel Ormoy (Basset, éd.) - (p. [14]) ; En Moi. - Jean Miremonde (hors commerce) - (p. [14]-[15]) ; La Danse de Sophocle. - Jean Cocteau (Mercure de France) - (p. [15]) ; Nous avons appris avec peine la mort de Henry Bouvelet, le délicat poète de l'Appel au Soleil et du Royaume de la Terre. / Nous nous associons en toute sincérité au deuil douloureux qui frappe la famille de ce jeune homme en qui s'éveillaient les plus magnifiques et plus certains espoirs.], poème (p. [13]-[15])
Sylvain Royé : Paramé, sonnet [A M. Louis Tiercelin - daté "29 juillet 1911"] (p. [16])
Document
"Le Quadrige"
Les quatre chevaux blancs de l'âme paissaient, bondissants, sereins, libres, quand on est venu les prendre dans le pré ; on les a harnachés, on les a réunis, on les a attelés, et d'eux-mêmes, voyez ! ils partent, ils s'élancent, les narines béantes, à la fois stupéfaites et voluptueuses d'un espace nouveau. Tiens-les bon, conducteur du "Quadrige" ! Mène-les avec certitude et sagesse. Mais que ta vigilance ne soit que de laisser leur course épique. Ne regarde pas s'ils écrasent dans leur galop, quelques animaux domestiques, porcs, poules, oies, voire quelques piétons aveugles.
Belle route, Quadrige ! Ho ! revue neuve, groupe de jeunes âmes, de regards frais, de mains blanches et qu'aucune soumission encore ne fit trembler au bord de l'encrier, bonne route, brillant voyage ! Voici sous un même titre vos talents réunis, Lucien-Claude Lafontaine, Sylvain Royé, Gaston Picard, Henriette Sauret, et voici votre char prêt à recevoir tous vos frères inconnus, tous ceux qui vont venir et qui seront vos frères, dès qu'ils apparaîtront avec une âme émue qui saura s'exprimer...
Mes amis, mes amis, c'est une chose très simple : vous m'avez fait l'honneur de m'inviter à présenter votre Quadrige. Et comme je vous demandais : Quels sont vos chemins ? Vous m'avez répondu ceci, que je transcris :
Le programme du Quadrige ? Nous croyons qu'il n'en a pas... Tout simplement parce qu'un programme, c'est fait pour ne pas être suivi. Nous ne voulons pas tomber dans le tort de certaines jeunes revues érigées en écoles, et ne connaissant que leurs principes, lesquels ne sont suivis ordinairement d'aucun effet.
Nous voulons vivre, chanter nos enthousiasmes et nos faiblesses, nos joies et nos larmes ; et aussi chercher, dévoiler ce qu'il y a de beau, ce qu'il y a de vrai, ce qu'il y a de sincère dans les efforts des autres.
Nous publierons des poèmes, des articles de tous ceux qui voudront être vrais, être jeunes.
Car, dites-le surtout, nous voulons être jeunes, être vrais, pour que même si nous pleurons il y ait de l'espoir dans nos larmes.
Beau galop, donc, bonne route ! Hennissent vos chevaux à toutes les aurores ! Que claquent leurs garots sur toutes les vilenies. Les seules vilenies, ici, sont les mensonges. L'âme la plus complexe, et la plus noire aussi, et qui souffre de soi, et qui tâche à se dire, nous intéresse plus que toutes prosodies qui soient des gymnastiques, des mots, des mots, des mots, où le cœur n'a point part. Soyez gardés des mots dont aucune ferveur n'aura tenu les rênes.
ANDRÉ ARNYVELDE.

mercredi 15 mai 2013

LE QUADRIGE N°6 et 7 - AVRIL-MAI 1913

N°6-7 (Avril-mai 1913)
[Date de publication : Avril-mai 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier gris-vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Yvonne Lemaistre : Silhouette nostalgique, prose (p. [1]-2)
Henriette Sauret : A mes amis, poème (p. 3-4)
Abel Léger : Le gouffre bleu [Pour Sylvain Royé], sonnet (p. 4-5)
Sylvain Royé : Pour une esthétique vitale (p. 5-8)
André Thérive : Poème, poème (p. 9)
Georges Bannerot : Ma Sœur..., poème [extrait de Les Moissons mûres] (p. 8-9)
Gaston Picard : Mon petit Carnet rose (p. 10-12)
André Biguet : Les barques [Pour Sylvain Royé], poème (p. 12)
Léon Vérane : Le Jardin vide, poème (p. 13)
Sylvain Royé : Les livres de poèmes [Deux plaquettes : Dans le jardin des lys et des verveines rouges, par M. Léon Vérane (éd. des Facettes) ; Au rythme du silence, par M. A. Yves Le Moyne (E. Figuière, éd.) ; Trois livres : L'impossible idéal, par Mlle Suzanne Teissier (éd. du Temps présent) ; Les Inquiétudes, par M. Fernand Hubert (Grasset, éd.) ; Les poèmes du Clocher, par M. Raoul Toscan (des Cahiers du Centre) - Notes. - A partir du prochain numéro, la "Revue des Revues" sera confiée à Mme Henriette Sauret. ; Le Jardin Fleuri consacrera son numéro de mai aux poètes des fleurs.] (p. 13-15)
Marcel-Edmond Naegelen : Soir intime, poème (p. 15-16)
Document
"Mon petit carnet rose"
Le matin. Tombe une petite pluie. A la petite pluie, succède une neige compacte. Du vent remue la cheminée. Aux mains s'agglutine le froid.
Il a le nez dans son mouchoir. Elle a - sous les pieds menus que tout-à-l'heure, il baisait - des engelures.
Couple d'amants traditionnel.
Ils prennent un tramway lent. Sous la tempête, au plein milieu de la campagne désolée, ils descendent. La boue entrave leurs pas. Ils se serrent, dans un frisson.
Une heure, une heure et quart, consciencieusement, ils promènent leur résignation. De leurs lèvres, des paroles tombent, quelconques. Sans motif ils se querellent.
C'est le premier jour du printemps.
*
Le roi de Grèce est mort assassiné. Le roi d'Espagne manque mourir pareillement.
- Heureux comme un roi - décrète la sagesse des nations. Est-ce parce qu'il est empereur, que pas un anarchiste de bonne volonté ne se décide à foutre par terre Guillaume II, ce grand serin qui n'a pas paru une fois sur un champ de bataille, qui menace - semble-t-il - le ciel de ses moustaches en crocs - qui toujours veut faire plus lourde son armée, et qui, par délicatesse, porte sur son casque une tête de mort ?
Allons ! on cherche un Callemin qui puisse servir à quelque chose !
Quels sont les dix meilleurs romans français ? - demande un quotidien - Gil Blas - à ces personnalités littéraires que toujours on interroge, quelqu'enquête qu'on mène, en connaissance de leur bonne volonté à fournir de la copie gratuite. Et les personnalités de désigner Manon Lescaut, la Princesse de Clèves, le Rouge et le Noir, etc., enfin les oeuvres qu'elles ne pouvaient dire qu'elles n'admirent pas - ou, plus simplement, qu'elles n'ont pas lu. Mais pas une ne désigna le roman ou les romans d'écrivains vivants. Il faut retenir cette méchante habitude où l'on est d'accorder du génie - ce qui est bien - ou du talent - ce qui est mieux - aux morts. Et aux morts qui ne datent pas d'hier. Car on eut pu nommer Bubu de Montparnasse, et Penses-tu réussir. Les morts qui ont écrit cela sont assez dans notre souvenir pour les compter parmi les vivants. Mais eux, les vivants ? Qui donc parla de Care d'Ellebense (sic : il faut comprendre Clara d'Ellebeuse), et de Un Cœur virginal, et de Colette Baudoche, et de la Porte étroite, et de Femina Marquez, et de la jeune Fille bien élevée ? Messieurs "les personnalités" ne reniez donc pas vos proches !
*
M. Olliver (sic) Hourcade nous quittera bientôt. Il ira au séminaire. Je l'ai connu naguère sans foi. Comme je le voyais, après longtemps, il me dit : Il y a du nouveau en moi. - Et quoi donc ? - Je crois.
Peu après, il ne paraissait plus qu'avec une robe monacale. Jammes, Claudel, l'avaient amené à Dieu. Il lisait chaque jour une prière écrite par Claudel et tirée à un petit nombre d'exemplaires dont les bibliophiles feraient leur bonheur.
D'abord je ne croyais pas qu'il croyait. Mais si, il ira au séminaire. Puis il sera vicaire. Pourrons-nous nous confesser à lui ? - Mon père, pardonnez-moi, j'ai trop aimé la littérature...
Saint Olivier-Hourcade, priez pour nous...
Gaston PICARD.

jeudi 9 mai 2013

LE QUADRIGE N°4 - FÉVRIER 1913


N°4 (Février 1913)
[Date de publication : Février 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier rouge (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Henriette Sauret : Sylvain Royé (p. [1]-4)
Georges Bannerot : Apaisement, poème (p. 4-5)
LE POUR ET LE CONTRE
Sylvain Royé : Pour Aladin, prince frivole (p. 6-7)
Lucien-Claude Lafontaine : Contre Aladin, prince frivole (p. 7-8)

Gaston Picard : Francis Latouche [en épigraphe, citation de quatre vers extraits de Les Sonnets Païens : "J'ai bâti ce tombeau pour t'apprendre, ô passant ! / Que Charis était blond, plus que n'est l'or des gerbes, / Et qu'il aimait danser au claquement acerbe / Des crotales de bronze ou d'airain frémissant."] (p. 8-9)

Francis Latouche : Le bel après-midi, poème (p. 10)

René Lehmann : Oscar Polette, récit [daté "22 Décembre 1912"] (p. 10-12)
Lucien-Claude Lafontaine : Intimité, poème en prose [Daté "28 janvier 1913"] (p. 13)

Serge Bernstamm : Le Père du Romantisme Russe : Joukowski (p. 14-15)

André Biguet : Schéhérazade, sonnet [A Marcel Ormoy] (p. 15)
Henri-E. Gounelle : In Aeternum, poème [Pour Lucien Penteux] (p. 16)

LE QUADRIGE N°3 - JANVIER 1913

N°3 (Janvier 1913)
[Date de publication : Janvier 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Sylvain Royé : L'aimable accueil, prose [daté "Décembre 1912"] (p. [1]-2)
Abel Léger : Le vertige d'aimer, sonnet (p. 2-3)
Georges Martin : Images d’Épinal : Molière et Sacha Guitry (p. 3-5)
LE POUR ET LE CONTRE
André Biguet : Pour la Sincérité (p. 5-6)
Marcel Ormoy : Contre la Sincérité (p. 7-8)

Marcel Millet : Les Collines, poème en vers libres [A Gabriel Reuillard - Extrait de "La Route vers la Mer" poème à paraître. Ed. des Horizons"] (p. 8-9)

Pierre Arrou : L'Hiver, sonnet [daté "3 octobre 1912"] (p. 10)

Lucien-Claude Lafontaine : Erik Satie (p. 10-12)
Sylvain Royé : Les jeunes Revues [Avec décembre, voici le flot ininterrompu des revues dites jeunes. Ce sont les naissantes qui hésitent encore dans le désordre d'une rédaction aux noms inconnus. Ce sont les anciennes "nouvelle série" qui sommeillèrent trois ou quatre mois, ce sont les sérieuses qui n'eurent nul besoin d'aller reprendre des forces à la mer ou à la campagne, et qui continuent sagement leur parution périodique. Sous leurs couvertures bleues, vertes, rouges, grises, elles nous arrivent et le bruit de leurs feuilles au gré de nos doigts est comme une chanson d'espoir. Hélas ! Souvent lorsque le signet a glissé entre les pages, nous nous apercevons de notre leurre. Trop de jeunes revues n'ont rien de juvénile, ni l'ardeur, ni la foi, ni la sincérité, ni la colère. Elles méconnaissent la lumière et l'originalité. / Cependant parmi les plus consciencieuses voici les Marches de Provence. Après s'être consacrée excessivement à des "numéros spéciaux" cette abondante revue nous livre des petits poèmes de Marcel Prouille et de Charles Carrau qui rivalisent de fluidité et de charme, et des chroniques de J. Aurélien Coulanges et de Jean-Marc Bernard. ; Dans Ombres et Formes, les premières réponses à l'enquête sur Romain Rolland précèdent un poème ardent de Mme Henriette Sauret et de M. Maxime Revon une étude très complète de la pièce que M. Georges Duhamel fit représenter à l'Odéon. ; La Renaissance Contemporaine nous annonçant une nouvelle enquête je serais bien porté à crier "Grâce !" si la dite enquête n'était pas confiée à M. Jean Muller en qui j'honore un de nos plus avisés critiques littéraires. Pour nous faire oublier sans doute cette fâcheuse nouvelle, M. Georges Martin nous révèle spirituellement en le poète Lebrun Pindare un prédécesseur du Victor-Hugo des Orientales. Proche de cette amusante résurrection quelques pages de M. Martin Mamy traitent de M. Henry (sic) de Régnier, critique. ; La Clarté qui fait ses débuts sous la Direction de MM. Octave Béliard et Paul Desanges, donne un article sagement composé de M. P. Davriès sur les musiciens profanes de la Renaissance française et des vers harmonieux de M. Rémy Beaurieux. ; Les Horizons dont M. Marcel Millet est la lumière accueillante s'ouvrent sur une nouvelle émue de M. Henry Strentz et contiennent un poème de M. Georges Bannerot dont j'aime l'intimisme simple et largement rythmé. ; Mme Lucien Rolmer sait animer de son sourire La Flora, revue de l'art gracieux dont je confesse ne trouver la grâce que dans sa Lettre de la Parisienne. ; Je goûte dans Pan un modernisme, une légèreté aimable et caustique que je ne retrouve dans nulle autre revue. M. Pierre Lestringuez a écrit douloureusement la première heure du petit malade et M. Léon Vérane a ciselé un court poème avec la plus délicate exactitude. La consolation que M. Fernand Divoire offre au poète Abel Bonnard est un petit chef-d’œuvre d'ironie ; et Pan se renferme sur le toujours intéressant "Promenoir" de M. Cottinet. ; L'enveloppe rose du Penseur recèle comme d'ordinaire, un des meilleurs recueils mensuels. M. Lucien Ghiselle y parle avec autant d'esprit que de science des à côtés des amours d'Héloïse et d'Abélard. M. Jules de Marthold sort de sa bibliothèque pour notre joyeuse curiosité une plaquette datée 1849 "Napoléoncle". Dans ce même numéro : de beaux vers de M. Fernand Rivet. ; M. Julien Ochsé prouve une fois de plus dans l'Ile Sonnante qu'il a du talent et M. Tristan Derême qu'il sait habilement parler de la pipe à tout propos. On ne sait plus, à la vérité, si l'on doit se fâcher de voir ainsi la pipe dans tous les poèmes de MM. Tristan Derême, Francis Carco et Marcel Prouille ou si l'on doit féliciter cette fameuse pipe d'être chantée si gentiment. ; Parmi tant d'articles savants et sévères signés André Suarès, C. Van den Borren, Robert Chauvelot... S. I. M., revue luxueuse et influente s'éclaire du sourire narquois et sympathique de M. Erik Satie, dont la fantaisie ne connaît que les bornes de la plus parfaite éducation. Souhaitons à maints fantaisistes, une semblable mesure. ; Mais voici que sur ma table il ne reste qu'une mince revue gris-bleue. La présentation en est modeste, mais le sommaire compte parmi les plus choisis. L'Occident n'est pas une revue neuve. En vanter la tenue est un peu désuet. Cependant comment ne pas citer les vers de M. René Chalupt qui sautillent, trébuchent comme par hasard et reprennent leur équilibre sans vouloir s'en apercevoir ? Ces quatre poésies sont un délice de ton et de goût. Dans leur inexpérience feinte tient tout un art. ; Note. - A M. Jean Clary est confié le service de presse de la maison d'édition Figuière et Cie. M. Jean Clary reçoit le mercredi et le vendredi de 5 à 7 heures, 7, rue Corneille.] (p. 13-15)

Henriette Sauret : L'Appel à l'Héroïsme, poème (p. 15)

Gaston Picard : Mon petit carnet rose [daté "Décembre 1912"] (p. 16)
Document
"Mon petit carnet rose"
Les Goncourt pouvaient couronner un beau livre. M. Bernard Combette, dans Des Hommes, a donné des contes d'un pittoresque qui n'est pas habituel aux petites histoires d'amour imbéciles dont les quotidiens réjouissent leur public. Mais à M. Bernard Combette, les Goncourt préfèrent M. André Savignon, journaliste qui honore de sa prose, les gazettes d'Outre-Manche. Et M. Julien Benda ? Il y eut un cas Benda, celui-ci étant né juif. On crut un instant que "l'affaire" allait recommencer.
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*
Tout cela ne consolera pas tel jeune écrivain qui depuis longtemps "travaillait" tout spécialement pour le prix Goncourt. Il avait évoqué dans un style très artiste des scènes très osées... Mais aujourd'hui, les Goncourt n'aiment pas l'excentricité. Il leur faut des choses très douces... A-t-on assez vanté la fin de ce Monsieur des Lourdines, couronné voici un an ? Le violon rappelant une âme égarée au sentiment de la famille ! Cela nous ramenait aux pires sentimentalités de clair de lune. Et dans quel style !... Un style que l’Élève Gilles envierait.
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J'écris ces lignes un Jour de Noël... Ah ! les belles histoires de Noël..., la crèche, l'enfant Jésus, la neige, surtout la neige... Oui de la pluie et de la boue. Il est beau le jour de Noël ! Encore une chose qui f... le camp. C'est la faute des calendriers. Pourquoi annoncer une fête tel jour où sait que le ciel - par dédain, peut-être, de notre humble hommage - réserve ses plus gris sourires !
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La critique vient seulement de "découvrir" M. Paul Claudel, qui écrit depuis vingt ans. Allons, les "jeunes", ne désespérez pas tout arrive.
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Et le nécessaire, n'est-ce pas ? c'est d'arriver.
Gaston PICARD.
Décembre 1912

mercredi 8 mai 2013

LE QUADRIGE N°2 - DÉCEMBRE 1912


N°2 (Décembre 1912)
[Date de publication : Décembre 1912 - Couverture : Imprimée en noir sur papier vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Lucien-Claude Lafontaine : Romain Rolland (p. [1]-5)
René Dinard : Sa grandeur, sonnet (p. 6)
Marcel Ormoy : Province, poèmes [numérotés I et II] (p. 6-7)

Yvonne Lemaistre : Une nuit à Fiesole [daté "Florence, novembre 1912"] (p. 7-8)
Sylvain Royé, Jean Lemoine : Les livres de prose [Les paraboles cyniques. - Han Ryner, (E. Figuière éd.) signé Sylvain Royé (p. 8-9) ; Les Taciturnes - Robert Scheffer, (Fig. éd.) signé Jean Lemoine (p. 9-11)] (p. 8-11)

Henriette Sauret : Proses : I. La petite fille au jardin (p. 11) ; II. En montagne (p. 12), poèmes en prose (p. 11-12)

Gaston Picard : Mon petit carnet rose [daté "Nov. 1912"] (p. 12-14)

Sylvain Royé : L'angoisse du soir [Pour Roland Manuel - daté "Août 1912"], poème (p. 14-16)
Document
"Mon petit carnet rose"
La République des Lettres a un nouveau Prince : M. Louis de Gonzague-Erick (sic), Prince de la Dédicace.
Ce délicat poète possède les livres les plus curieusement dédicacés. Même, il lui arrive de dicter à ses amis les dédicaces qu'ils écrivent pour d'autres amis, sur leurs livres. M. Louis de Gonzague-Erick (sic) devrait, je ne dis pas fonder, mais ouvrir une École de Dédicace. Ce serait la mort du si détestable "hommage de l'auteur". Et le bon goût y gagnerait.
*
A MM. de Flers et de Caillavet, l'Académie française a donné un prix de quatre mille francs. Les heureux auteurs ont écrit depuis, une satire très vive de l'Académie française. Bravo !... Mais ils ont gardé les quatre mille francs.
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On peut lire aujourd'hui pour un sou, un roman complet. Est-ce bien le dernier mot de l'édition ? Un temps viendra où les maisons de mode, les épiceries et cirques, donneront à leur clientèle en prime gracieuse, les œuvres complètes de tel écrivain connu. M. Georges Ohnet, voire M. Henri Bordeaux, ne se prêteraient-ils pas avec joie à cette combinaison ?
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Ne trouveriez-vous pas étrange que des officiers se permettent de dire beaucoup de mal de la guerre, quand ils vivent d'un métier qui a pour raison d'être précisément la guerre ? Il y a cependant deux officiers comme cela, deux officiers de marine, par ailleurs écrivains, dont l'un de beaucoup de talent, MM. Pierre Loti et Claude Farrère. Comme les États Balkaniques triomphaient splendidement d'une race pourrie, ils s'écrièrent : Ah la guerre est une infâme chose. - Et comme on rapportait les cruautés sadiques commises par leurs amis d'Orient sur de pauvres paysans d'Arménie, ils proclamèrent : Les Turcs sont les plus généreux des hommes !
*
C'est une petite fille, une très petite fille. Elle tient de son père, l'esprit ; de sa mère, la grâce. Elle aime les vers de Hugo, et elle joue aux dames. Son sourire est une fleur douce, et ses yeux des miroirs candides. Il faudrait les adjectifs les plus aimables, Jeanne-Paul Fort pour faire votre portrait. J'y renonce.
Gaston PICARD.
Nov. 1912.
NOTE. - Nous sommes heureux de recommander aux lecteurs du Quadrige, le Théâtre d'Art Libre qui représente les meilleures pièces inédites des jeunes auteurs, deux fois le mois, en la Salle de l'Athénée Saint-Germain.
M. René de Campéos, directeur du Théâtre d'Art Libre, 34 Rue du Laos, lit tous les manuscrits envoyés à cette adresse. Notre collaborateur et ami, M. Gaston Picard, est le secrétaire général du Théâtre d'Art Libre.