lundi 21 mars 2011

LES GUÊPES N°16 - JUILLET 1910

LES GUÊPES
2e Année - N°16 (Juillet 1910)
[Date de publication : Juillet 1910 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Année, Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Paris : La Nouvelle Librairie Nationale, 85, rue de Rennes (VIe) - M. Blanchard, 4, boulevard St-André (VIe) - M. Bénard, 11, Galerie de l'Odéon (VIe) / A Valence : Librairie Monchaud, rue Émile-Augier / M. de Vallée, place Victor Hugo / A Reims : M. Michaud, rue du Cadran-Saint-Pierre / On trouve également la Revue dans les principales bibliothèques des gares de Paris et de la Province), Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mardi, de 4 à 6 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière"   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Champagne "Aux Trois Fleurs de Lys" Brière et de Labaume, Reims / La Plume Politique et Littéraire / L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Biscuits Peyturaud / Revue Critique des Idées et des Livres / Revue Catholique et Royaliste / L'Âme Latine / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Service des Revues (liste) - Pagination : 24 pages]

Sommaire
Jean-Marc Bernard : Renouveau  [A M. Francis Vielé-Griffin] (p.169-172)
Maurice de Noisay : Lettre intime à un Dreyfusard (p. 173-179)

J.-Ch.-E. Rey : A propos de "Bigre", épigramme (p. 179)

Eugène Marsan : P. P. C. (p. 180)
Henri Clouard : Carnet de poche, journal [1er juillet. - Liabeuf exécuté. Comment dire que c'est justice ?... ; 27 juin. - Le juif portugais qui signe tour à tour Suarès et Yves Scantrel de grimaçantes singeries de Pascal, élucubre pour la seconde fois contre nos thèses... ; 20 juin. - M. Louis Pergaud, quand il raisonne, ne mérite pas qu'on l'écoute. Il ne nous aime pas... ; 15 juin. - Les Flèches ne m'arrivent plus depuis deux mois. J'"admirais" pourtant le ton de certitude professorale de cette petite gazette qui vous rendrait Voltairien, ma foi !... ; Juin. - Je viens de relire attentivement la lettre de Fagus sur le classicisme, publiée dans notre numéro d'avril. Elle me donne la démangeaison d'écrire publiquement à M. Adrien Mithouard. Pourquoi faut-il que le temps me manque ?... ; 5 juin. - M. Georges Batault vient de se fatiguer, dans une brochure élégante et savante pourtant, à prouver l'impuissance de l'idée de tradition... ; Juin. - Maître ès-biographies, tel se nommera désormais M. Albert de Bersaucourt. Ayant lu celles qu'il a écrites de Verhaeren, de Le Cardonnel, de Bazin, je les préfèrerais plus critiques... ; 1er juin. - Bien qu'il convienne tout naturellement de parler de vieille femme à propos de M. Louis Mandin, c'est d'une jeune que je rapportais les propos dans un récent numéro des Guêpes. M. Mandin revient sur ce sujet, mais la jeune personne est, sous sa plume, devenue jolie...] (p. 181-185)
Fagus : Suffrage universel, poème (p. 186)
François Rabelais, medicin : L'Isle Sonnante (p. 187)

E[ugène]. M[arsan]. : Moréas et le Talisman (p. 188-189)

J.-Ch.-E. Rey : Pour Albin Valabrègue, épigramme (p. 189)

René Dumaine : Clowneries, trois épigrammes [A la mémoire de M. Henry Maugis] (p. 190)

*** : Notes [La Presse et Jean Moréas. - Dans notre dernier numéro, nous avions prié nos amis de bien vouloir nous signaler les articles consacrés au poète des "Stances", qui avaient échappé à notre attention. A ce sujet, nous avons reçu la lettre suivante [de Henry Bordeaux]... ; Dans notre prochain numéro, nous publierons une nouvelle lettre de Fagus sur le classicisme, que nous ferons suivre d'une seconde réponse de M. Maurice de Noisay, en attendant la publication du "Discours sur le Symbolisme" de M. Jean-Marc Bernard ; Une lettre de Gabriele. - Un livre récent nous donne des lettres de G. d'Annunzio à son père... ; Livres reçus. - (liste) ; Nous apprenons avec plaisir que M. Eugène Figuière vient de transporter ses bureaux et magasins au n°7 de la rue Corneille à l'Odéon, pour causes d'agrandissement. Nous félicitons très sincèrement M. Figuière, l'éditeur sympathique que tous les lettrés connaissent déjà par l'œuvre de la Maison des Artistes et des Littérateurs qu'il a fondée, et par le Monument National de Sully-Prud'homme, dont le Comité l'a choisi pour délégué, et nous savons que tous les écrivains - surtout les jeunes - trouvent auprès de lui l'accueil le plus cordial et le plus dévoué ; Ouvrages de nos collaborateurs (Jean-Marc Bernard : Quelques Essais (Nouvel. Librairie Nationale), Henri Clouard : La Cocarde de Barrès (Nouv. Librairie Nat.), Fagus : La Danse Macabre (à paraître), Eugène Marsan : Au Pays des Firmans (Nouv. Librairie Nat.), Raoul Monier : La Politique Nationale (Imprie Valentinoise), Maurice de Noisay : Lettre aux directeurs des journaux (Nouvelle Librairie Nationale), Armand Praviel : L'Empire du Soleil (Nouvel. Librairie Nation.), Tancrède de Visan : Le Guignol lyonnais (Bloud et Cie)).] (p. 191-[192])
Documents
"Suffrage universel"
Anonyme, acéphale, un million de gueules
Béant à même un milliard de tentacules,
Elle écrase, la flasque pieuvre, pompe, avale,
Placide et sourde, tout baiser, tout bond, toute aile ;

Gros sous à l'infini qui s'accumulent, roulent
Effigie même tous avec pareil module ;
Bétail nippé trottant sans voir le chef de file,
Ad-mi-nis-tra-tion, Suffrage universel ;

Roi Tout-le-Monde, ayant pour couronne royale
Un bandeau qui prunelle et cervelle obnubile,
Et pour scel un fugace chiffre matricule,
Assemblée de zéros en innombrable foule ;

Royaume où nul n'est roi, et tous tyrannicules,
Et tous serfs ! flétris de bistourne mutuelle,
Rayons hagards de roue au centre qui recule
Et sans savoir pourquoi tourne immense et stérile !
FAGUS.
"L'ISLE SONNANTE"
(Livre V, ch. 1 à 8, passim).
Continuans nostre route, aperceusmes terre, et nous fust dist par nostre pilot que c'estoit l'isle Sonnante et entendismes un bruit de cloches grosses, petites et médiocres, ensemble sonnantes, tel qu'on eut cru ouïr les chaudrons de Dodone. - "Je doubte, dist Dumaine, que là quelque compaignie de guespes ayent commencé prendre vol en l'air, pour lesquelles revocquer, le voisinage fait ce trimballement de poiles, chaudrons, bassins, cymbales, corybantiques de Cybele, mère grande des dieux. Descendons."

Là trouvasmes Mandin : c'estoit un petit bon homme vieux, chauve, à museau bien enluminé et face cramoisie, qui nous exposa les singularités de l'isle, affermant qu'elle avoit premierement esté habitée par des escoliers limousins ; puis par ordre de nature (comme toutes choses varient), ils estoient devenus oiseaux. Toute leur occupation est à gaudir, gazouiller et chanter ; mais ils ont les voix rauques et malplaisantes. Leur pennage nous mettoit en resverie, lequel aucuns avoient tout blanc, autres tout rouge, autres parti de bleu et noir. Les masles il nommoit Romantigaux, Symboligaux, Naturigaux et Pergaut, qui est unique en son espèce.

Puis demandasmes qui mouvoit ces oiseaux ainsi sans cesse chanter. Mandin nous respondit que c'estoient la lune nouvelle et les araignes.

- "Mais, demandoit Dumaine, ces beaux oiseaux icy une fois avolés retournent ils jamais plus au monde où il furent ponnus ?

- Quelques-uns, respondit il, bien tard et à regret, laissans leur pennage parmy ces orties et espines, revolent et lors deviennent notaires ou espiciers"...

Le tiers jour nous donna Mandin congé, nous souhaita bon voyage et venir à sauvement de nos personnes et fin de nos entreprises.

Delaissans l'isle Sonnante, Dumaine nous dit, monstrant les poetrigaux Pergaut et Mandin debout sur le rivage : "Amis, vous noterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d'hommes, et de vous souvienne".
FRANÇOIS RABELAIS, medicin.

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