samedi 30 avril 2016

L'ART SOCIAL N° 5 - MARS-AVRIL 1892

L'ART SOCIAL
N° [5] (Mars-Avril 1892)
[Date de publication : Mars-Avril 1892 - Couverture : Date, Titre (en rouge), Sous-Titre/Périodicité, Sommaire, Prix, Adresse - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Périodicité, Adresse, Abonnements, Mentions ("Pour tout ce qui concerne la Rédaction, s'adresser à M. Gabriel DE LA SALLE, 5, impasse de Béarn.") - 3e de couverture : Notes ("Petite Guerre" : Conclusion d'un article sur Zola paru dans l'Echo de Paris du 13 février et signé Henri Bauer... ; En vertu de ses statuts, le Théâtre d'art social existe depuis le 1er février, mais il n'est encore que dans la période d'incubation ; il ne pourra se dire théâtre qu'au lendemain de sa première représentation. / Fondé sous les auspices de l'Art social, le Théâtre d'art social veut être une tribune, c'est-à-dire qu'il veut, par la scène, apporter son contingent de forces dans la lutte entreprise contre la bourgeoisie et concourir, avec l'art comme moyen, à la transformation sociale... ; Nous sommes au temps de la statuomanie. Ne croyez-vous pas que M. Bertillon, "l'éminent anthropologue" de la Préfecture de police, mensurateur professionnel des Misérables ; que les frères Sarcey, critiques influents sur le cervelet des bourgeois qui ont le Temps ; que M. Q. de B. qui procure généralement sa hottée de délictueux de pensée chaque mois à la Cour des Miracles de JJustice ; que M. Lombroso, criminalisto-ineptico-archiste ; qu'enfin - pour respirer - M. de Rothschild, philantrhope, collectiviste trop intrépide, anarchiste plus qu'audacieux ; ne croyez-vous pas, disais-je, que ces messieurs ont droit au moins chacun à une statue ? - L'endroit de leur érection ? - Bah ! et la place de la Roquette, et la rue Chabanais, et les quais de la Bièvre ou du grand Collecteur de la Madeleine ? ; A signaler une nouvelle revue socialiste révolutionnaire, le Drapeau rouge (bureaux, 22, rue des Ecoles). La déclaration qui figure en tête du premier numéro indique nettement que le Drapeau rouge sera un organe de propagande et de combat et fait appel "à tous ceux qui veulent résolument marcher de l'avant et lutter de toutes leurs forces contre le régime capitaliste, pour l'affranchissement du prolétariat." / Cependant la partie littéraire n'est point négligée ; et à côté d'articles théoriques et de critique sociale, nous y avons remarqué une pièce de vers de Jean Richepin, d'une vigoureuse et superbe allure, Ballade de la faim.) - 4e de couverture : Lire (La Revue Socialiste, La Revue Européenne, La Révolte, La Plume, Les Abeilles, Ecrits pour l'Art, La Philosophie de l'Avenir, Paris-Jeune, L'En dehors) - Bas de Page [97] : Titre, Date - Bas de Page 120 : Gérant, Imprimeur - Pagination : 24 pages] 
Sommaire
Paul-Napoléon Roinard L'or, poème (p. [97]-99)
André Veidaux : L'Art individualiste, étude (p. [100]-101)
Léon Cladel : Dans la terre, sonnet [daté "1857"] (p. [102])
Charles Malato : Alerte !, étude (p. [103])
R. Urbain : Le 18 mars 1871, nouvelle (p. [104]-107)
Ludovic Hamilo Un effort moral, étude (p. [108]-110)
Stalonè : Smylla, poème (p. [111]-112)
Jules Maret-Leriche : Sociologie artistique, étude (p. [113]-115)
Etienne Eveline : Heures douloureuses, poème en prose (p. [116]-117)
THÉÂTRES ET LIVRES
Alexandre Bourson : Théâtres [Théâtre Libre : Blanchette, pièce en trois actes de M. Eugène Brieux - (p. [118]) ; L'Envers d'une Sainte, pièce en trois actes de M. François de Curel - (p. [118]-120) ; Spectacle du 7 mars : L'Etoile rouge, trois actes par Henri Fèvre ; Seul, deux actes par M. Guinon - (p. 120)], comptes rendus (p. [118]-120)
*** Les Livres [La Conversion d'André Savenay, par Georges Renard (Dentu, éditeur)], compte rendu (p. 120)
Document
"Alerte !"
Nous assistons en ce moment pour ceux qui veulent bien ouvrir les yeux, à un phénomène social de haute gravité :
Le réveil religieux.
En dépit de Diderot, je ne parle pas de Voltaire qui s'écriait, bourgeois hypocrite : "Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer !" en dépit de Lamarck, de Darwin et de Büchner, en dépit de la Terreur blanche, de la saignée de Juin préméditée par le jésuite de Falloux, en dépit des fusillades de Mai, où trônait de Mun, - mais le peuple se rappelle-t-il son histoire ? - le monstre clérical n'est pas mort.
Seulement, il s'est mis un masque socialiste sur le visage.
Et cette masse, encore crédule comme ses ancêtres les Gaulois, cette masse, en qui les siècles d'atavisme ont développé l'amour du merveilleux, cette masse qui a cru aux curés civiques de 1789 et aux curés républicains de 1848, tend déjà le bec aux boniments des farceurs en soutane, socialistes à la manque.
Vous allez voir ça, camarades, le coup se prépare de longueur : dans le courant de 1892, - quinze mois avant les élections législatives, - le mouvement boulangiste, exploitation du mécontentement populaire par un état-major réactionnaire, va avoir son pendant.
On verra, d'un côté, les républicains jouisseurs qui trouvent que le peuple est heureux quand eux-mêmes crèvent d'indigestion.
D'un autre côté, les concurrents aigris et tenaces de la banque juive, les ci-devant prêcheurs de résignation, transformés, pour rattraper leurs privilèges, en révolutionnaires, genre Cassagnac.
Entre la peste ultramontaine qui, par un travail latent, - prenez garde ! - contamine furieusement la classe ouvrière, et la syphilis bourgeoise, - oh ! les immortels principes de 89 ! - il y a des gens qui hésiteront.
Parmi les socialistes non embrigadés, y aura-t-il assez de clairvoyants et de résolus pour quitter les chapelles où l'on pontifie dans le vide et venir déployer le drapeau de la révolution dans cette plèbe prête à mourir pour Gobseck ou pour Loyola, dans cette plèbe qui, actuellement, hors de nous, sera, selon notre attitude, ou avec nous ou contre nous ?
Ch. Malato.
  • Source bibliographique : Nicolas Leroux, "Bibliographie des revues : L'Art Social (1891-1896), L’Œil bleun° 5, janvier 2008, p. 50-52.

mercredi 27 avril 2016

L'ART SOCIAL N° 4 - FÉVRIER 1892

L'ART SOCIAL
N° [4] (Février 1892)
[Date de publication : Février 1892 - Couverture : Date, Titre (en rouge), Sous-Titre/Périodicité, Sommaire, Prix, Adresse - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Périodicité, Adresse, Abonnements, Mentions ("Pour tout ce qui concerne la Rédaction, s'adresser à M. Gabriel DE LA SALLE, 5, impasse de Béarn.") - 3e et 4e de couverture : Théâtre d'Art Social ("Statuts" - Bas de Page [73] : Titre, Date - Bas de Page [96] : Gérant, Imprimeur - Pagination : 24 pages] 
Sommaire
Alexandre Bourson Par le Glaive, compte rendu [à propos du drame de Jean Richepin représenté à la Comédie Française le 8 février 1892] (p. [73]-77)
André Veidaux : Le Théâtre socialiste, étude [en épigraphe, citation de Gustave Flaubert : "La nuit... dans tes rêves"] (p. [78]-80)
Eugène Thébault : Poème de la Cloche : La Servante, poème [d'un volume en préparation : Les analogies] (p. [81]-83)
Marcel Batilliat : Le Naturalisme et l'Art social, étude (p. [84]-86)
Eugène Chatelain : C'est l'amour, poème [A Marcel Legay] (p. [87])
Jules Souchet Un peu de vie moderne, nouvelle [A M. A. Poiret] (p. [88]-89)
Gabriel de La Salle : Âme humaine, poème (p. [90]-95)
THÉÂTRES ET LIVRES
*** : Théâtres [Théâtre d'Art : La tragique histoire du docteur Faust, drame de Christophe Marlowe, traduction par MM. François de Nion et Casimir Stryienski], compte rendu (p. [96])
A[lexandre]. B[ourson]. : Les Livres [La société collectiviste, par Henri Brissac], compte rendu (p. [96])
*** : L'Art Social vient de prendre l'initiative de la création d'un théâtre d'ART SOCIAL, note (p. 72)
  • Source bibliographique : Nicolas Leroux, "Bibliographie des revues : L'Art Social (1891-1896), L’Œil bleun° 5, janvier 2008, p. 50-52.

vendredi 22 avril 2016

L'ART SOCIAL N° 3 - JANVIER 1892

L'ART SOCIAL
N° [3] (Janvier 1892)
[Date de publication : Janvier 1892 - Couverture : Date, Titre (en rouge), Sous-Titre/Périodicité, Sommaire, Prix, Adresse - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Périodicité, Adresse, Abonnements, Mentions ("Pour tout ce qui concerne l'Administration, s'adresser à M. Eugène CHATELAIN, 64, rue de Turenne. / Pour tout ce qui concerne la Rédaction, s'adresser à M. Gabriel DE LA SALLE, 5, impasse de Béarn."), Mention ("L'ART SOCIAL reçoit ses amis les premier et troisième lundis de chaque mois à partir de 9 heures, le soir.") - 3e de couverture : Notes ("Petite Guerre" : Il y a quelques mois, dans une phénoménale réponse qu'il fit à M. Albert Dubrujeaud, de l'Echo de Paris, M. Camille de Sainte-Croix disait bien qu'il se... moquait de son public, mais nous n'avions pas voulu le croire tant cela nous semblait osé de la part d'un homme ayant, comme lui, pignon sur rue. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus douter. Nous lisons dans la Bataille Littéraire du 12 janvier : "Poésie trouvée dans un journal de jeunes (ne nommons personne). Depuis le jour où je les vis, / Ces beaux yeux qui me sont ravis, / Leur souvenir me réconforte, / Et je tressaille, fou d'espoir, / M'attendant toujours à les voir / Chaque soir frapper à ma porte. / Ces yeux, qui doivent revenir frapper à la porte de notre jeune confrère, doivent, en effet, avoir le regard bien dur." / C'est de Chimère qu'il s'agit. Mais le plus étrange, et ce qui prouve bien que la Bataille Littéraire se moque de ceux qui la lisent, c'est que Chimère n'a pas imprimé le dernier vers comme on nous le donne. Elle a écrit : "Chaque fois qu'on frappe à ma porte", ce qui n'est pas une bêtise du tout. Et voilà à quoi on perd son temps chez M. Camille de Sainte-Croix. ; Le même Camille de Sainte-Croix, dans SA Bataille Littéraire du 5 janvier, donne, à propos de la récente représentation du Théâtre d'Art, un renseignement qui, malheureusement pour son autorité de critique, est tout ce qu'il y a de plus faux. Cette fois, il s'agit de notre ami Paul Roinard, l'auteur du Cantique des cantiques, qui a brossé lui-même son décor. M. Camille de Sainte-Croix affirme que Roinard n'avait jamais de sa vie touché à un pinceau. / Or, bien au contraire, Roinard a fait longtemps de la peinture : nous savons qu'il a encore chez lui une quantité respectable de toiles faites par lui qu'il qualifie d'ailleurs lui-même,, très généreusement, du nom de croûtes... ; Encore. Dans l'Echo de Paris du 10 décembre, M. Camille de Sainte-Croix, qui est un homme universel, passe en revue sous ce titre : Jeunesse vivante, la presse des jeunes. Il cite tout, cha tient de la place, mais il oublie le Coup de Feu et la Revue Européenne, celle-ci succédant à celui-là. Et cependant, cette vaillante publication qui combat, comme la Bataille, pour l'idée socialiste, en est à sa septième année d'existence...) - 4e de couverture : Lire (La Revue Socialiste, La Revue Européenne, La Révolte, Les Abeilles, Écrits pour l'art, La Philosophie de l'Avenir, Paris-Jeune, L'En Dehors - Bas de Page [49] : Titre, Date - Bas de Page 72 : Gérants, Imprimeur - Pagination : 24 pages] 
Sommaire
Émile Couret Lettre aux Littérateurs, étude (p. [49]-52)
Stalnoé : Le Froid, poème en prose [en épigraphe, citation de Gustave Flaubert : "La nuit... dans tes rêves"] (p. [53]-54)
Jules Souchet : Pro domo sua, étude (p. [55]-56)
Eugène Longuet : Catholiques, sonnet [extrait de Les Croyants] (p. [57])
Gabriel de La Salle : Dans le Temps, poème [fragment de Les Révoltes] (p. [58])
Auguste Linert Le Socialisme au Théâtre (notes de critique et d'art), étude (p. [59]-62)
Alfred Morin : Le Paradis, s.v.p. ?, sonnet (p. [63])
E. Museux Le critique d'art, étude (p. [64]-66)
André Veidaux : La chanson du néant : Les résignés, poème (p. [67]-68)
THÉÂTRES ET LIVRES
A[lexandre]. Bourson : Théâtres [Théâtre Réaliste : Le Gueux, un acte par M. Frédéric de Chirac ; Prostituée, en deux tableaux par M. de Chirac - (p. [69]-70) ; Théâtre-Libre : La Dupe, cinq actes en prose par M. Georges Ancey ; Son petit cœur, un acte en vers par M. Marsolleau - (p. 70)], comptes rendus (p. [69]-70)
A[lexandre]. B[ourson]., X. : Livres [La Propriété et ses formes primitives, par Emile de Laveleye (Félix Alcan, éditeur) ; Les Idéologues, par F. Picavet (Félix Alcan, éditeur) - signé X. - (p. 71) ; Le vice filial, par Paul Adam (Ernest Kolb, éditeur) - signé A. B. - (p. 71-72)], comptes rendus (p. 71-72)
*** : L'Art Social vient de prendre l'initiative de la création d'un théâtre d'ART SOCIAL, note (p. 72)
  • Source bibliographique : Nicolas Leroux, "Bibliographie des revues : L'Art Social (1891-1896), L’Œil bleun° 5, janvier 2008, p. 50-52.

lundi 18 avril 2016

L'ART SOCIAL N° 2 - DÉCEMBRE 1891

L'ART SOCIAL
N° [2] (Décembre 1891)
[Date de publication : Décembre 1891 - Couverture : Date, Titre (en rouge), Sous-Titre/Périodicité, Sommaire, Prix, Adresse - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Périodicité, Adresse, Abonnements, Mentions ("Pour tout ce qui concerne l'Administration, s'adresser à M. Eugène CHATELAIN, 64, rue de Turenne. / Pour tout ce qui concerne la Rédaction, s'adresser à M. Gabriel DE LA SALLE, 5, impasse de Béarn."), Mention ("L'ART SOCIAL reçoit ses amis les premier et troisième lundis de chaque mois à partir de 9 heures, le soir.") - 3e de couverture : Notes ("Petite Guerre" : Nous remercions nos confrères, des quotidiens et des revues, qui ont annoncé L'Art social et nous ont souhaité la bienvenue. Ce qui nous a fait plaisir et n'a pas peu contribué à raviver notre courage, c'est que tous ceux à qui nous nous sommes adressés, nos aînés dans la littérature de combat, ont répondu à notre appel, - un excepté, pourtant, - et nous ont assuré leur concours. Nous n'avons plus maintenant qu'à marcher de l'avant et qu'à accumuler, au courant des mois, les preuves de notre bon vouloir ; nous n'avons plus qu'à entasser, en nos modestes fascicules, les documents qui serviront à l'histoire de la littérature socialiste. ; Dans notre premier numéro, un vers, seulement ironique de notre ami A. Cros, semblait assimiler l'oeuvre de M. René Ghil à celle de MM. Verlaine et Mallarmé. M. René Ghil nous a écrit pour demander à notre impartialité de ne pas le confondre plus longtemps avec les décadents. Nous ne faisons aucune difficulté pour reconnaître que la vision d'art sociocratique de M. René Ghil se rapproche sensiblement, sinon tout à fait, de notre vision à nous, et de dire qu'il ne nous déplaît nullement de voir en lui et en ses amis des camarades de combat. Nos moyens diffèrent seuls pour atteindre le but que nous visons. ; Notre confrère de la Revue Européenne, Emile Odin, publie sous ce titre : la Grande prostituée, un réquisitoire très virulent contre la façon dont est rendue aujourd'hui la justice.... ; Apologue. - Un homme qui s'était fait, on ne sait trop pourquoi, une réputation de connaisseur en toutes choses, avait pris l'habitude de pêcher, dans le marais littéraire, toutes les grenouilles décadentes, de vanter l'élasticité de leurs membres grêles, de les étaler sur l'herbe, en plein soleil et d'affirmer qu'il n'y avait rien sous le ciel d'aussi agréable que leurs chants... ; Sous le simple titre : l'Almanach de la question sociale, notre ami, le citoyen P. Argyriadès, vient de réunir un grand nombre de documents fort intéressants pouvant servir à l'étude du socialisme moderne...) - 4e de couverture : Lire (La Revue Socialiste, La Revue Européenne, La Révolte, La Plume, Les Abeilles, Ecrits pour l'art, La Philosophie de l'Avenir, Paris-Jeune, L'En Dehors, Le Spartiate - Bas de Page [25] : Titre, Date - Bas de Page 48 : Gérants, Imprimeur - Pagination : 24 pages] 
Sommaire
Léon Cladel Prêtre, sonnet [daté "1857"] (p. [25])
E. Museux : Mission, étude (p. [26]-28)
Eugène Chatelain : L'Art Social, sonnet [à Benoit Malon] (p. [29])
J. Maret-Leriche : Fétiche et Manitou, étude (p. [30]-32)
Pierre Trimouillat : Art et critique (ballade), poème [à Henri Becque / à Henri Bauer] (p. [33]-34)
Séverin Remy Le Juge, nouvelle (p. [35]-36)
Emile Couret : Le Peuple, ses Prosateurs et ses Poètes : La littérature du Peuple, étude (p. [37]-40)
Eugène Longuet Un duel, nouvelle [extrait de Les Pages vécues] (p. [41]-42)
Gabriel de La Salle : Les Lauriers, poème [en épigraphe : "Nous n'irons plus au bois / Les lauriers sont coupés"] (p. [43]-45)
THÉÂTRES ET LIVRES
A[lexandre]. Bourson : Théâtre-Libre [La Rançon, trois actes en prose par M. Salandri ; Un Beau soir, un acte en vers de M. Maurice Vaucaire - (p. [46]) ; L'Abbé Pierre, un acte en prose par M. Marcel Prévost - (p. [46]-47)], comptes rendus (p. [46]-47)
E[ugène]. L[onguet]., X. : Livres [Boiteux, par Jacques de Bonal ; Sérénades, par Léon Leclère ; Henry Pivert, par Fernand Clerget - (p. 47) ; L'âme volée, par Adolphe Vard - (p. 47-48) - signés E. L. ; Les Adultères royaux, par Martial d'Estoc (Auguste Dumont, éditeur) - (p . 48) - signé X.], comptes rendus (p. 47-48)
Paule Mink : Correspondance, lettre (p. 48)
  • Source bibliographique : Nicolas Leroux, "Bibliographie des revues : L'Art Social (1891-1896), L’Œil bleun° 5, janvier 2008, p. 50-52.

dimanche 17 avril 2016

L'ART SOCIAL N° 1 - NOVEMBRE 1891

[Titre : L'ART SOCIAL - Sous-titre : Revue mensuelle - Dates de publication : n° 1 (novembre 1891) à n° 26 (février 1894) pour la 1re série ; n° 1 (juillet 1896) à n° 6 (décembre 1896) pour la nouvelle série - Périodicité : mensuelle ("paraissant vers le 15 de chaque mois" jusqu'au n° 5 - "paraissant du 1er au 15 de chaque mois" à partir du n° 6) - Lieu de publication : Paris - Format : 160 x 245 mm - Couverture : imprimée en noir et rouge (titre) sur couverture beige - Pagination :  24 à 48 pages - Prix et abonnements : Le numéro = 25 centimes (pour la première série) ; 30 centimes (pour la nouvelle série) ; Abonnement (Un an) = 3 fr. (Paris) ; Abonnement (Départements) = 3 fr. 50 ; Abonnement (Étranger) = 4 fr. - Directeur : Gabriel de La Salle (n° 14 à 26) - Rédacteur en chef : Gabriel de La Salle - Secrétaires de la rédaction : Ludovic Hamilo et Auguste Linert (n° 14 à 26) - Administrateur : Eugène Chatelain (n° 1 à 3) ; puis Gabriel de La Salle - Collaborateurs : Paul Ballaguy, Marcel Batilliat, Alexandre Bourson, Henry de Braisne, Paul Brenet, Charles Brunellière, Henri Buriot, Charles-Albert, Eugène Chatelain, Léon Cladel, Gaultier de Claubby, Dr A. Corre, Emile Couret, Alphonse Coutard, A. Cros, Gabriel de La Salle, Georges Diamandy, Ernest Dufour, Emile Dutiers, Paul Espéron, Etienne Eveline, Léon Frappié, Paul Gabillard, Mat Gioi, André Girard, Albert Goullé, Remy de Gourmont, James Hall Maxwell, Ludovic Hamilo, Augustin Hamon, Félix Haulnoi, Emile Hinard, Paul-Armand Hirsch, Théodore Jean, René Just, Louis Kroujok, Albert Lantoine, Bernard Lazare, Charles Le Riche, Gustave Le Rouge, Marc Legrand, Auguste Linert, Eugène Longuet, Loriot-Lecaudey, Maximilien Luce, Lucien-Jean, Louis Lumet, Charles Malato, J. Maret-Leriche, Paule Minck, Alfred Morin, E. Museux, Henri Ner [Han Ryner], Maria Parazzoli, Fernand Pelloutier, Charles-Louis Philippe, Emile Portal, Eugène Pottier, Paul Pourot, Marcel Réja, Séverin Rémy, Clément Rochel, Paul-Napoléon Roinard, Louis Sauty, V. Savary, Jules Souchet, Stalnoé, Achille Steens, Martial Teneo, Charles Tétard, Eugène Thébault, Pierre Trimouillat, R. Urbain, André Veidaux, Alexandre Zévaès [pseud. d'Alexandre Bourson] - Illustrateurs : Paul Brenet, Emile Hinard, Maximilien Luce - Adresse : 64, rue de Turenne (chez Eugène Chatelain, jusqu'au n° 3), puis 5, Impasse de Béarn (chez Gabriel de La Salle, à partir du n° 4) - Gérants : Eugène Chatelain et Gabriel de la Salle ; puis ce dernier seul à partir du n° 4 (février 1892) - Imprimeur : Léon Carpentier, Société anonyme d'imprimerie (Montdidier)]
L'ART SOCIAL
N° [1] (Novembre 1891)
[Date de publication : Novembre 1891 - Couverture : Date, Titre (en rouge), Sous-Titre/Périodicité, Sommaire, Prix, Adresse - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Périodicité, Adresse, Abonnements, Mentions ("Pour tout ce qui concerne l'Administration, s'adresser à M. Eugène CHATELAIN, 64, rue de Turenne. / Pour tout ce qui concerne la Rédaction, s'adresser à M. Gabriel DE LA SALLE, 5, impasse de Béarn."), Mention ("L'ART SOCIAL reçoit ses amis les premier et troisième lundis de chaque mois à partir de 9 heures, le soir.") - 3e de couverture : Notes ("Petite Guerre" : On a pu le remarquer, et ce n'est pas un de nos moindres étonnements, le Socialisme, en ces dernières années, a été mis à toutes les sauces : sénateurs, députés, conseillers municipaux, épiciers, fabricants de bicyclettes, financiers de la Bourse, voire usuriers, tous socialistes ! Les propriétaires et leurs succédanés les concierges, n'ont pu échapper à la contagion. Les littérateurs et les artistes seuls ont résisté. Ces messieurs, plutôt que de se passionner pour l'idée nouvelle, en marche vers l'avenir, aiment mieux servir au public qui les paie toutes les vieilleries, toutes les rengaines d'autrefois. Étonnons-nous donc que l'Art soit en décadence ! ; Un groupe de jeunes gens, de très jeunes gens, dit-on, vient, comme nous, de fonder une revue ; titre : Le Spartiate. Cette nouvelle fait brusquement monter à nos narines un suggestif fumet de brouet noir et éveille en nous le classique souvenir des luttes héroïques. Sparte entre de nouveau en rivalité avec Athènes... ; Nous qui croyons peu aux légendes du passé, en témoignant nos enthousiasmes présents pour la réalisation future de nos rêves, nous saluons le député Paul Lafargue, parce qu'avec lui c'est l'entrée du socialisme scientifique au Parlement... ; On parle, depuis longtemps, de modifier la loi sur la propriété littéraire. La Chambre actuelle n'aura ni le loisir ni le courage de s'en occuper, et, certes, ce n'est pas en nous qui nous en plaignons : pas plus que la propriété mobilière ou immobilière, la propriété littéraire ne doit exister. Les ouvrages d'un auteur sont faits de la pensée de tous... ; Tous les dimanches matin, de 10 heures à 11 heures 1/2, cours public et gratuit de lecture expressive et de récitation, à la mairie du IXe arrondissement, rue Drouot. Ce cours est professé par notre collaborateur, Alphonse Coutard, et par MM. L. Riquier (du Vaudeville), Couillin et Guilbert, professeurs à l'association polytechnique.) - 4e de couverture : Lire (La Revue Socialiste, La Revue Européenne, La Révolte, La Plume, Les Abeilles, La Philosophie de l'Avenir, Paris-Jeune, L'En Dehors, Le Spartiate -En-tête Page 1 : Titre, Sous-Titre - Bas de Page 1 : Titre, Date - Bas de Page 24 : Gérants, Imprimeur - Pagination : 24 pages] 
Sommaire
[La Rédaction] L'Art Social, manifeste (p. 1)
Gabriel de La Salle : Prise d'armes, étude (p. [2]-6)
Eugène Chatelain : La Femme, poème [à Clément Rosset] (p. [7]-9)
Alphonse Coutard : Jeunes et Vieux, étude [à Roland Monclavel] (p. [10]-13)
A. Cros : Déliquescence, poème (p. [14]-15)
Emile Couret : Œuvre à faire, étude (p. [16]-17)
*** : Fluctuat nec mergitur, poème (p. [18]-19)
E[mile]. C[ouret]. Nécrologie, étude [sur la mort de Joseph Landragin] (p. [20]-21)
E. Museux, Paule Mink : Les Livres [Jean Lombard, par Etienne Bellot (Savine) - (p. [22]) - signé E. Museux ; Liminaires, par Paul Redonnel (Paul Lacomblez, Bruxelles) - (p . [22]-24) - signé Paule Mink ; Chimère, la revue si suggestive qui paraît à Paris et à Montpellier, va signaler son original début par une bonne action. La rédaction de cette Revue, d'accord avec son fondateur, a résolu, dès la nouvelle de la mort de Jean LOMBARD, de venir en aide à la veuve et à ses trois enfants, dignement, comme il convient à la famille de ce poète de grand talent et qui fut longtemps militant du Parti socialiste. Chimère va rééditer luxueusement le poème de Jean Lombard : ADEL, si beau et qui a déjà été si apprécié par le public et les lettrés... - (p. 24)], chronique (p. [22]-24)
Document
"L'Art Social"
Revue de l'art libre et indépendant, sans chefs ni pontifes. L'ART SOCIAL est ouvert, aussi largement que possible, à toutes les bonnes volontés. Il est ouvert à tous ceux qui, las de toujours fourbir l'épée sans combattre, auront le courage de mettre leur vaillance et leur talent au service de l'idée socialiste.
L'ART SOCIAL ne répudie aucune forme littéraire ou artistique ; il est aussi bien avec les révolutionnaires qui cherchent, pour habiller leur pensée, des formes nouvelles, qu'il est avec ceux que les vieilles formes prosodiques ne gênent pas. Il ne jette pas au néant le passé. Aussi bien qu'il vénère Eugène Pottier, il honore Jean Lombard, ces deux vaillants morts à la peine. Il ne sait pas ce que c'est que le pompiérisme ; il ne sait pas ce que c'est que la vraie esthétique.
Mais ce qu'il sait, c'est que tout homme qui pense, c'est que tout homme qui se sent ému à la vue des iniquités sociales, c'est que tout homme dont les idées généreuses font vibrer le cœur et qui a foi en l'avenir, a le devoir de se mettre en travers de la décadence et d'enrayer la descente.
Il sait qu'il est temps de substituer à une poésie crapuleuse ou futile une poésie saine et vigoureuse.
Il sait qu'à côté des lutteurs et des apôtres de la cause socialiste il y a une place à tenir.
Il sait, enfin, que le moment est venu de rassembler et faire vivre les éléments épars du grand art de demain : l'Art socialiste.
Que tous ceux qui pensent comme lui le suivent.
  • Source bibliographique : Nicolas Leroux, "Bibliographie des revues : L'Art Social (1891-1896), L’Œil bleu, n° 5, janvier 2008, p. 50-52.

jeudi 14 avril 2016

DOCUMENT : BINET-VALMER, GABRIEL HANOTAUX & LE VAGISSEMENT DE LA RENAISSANCE LATINE

Cela fait bien longtemps que nous n'avions pas donné à lire aux fidèles et aux plus hasardeux visiteurs du blog quelque document propre à éclairer l'existence des revues. Est-il besoin de rappeler que les billets réunis sous le libellé si originalement intitulé "documents" n'ont d'autre intérêt que d'entrouvrir le rideau donnant sur l'agitation des directeurs, rédacteurs en chef et collaborateurs tout occupés à animer leurs publications périodiques ? Il s'agit, en quelque sorte, d'errer, au gré des lettres, mémoires, photographies, etc., dans les coulisses des petites revues, d'assister à leur naissance, à leur épanouissement, à leur déclin, ou à leur mort, d'enregistrer leurs succès et de comprendre leurs difficultés ; bref, en multipliant les petits bouts de la lorgnette, de mieux embrasser leur vie, souvent chaotique, presque toujours éphémère.

Aujourd'hui, une lettre, acquise récemment, de Binet-Valmer (1875-1940) à un destinataire non identifié nous permet d'aborder un aspect sur lequel nous n'avions jusqu'ici pas eu l'occasion de nous attarder, celui de l'opportun parrainage qui doit mener la revue nouvelle-née sur les fonts baptismaux du succès. Il n'est pas rare, en effet, que les rédactions, pour assurer du sérieux de leur publication, s'adjoignent un comité d'honneur ou de parrainage composé de noms illustres, appartenant la plupart du temps aux générations précédentes, académiciens souvent, dont la seule présence sur la couverture ou à son verso garantit la qualité et la bonne tenue. Nul besoin pour ceux-là de collaborer. Donner son nom suffit. La jeune revue y gagne - au moins le croit-elle - un précieux sésame pour forcer l'entrée de la République des Lettres ; le vieil auteur, le plaisir de se savoir honoré et apprécié par une jeunesse pour qui le respect des aînés n'est pas vraiment la qualité première, et - au moins le croit-il - un public nouveau. Les exemples de cette pratique ne manquent pas. Nous n'en citerons que deux, pris un peu au hasard dans notre bibliothèque : Les Marches de Provence s'enorgueillissant d'un comité d'honneur composé de Paul Adam, Maurice Barrès, Emile Bergerat, Jules Lemaître, Frédéric Mistral et Willy, dont les plus jeunes avaient alors cinquante ans, et le plus âgé 82 ; et La Flora (1912-1915) de Lucien Rolmer qui tarda à monter son comité d'honneur, attendant sa dernière année d'existence, mais qui, lorsqu'elle le fit, en exhiba un pour le moins pléthorique d'une soixantaine de noms, parmi lesquels S. A. S. la Princesse de Monaco, la duchesse de Rohan, la comtesse de Noailles, Aurel, Maurice Barrès, Henri de Régnier et Jean Richepin, de l'Académie Française, Armand Dayot, Inspecteur Général des Beaux-Arts, Léon Riotor, Président de la Société des Poètes Français, tous personnalités d'influence, mais aussi des écrivains relativement impliqués dans la vie littéraire de l'époque : Joachim Gasquet, Fernand Gregh, Louis de Gonzague-Frick, Edouard Ducoté, Louis Lormel, Louis Mandin, Ernest Raynaud, Jean-Louis Vaudoyer... et même le tout jeune Jean Cocteau. Il n'en fallait pas moins pour La Flora qui se voulait "Revue de la Grâce des Lettres et de l'Art" et "Anthologie de Poësie Lyrique et de Haute Littérature".

Parfois, un nom suffit. Mais alors, il ne doit pas simplement figurer comme ornement sur la couverture de la revue ; il doit carrément ouvrir la porte et signer le premier article de la livraison inaugurale, article qui servira de carte de visite auprès des chroniqueurs et autres publicistes, et qui est l'assurance qu'on parlera de la revue nouvelle dans les gazettes, le nom illustre attirant l'attention sur un sommaire essentiellement constitué de contributions d'auteurs fraîchement débarqués sur la scène littéraire. On se souvient ainsi que les jeunes mallarmos et verlainophiles de La Pléiade (1886) avaient fait appel à Théodore de Banville, sautillant parnassien, pour présenter la revue et ses rédacteurs au public. Un bien utile parrainage pour de jeunes poètes inconnus qui se nommaient Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Rodolphe Darzens, Jean Ajalbert ou Paul Roux pas encore canonisé, et qui n'auraient pas pu lire les articles - même féroces - qui accueillirent le premier numéro de La Pléiade (mars 1886) si le vieux poète des Odes funambulesques ne les avait lancés sur la piste. 

Quinze ans plus tard, ce n'est pas à un poète que les fondateurs de La Renaissance Latine (1902-1905), revue moins hospitalière aux innovations des versificateurs car défendant une vision plus "politique" de la littérature, firent appel, mais à Gabriel Hanotaux (1853-1940). Si le nom s'est à peu près effacé aujourd'hui de nos mémoires, il est incontestable qu'il revêtait à l'époque tout le lustre dont pouvait avoir besoin le lancement d'une revue nouvelle, et de cette revue-là en particulier. Gabriel Hanotaux, en effet, était un homme sérieux : historien, homme politique - il sera ministre des Affaires étrangères -, académicien français ; tout le désignait pour fixer le ton d'une revue qui se voulait assez éloignée de l'anarchiste avant-garde, et que portait un projet : celui de la défense et illustration des valeurs du monde latin. Dans la lettre qu'on va lire, Binet-Valmer s'inquiète auprès de son correspondant de n'avoir pas encore reçu l'article d'Hanotaux qui doit ouvrir le premier numéro de la revue. Le secrétaire de rédaction y tient. On apprend en effet que la parution en a été repoussée, à la demande de l'auteur, et que ce dernier doit être payé pour son "article d'introduction". Par ailleurs, ledit article a été annoncé dans la presse, La Renaissance Latine faisant sa publicité sur le nom d'Hanotaux. Voici la lettre :
"Monsieur,
Seriez-vous assez aimable pour me donner l'adresse de M. Gabriel Hanotaux. Il faut en effet que je lui télégraphie pour lui rappeler que selon sa promesse, il doit nous donner un article d'introduction à la revue que nous venons de créer : La Renaissance Latine. Cette promesse ne peut être vaine puisque M. Hanotaux nous a demandé de retarder l'apparition de notre premier numéro jusqu'au 15 Mai (ce que nous avons fait), puisque le prix de l'article était fixé, et que nous étions autorisés à annoncer l'article. Nous avons décidé de télégraphier à M. Hanotaux, et nous vous prions pour éviter les frais d'un Faire Suivre de nous donner son adresse.
Veuillez croire, Monsieur, à mes sentiments distingués.
G. Binet-Valmer
sec. de la réd. de
La Renaissance Latine6, rue Margueritte,
Paris"
On ressent, sans difficulté, l'urgence de la demande, et la crainte de Binet-Valmer qu'Hanotaux n'honore pas sa promesse, insistant pour lui télégraphier directement et ne pas passer par l'intermédiaire de son correspondant. Il est probable que cette lettre, non datée, fut écrite dans les derniers jours d'avril, voire dans les premiers jours de mai 1902. Binet-Valmer eut-il raison de s'inquiéter ? Son télégramme à Hanotaux accéléra-t-il l'écriture de l'article espéré ou le croisa-t-il ? Toujours est-il que la première livraison de La Renaissance Latine parut à la date prévue, le 15 mai 1902, et que "l'article d'introduction" de la revue était bel et bien signé Gabriel Hanotaux.

mercredi 13 avril 2016

LE JOURNAL DES POÈTES (2e année) N° 25 - 28 MAI 1932

LE JOURNAL DES POÈTES
2e année - N° 25 (28 Mai 1932)
[Date de publication : 28 mai 1932 - Page [1] en-tête (2 colonnes) : Année, Numéro, Date, Prix, Titre, Sous-Titre, Adresse, Téléphone, Compte chèque postal, Abonnement - Page [1] bas de colonne 1 : "Dans ce numéro : ("la table des matières des 24 premières publications de notre seconde série. / Ajoutez-y les noms nouveaux et les divers articles du présent journal. / Cela remplace notre éditorial, les faits se substituent victorieusement aux paroles : / 6 PAGES AU LIEU DE QUATRE.") - Page [1] haut de colonne 4 : Le comité directeur : L.-Ch. Baudouin, Pierre Bourgeois, Paul Dermée, Henry Fagne, Pierre Flouquet, René Meurant, Marcel Martinet, Charles Plisnier, Georges Ribemont-Dessaignes, André Salmon, Edmond Vandercammen, Henri Vandeputte. / Administrateur : L. Vandenheuvel / vous présente ses remercîments et vous demande votre appui. Trouvez-nous durant l'été, des collaborateurs, des souscripteurs et des lecteurs. Ecrivez-nous. Car notre repos annuel sera actif..." - Page [1] bas de colonne 3-4 : Annonce ("Venez nous voir / ce Samedi 28 Mai, à 20 h. 30, à la Galerie Javal et Bourdeaux, Place Sainte-Gudule, 23-24, Bruxelles, à la première réunion publique des Amis bruxellois du "Journal des Poètes". Le quatuor de récitants (Mme Jeanne Dubois, Mlle Anita de Brouckère, MM. Sébastien Dongrie et Georges Génicot) présentera "Le Fléau" de Verhaeren, "La Légende du roi d'un jour" de Chennevière et "La Rapsode foraine" de Corbière. / Interventions de MM. P. Bourgeois, R. Goffin, A. Lepage, Ch. Plisnier, L.-P. Thomas et R. Vivier. / Participation aux frais : 3 francs.") - Page [2] bas de colonnes 2-4 : Appel ("Si tous nos lecteurs voulaient devenir nos amis, et nous aider à repartir d'une façon plus sûre et plus imposante, lorsque viendra l'automne... Ils peuvent inciter leurs amis à acheter la collection complète de la seconde saison : 25 francs. Quant à eux, pourquoi ne deviendraient-ils point nos coopérateurs ?") - Page [4] bas de colonne 1 : Comité mexicain du "Journal des Poètes" : MM. Castillo Najera, Alfonso Reyes, Genaro Estrada, Jaime Torres Bodet, Xavier Villaurutia, Bernardo Ortiz de Montellano - Page [4] bas de colonnes 2-3 : Annonce ("Eté 1932 / Toutes les autos prennent la direction du Kursaal d'Ostende") - Page [4] bas de colonne 4 : Éditeur - Page [5] bas de colonnes 2-3 : "Le 27-6-31 a paru notre première table" - Page [6] bas de colonnes 1-4 : Appel ("Organisée, l'édition poétique s'imposera. (A qui fera-t-on croire que la liberté et la fantaisie de l'inspiration sont menacées, si les poètes et leurs amis défendent intelligemment la diffusion de leurs œuvres.) / Adhérez à la Société Coopérative le Journal des Poètes ; Extraits des statuts ; Bulletin d'adhésion) - Pagination : 6 pages]
Sommaire
LES FORMES DIVERSES DE LA RÊVERIE
Léon Gabriel Gros : Portrait de femme, poème en vers libres (p. [1 ; col. 1]) 
Pierre Bourgeois : Métaphysique sentimentale, poème en vers libres (p. [1 ; col. 2])
Pierre Flouquet : Paul Dermée nous parle de poésie et de science, entretien (p. [1 ; col. 2-3])
Charles Plisnier : Mille neuf cent treize, poème en vers libres [extrait de Lénine] (p. [1 ; col. 4])
René Meurant : Fragment, poème [extrait de Naissance de la révolte] (p. [1 ; col. 4])
DE DOUZE POÈTES D'EUROPE
Henri Vandeputte : Grâce beauté repos [daté "1925"] ; Black and White [daté "1931"], poèmes en vers libres (p. [2 ; col. 1])
Madeleine Israël : J'ai bu ce vin-là..., poème en vers libres (p. [2 ; col. 1])
Von der Vring : Au Cap, il y a une maisonnette..., poème [traduit de l'allemand par M. et J. H. Fagne-Gümbel] (p. [2 ; col. 1])
Jean Follain : De la coupe aux lèvres, poème en vers libres (p. [2 ; col. 1])
Paul Werrie : Le tambour à la sourde ; Cathédrale informe (Invocation), poèmes en vers libres (p. [2 ; col. 2])
Mathilde Pomès : Neige, poème en vers libres (p. [2 ; col. 2])
André Salmon : Mort d'un ouvrier, poème en vers libres [en épigraphe, citation d'Eugène Lantz (Poèmes d'ouvriers américains) : "Ce n'était pas le premier qui s'en allait ainsi."] (p. [2 ; col. 3])
Marcel Sauvage : Jeu de construction, poème en vers libres [extrait de Socrate, à paraître] (p. [2 ; col. 3])
Pierre-Louis Flouquet : Les seins (p. [2 ; col. 3]) ; Bouches d'ombres et de rires (p. [2 ; col. 3-4]), poèmes en vers libres (p. [2 ; col. 3-4])
Wilhelm Klemm : Bataille, l'après-midi, poème [traduit de l'allemand par Yvan Goll] (p. [2 ; col. 4])
Edmond Vandercammen : Vêtements pauvres, poème en vers libres [extrait de Naissance du sang] (p. [2 ; col. 4])
Siegfried Sassoon : Permissionnaire, poème [adapté de l'anglais par Stéphanie Chandler] (p. [2 ; col. 4])
OUTRE-OCEAN, OU LES POETES SONT HONORES... 
MEXIQUE
M[athilde]. P[omès]. : Entrée en matière, présentation [sur Jaime Torrès Bodet] (p. [3 ; col. 1])
Jaime Torrès Bodet : I. Diamant (p. [3 ; col. 1]) ; II. Cabotage (p. [3 ; col. 2]), poèmes [traduction de Mathilde Pomès] (p. [3 ; col. 1-2])
Xavier Villaurutia : 1. Tableau (p. [3 ; col. 2]) ; 2. Air (p. [3 ; col. 2-3]), poèmes [extraits de Cultura-Méjico, 1926] (p. [3 ; col. 2-3])
Bernardo Ortiz de Montellano : Femme de minuit, poème (p. [3 ; col. 3])
Genaro Estrada : Panorama, poème [extrait de Ecalera (ed. del Murciélago, Méjico, 1929] (p. [3 ; col. 3])
Alfonso Reyes : Deux inédits : Peint par lui-même [fragments de la pièce Conflicto, dans le volume de Pausa, Paris, 1926] ; Consécration [daté "Rio Janeiro, Nov. 1931"], poèmes (p. [3 ; col. 4])
Mathilde Pomès : Panorama, étude [sur la poésie mexicaine contemporaine] (p. [3 ; col. 1 - 4])
Carlos Pellicer : Etudes, poème [daté "Juillet 1931"] (p. [4 ; col. 1])
Gilberto Owen : Allégorie, poème en prose [traduit par Mathilde Pomès] (p. [4 ; col. 1])
Enrique Gonzalez Rojo : Femme nue, poème [extrait de Espacio] (p. [4 ; col. 1])
Amado Nervo : En paix, poème [extrait de Elevacion - traduit par Paul Vanderborght] (p. [4 ; col. 1])
*** : Propagande : L'activité du groupe parisien des amis du Journal des poètes, compte rendu (p. [4 ; col. 2])
Constant Burniaux : Nature morte, poème en vers libres (p. [4 ; col. 2])
 ETATS-UNIS
(M. L.-G. Gros a traduit à votre intention quelques poèmes américains)
Stanley Burnshaw : L'ombre et les yeux, poème (p. [4 ; col. 3])
Allen Tate : Monsieur Pope, poème (p. [4 ; col. 3])
Forrest Anderson : Erreur de navigation, poème (p. [4 ; col. 3-4])
Malcolm Cowley : En mémoire de Florence Mills, poème (p. [4 ; col. 4])
Charles Plisnier : Révisions : Le salut dans la fuite, étude [suites de l'affaire "Front rouge"] (p. [4 ; col. 4])
*** : Une expression poétique du monde ou l'aventure d'un hebdomadaire belge, table alphabétique [des 24 premiers numéros de la seconde série 1931-1932] (p. [5 ; col. 1-4 - 6 ; col. 1])
*** : La Revue des Revues [La Nouvelle Equipe (Louvain). - Un plaidoyer émouvant pour un cinéma plus "poétique"... ; Feuillets (La Chauds-de-Fonds) est une revue printanière paraissant annuellement, à Pâques... ; Sang nouveau (Charleroi) continue de prouver que la Wallonie nouvelle comprend certains poètes et artistes modernes de valeur... ; Commerce, hiver 1932. - Cahier trimestriel publié par les soins de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud... ; Les Cahiers du Sud, mars 1932, nous offrent de beaux vers de notre collaborateur Gilbert Trolliet... ; Les Humbles, revue littéraire mensuelle des primaires. - Au sommet du numéro de février 1932, deux poèmes de Mabilly et une violente "Réplique à notre ami Samson au sujet de la poésie de Paul Claudel"... ; La Guiterne, n° 3. - Constant de Horion commence sa Chronique en rappelant l'enquête du Journal des Poètes : "Un poème incohérent peut-il être beau ?"... ; Demain, cahier trimestriel de littérature et d'art, n° 5. - Intéressante publication qui nous offre des poèmes du fantaisiste Louis de Gonzague-Frick... ; The Rebel Poet, édité à New York par Jack Conroy, est l'organe officiel de l'internationale de poésie "Poètes rebelles" et combat pour la révolution culturelle... ; Descobrimento, numéro d'hiver. - Cette revue portugaise qui porte comme sous-titre "Revue de culture" continue de réaliser avec un intérêt croissant son programme de découvertes... ; Poetry, avril 1932, de nombreux poèmes... ; Contempo, n° 22. - Un court poème de Charles A. Wagner... ; Helikon, avril 1932. - Revue hollandaise de poésie, publie des poèmes d'Anthonie Donker... ; De Stem comporte une partie anthologique dont la direction est confiée à Dirk Coster et un important bulletin critique dirigé par Anthonie Donker... ; Groot Nederland, grosse revue de 125 pages, en accorde généreusement 4 à des vers conformistes de Joh de Molenaar. ; La Revue Sincère. - Revue littéraire catholique d'esprit conservateur fondée, il y a dix ans, par L. Debatty, dans le but de démasquer librement les plagiaires... ; J'ose, n° 11. - Berthe Bolsée étudie Mallarmé "fontaine de lui-même". ; Reçu : La Revue d'Allemagne, Les Débats, Il Ventuno, Marsyas, Gaceta Literaria, Le Mât de Cocagne, La Proue, Les Nouvelles Soviétiques, Heures Perdues, L'Avant-Poste, Liège-Echos, La Parole Universitaire, Bulletin des Ecrivains Prolétariens, La Parenthèse, L'Ame Gauloise, La Revue des Poètes, Paris-Nice, Scripta, Afrique, Renaissance Provinciale, Revue du Monde Noir, Revue Bleue, L'action régionaliste, Le Thyrse, Mercure de France, N. R. F., UNU, Feuillets Inutiles, Mercure Universel, Arpagus, L'Equerre, Ny Ranovelona, Loisirs, Taches d'Encre, El Soneto, Bouteille à la Mer, The Criterion, New Masses, New Republic. - Remerciements.], chronique (p. [6 ; col. 2-4])
Maurice Boucher : Controverses techniques : Plaidoyer pour la loi, étude [précédée des quelques lignes suivantes d'introduction : "Le Journal des Poètes est-il impartial ? En doutez-vous ? Il n'hésite pas à reproduire un plaidoyer de M. Maurice Boucher en faveur d'une prosodie sévèrement réglementée."] (p. [6 ; col. 4])
Document
"Le salut dans la fuite"
Qu'aux yeux de la plupart des critiques bourgeois, le surréalisme apparaisse comme une sorte de projection de la révolution sociale dans le plan de la poésie, fait voir cruellement l'ignorance de gens qui croient volontiers tenir tous les fils. Ou s'ils se plaisent à être aveugles...
Au vrai, les surréalistes ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour créer cette confusion. Manifestations violentes, déclamations contre la littérature, utilisation massive du mot : Marx, professions de foi anti-patriotiques, salutations mahométanes dans la direction de Moscou, et jusqu'à cette palinodie suprême : demande d'admission dans le Parti Communiste français.
Il n'est pas bien sûr d'ailleurs qu'ils ne se soient pas pris à ce nouveau jeu comme aux autres et que, voulant mettre la révolution au service du surréalisme, ils n'aient pas cru un moment, dans une sorte d'état second, mettre comme ils l'imprimaient sur leur couverture en lettres de Musée Grévin, le surréalisme au service de la révolution. On n'est pas toujours maître de sa chimie.
Que le Parti Communiste français s'y soit trompé lui-même, ne ferait pas honneur à la lucidité de ceux qui sont chez lui préposés à la chose littéraire. On faisait naguère "un bout de chemin avec Reventlow". Pour un peu, ils eussent excommunié Barbusse, l'homme du Feu, pour faire un bout de chemin avec Monsieur Aragon. Chacun sa publicité...
Qu'on m'entende bien. Je tiens que le surréalisme, au temps qu'il vivait fut, - j'en demande pardon à ses chefs que ce mot fait entrer en transes, - une Ecole Littéraire. Et je ne conteste point qu'il sortir de ce laboratoire, des œuvres chargées d'un puissant courant poétique.
Aussi bien, ce n'est pas à ce propos que je cherche querelle à Messieurs Breton et Cie. Mais à propos de cette grossière prétention qu'ils ont, de lier leur raison sociale à la révolution.
Fuite hors du réel, prétention de confondre les plans de la vie et du rêve, volontariat de la schizophrénie, appel systématique au merveilleux, mise en exploitation de la magie, liturgie des cabinets noirs. Je me demande s'il peut exister, dès le moment qu'on se trouve dans le plan social, un ensemble de propos qui heurte plus violemment la doctrine et la pratique de la révolution. Ah ! S'il n'était mort, Monsieur Breton, voyant Lénine, rirait de ce petit bourgeois qui n'entendait rien au Vaudou.
Il est peut-être temps de dire que ce culte de la violence gratuite, cette jouissance à voir rouge, à entendre et à écrire le mot sang, ne vient pas des faubourgs, mais de ce très vieux romantisme où les fantômes mêmes portaient pantoufles.
Ce n'est pas par hasard d'ailleurs que ces nouveaux héros, si d'aventure la Police Bourgeoise, pour rire un peu, fait mine de leur courir après, pris de peur, plaident irresponsables et s'assemblent en chœur pour chanter : "Je ne l'ai pas fait exprès..." La violence verbale est souvent sœur de la peur. Voici un nouveau test : celui de l'Irresponsable Volontaire.
Pour moi la chose est assez claire. Le Surréalisme est seulement une maladie secrète dans le cerveau de la bourgeoisie, une hantise de suicide, une tache de folie, cette angoisse du paralytique général qui croit toucher le point le plus aigu de la lucidité mais qui ne sait pas si demain il va trouver une lumière nouvelle et étonnante ou s'asseoir dans une petite voiture.
Vraiment la révolution n'a rien à voir avec cela.
Charles PLISNIER.

LE JOURNAL DES POÈTES (2e année) N° 24 - 21 MAI 1932

LE JOURNAL DES POÈTES
2e année - N° 24 (21 Mai 1932)
[Date de publication : 21 mai 1932 - Page [1] en-tête (2 colonnes) : Année, Numéro, Date, Prix, Titre, Sous-Titre, Adresse, Téléphone, Compte chèque postal, Abonnement - Page [1] bas de colonne 1 : "Des amis actifs !" ("Nous avons le plaisir d'annoncer à nos lecteurs la constitution d'un Comité des Poètes qui représentera et défendra l'idée du "Journal des Poètes" dans les Iles de l'Océan Indien. Il se compose de MM. Robert Boudry, Ny Avana Ramanantoanina, R. E. Hart, Hippolyte Foucque, G. Henri de Brugada, Allain et Joseph Rabearivelo.") - Page [1] bas de colonne 4 : Annonce ("Votre dernière soirée de 31-32. / Samedi 28 Mai, à 20 h. 30, à la Galerie Javal et Bourdeaux, Place Sainte-Gudule, 23-24, Bruxelles, aura lieu la première réunion publique des Amis bruxellois du "Journal des Poètes". Confrontation de Chennevière, Corbière et Verhaeren ; présentation du quatuor de récitation du "Journal des Poètes". Participation aux frais : 3 francs.") - Page [3] haut de colonne 3 : Comité égyptien et arabe : Georges Cattaui, Ahmed Chawky Bey, Jean Claude, Elias J. Finbert, Kalib Moutran, Raoul Parme, Amed Rassem Bey, Arsène Yergath - Page [3] bas de colonne 3 : Annonce ("Eté 1932 / Toutes les autos prennent la direction du Kursaal d'Ostende") - Page [4] bas de colonne 4 : Éditeur - Pagination : 4 pages]
Sommaire
[La Rédaction] : La peur des coups, éditorial (p. [1 ; col. 1-2]) 
Henri Vandeputte : Lyromancie, poème-compte rendu [à propos de Lyromancie par Paul Dermée (Editions des D. I. de l'Esprit Nouveau, 6, rue de Clichy, Paris] (p. [1 ; col. 2])
Gaston Pulings : Le jour j'étais tranquille... ; Cette nuit, j'étais seul..., poèmes (p. [1 ; col. 2])
Simone Dumas : Luc Durtain, dessin (p. [1 ; col. 3])
Luc Durtain : Conscience du Poète, étude [précédé des lignes de présentation suivantes : "M. Luc Durtain nous adresse les bonnes feuilles, entièrement inédites, d'un ouvrage D'HOMME A HOMME qui paraîtra le 10 juin prochain, chez Flammarion."] (p. [1 ; col. 3-4 - 2 ; col. 1-3])
Christian SénéchalUn poème épique populaire : "Lise" de L. Durtain, étude (p. [2 ; col. 1-4])
Jacques Baron : Rêver de hauteurs, poème en vers libres (p. [3 ; col. 1])
Mariano Brull : Premier Mai, poème [traduction de Mathilde Pomès] (p. [3 ; col. 1])
Mathilde Pomès : Une Anthologie de Poésie Espagnole, compte rendu [à propos de Poesia española 1915-1931, par Gerardo Diego (éd. Signo, Madrid, 1931)] (p. [3 ; col. 1])
VOICI L’ÉGYPTE
DE CINQ POÈTES ARABES
Abdel Kader El MaznyParmi les ruines de la cité de Fustat, poème [traduit par l'auteur et Paul Vandenborght] (p. [3 ; col. 2])
Abbas Mahmoud El Akkad : A la plage, poème [traduit de l'arabe par Abdel Rahman Sidky] (p. [3 ; col. 2])
Amed Chawky Bey : L'oiseau des temps modernes (fragments), poème [traduit par le poète libanais Antoine Gemayel] (p. [3 ; col. 2-3])
Ahmed Ramy : Oublier, c'est encore se souvenir, poème (p. [3 ; col. 3])
Hafez Ibrahim : Le Vin, poème [traduit par Ahmed Deif et Ahmed Rachad] (p. [3 ; col. 3])
Charles Petrasch : Georges Cattaui nous dit..., entretien [de "L'ambassade d'Egypte à Londres"] (p. [3 ; col. 4 - 4 ; col. 1-2])
DE SIX ÉGYPTIENS
Elias J. FinbertÉcume : 1. Après-midi de palmes haussées... ; 2. Si brille sur tes lèvres l'invite... ; 3. Fibrilles bleues qui sculptez ma chair... ; 4. Douce venue... août est dans les palmes... ; 5. Tes torsades sur le seuil, ô vigne..., poèmes [datés "Alexandrie, 1926"] (p. [4 ; col. 1-2])
Arsène Yergath : Deux piécettes : I. Je suis peut-être avec ton ombre... ; II. Tes yeux éclaireront..., poèmes en vers libres (p. [4 ; col. 2])
Raoul Parme : Horoscope, poème (p. [4 ; col. 3])
Amed Rassem Bey : Lassitude, poème en vers libres ; Novembre, poème en prose (p. [4 ; col. 3])
Jean Claude : Nuit blanche, poème en vers libres (p. [4 ; col. 3-4])
Georges Cattaui : Ici, ô Egypte, ici, poème en versets (p. [4 ; col. 4])
*** : Echos [Samedi dernier, à Bruxelles, nos collaborateurs Mathilde Pomès et Pedro Salinas ont été acclamés par le public d'élite qui remplissait la salle des fêtes de la Maison des Artistes... ; M. Emmanuel Berl adore les négations catégoriques... ; M. Ernest Prévost proteste dans la Victoire parce qu'on a placé "dans un square liliputien, inconnu, perdu" de Paris, un buste mesquin et minuscule de Verhaeren "le plus puissant poète depuis Victor Hugo." ; Dans un numéro récent de l'Œuvre, M. André Billy commençait son feuilleton littéraire par un émouvant aveu...], notes (p. [4 ; col. 4])
Document
"La peur des coups"
Il arrive de petites aventures aux petits hommes. Il y a quelques semaines, monsieur Louis Aragon qui, comme il est d'usage dans le surréalisme quand il se met "au service de la révolution", avait écrit un poème orné d'appels provocateurs, fut menacé de poursuites judiciaires. Cela le surprit beaucoup.
Au vrai, ce n'était pas de jeu. Est-ce que les Parquets et la Police, dont l'indulgence plénière envers de jeunes bourgeois qui érigeaient le chahut gratuit en impératif poétique avait quelque chose de si touchant, tout à coup se mettaient à tricher ? Leurs coups n'étaient-ils point réservés, comme on pouvait décemment l'espérer, aux vrais révolutionnaires ?
Ce fut un bel étonnement. Dans ce monde spécial, ce genre de sentiment se traduit en appels imprimés.
On convia donc les "intellectuels de gauche", y compris ceux qu'on nomme d'habitude petits-bourgeois, flics et salauds, à s'élever "contre toute tentative d'interprétation d'un texte poétique à des fins judiciaires".
Nous avouons que nous comprîmes mal cette formule et, au risque de paraître absolument imbéciles, nous déclarons qu'aujourd'hui encore nous ne lui découvrons aucun sens.
Mais nous ne ferions point un sort à cette littérature, si les surréalistes n'eussent cru devoir, à ce propos, poser toute la question de la responsabilité du poète.
Ils le firent, nous devons leur rendre cet hommage, avec une candeur digne des meilleurs éloges.
Que malgré cela, trois cents hommes aient cru devoir signer, parmi lesquels nous découvrons plusieurs noms qui honorent la pensée et la poésie d'aujourd'hui, nous le comprendrions mal si une certaine sorte d'indignation toute sentimentale, en somme assez noble, n'expliquait tout.
Pour nous qui nous sommes donnés, au risque d'encourir quelque mépris à droite et à gauche, de défendre la poésie vivante, nous ne pouvons nous empêcher de trouver que cette manière du surréalisme de hausser la poésie un peu au-dessus des luttes communes, conduit à la rabaisser beaucoup.
Qu'est-ce que ces poètes irresponsables qui, pour faire leurs petits coups de tonnerre, s'embusquent derrière l'inspiration ? Qu'est-ce que ces amoureux professionnels, qui font au nom de l'amour des enfants à la poésie, mais déclinent aussitôt leur paternité ? Qu'est-ce que ces soldats volontaires qui, s'il faut se battre, se font remplacer par leurs ombres, et, pour se tirer d'affaire trouvent cette formule commode de collégien menacé d'un pensum : "Ce n'est pas moi, monsieur..."
Est-ce qu'il n'est pas aussi "inspiré", l'ouvrier de Berlin qui tire sur les Croix-Gammées ou sur les Schupos ? Mais si on le poursuit, il ne convie pas les "intellectuels de gauche" à s'élever contre toute interprétation de son acte "à des fins judiciaires".
- Littérature, nous t'avions reniée sept fois ! Nous t'avions vouée aux stupres et aux ordures ! Nous avions promis de te barbouiller de sang ! Pardon ! Voici Monsieur le Flic. Laisse-nous abriter nos petits corps révolutionnaires dans ton giron !
Paillasses, disent-ils. On les calomniait donc : ils trouvent parfois le mot juste.
Pour nous, nous souscrivons à ces nobles phrases qu'à propos de ce médiocre incident littéraire, Romain Rolland daigna écrire :
"Nous sommes des combattants. Nos écrits sont nos armes. Nous sommes responsables de nos armes, comme nos compagnons ouvriers ou soldats. Au lieu de les renier, nous sommes tenus de les revendiquer. Que chacun de nous soit jugé, individuellement, pour celles qu'il emploie."
Ce qui, d'ailleurs ne nous empêche pas de protester contre des poursuites imbéciles. Imbéciles deux fois. Car si monsieur Aragon était dangereux, ce serait pour la révolution.
Document iconographique
"Luc Durtain", par Simone Dumas