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dimanche 16 février 2014

LES MARCHES DE PROVENCE N°11-12-13 - 1er TRIMESTRE 1913

2e année - N° 11-12-13 (1er trimestre 1913)
[Date de publication : 1er trimestre 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier violet (Tome, Année, Date, Titre, Sous-Titre, Numéro, Thème ["L'Esprit & la Fantaisie"], Collaborateurs du Numéro, Adresse, Prix) - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Directeur, Adresse, Abonnement, Illustrateurs, Mention ("A paraître ensuite : / Avril 1913 : HOMMAGE A JEAN DOLENT, Documents nombreux et inédits / Mai 1913 : LES MAINS QUI PORTENT LE FEU par A. Viouly, préface de M. Alphonse Séché, introducion de J.-A. Coulanges / Juin 1913 : LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE Revue des Lettres par J. M. Bernard, F. Carco, J.-A. Coulanges, A. Verdier, Chroniques bibliographiques / Fin 1913 : LES ÉGLISES DE PROVENCE Diocèse d'Aix par Marcel J. Provence, J.-A. Coulanges, A. Verdier, etc., etc. Préface de Maurice Barrès, pages de Frédéric Mistral, Nombreux dessins inédits de Marcel Arnaud"), Fascicules déjà parus (Opinions sur Frédéric Mistral / 90 réponses, 5 fascicules in 8, 2.50 ; Orange le Théâtre et la Ville / 50 dessins, 1 brochure in 8, 1. ; Tristan Corbière / Documents inédits, 1 brochure in 8, 0.50 ; Léon Bloy / Autographes, documents inédits, 1 brochure in 8, 1. ; Marcel Arnaud, peintre provençal / 7 hors textes, 1 brochure in 8, 0.50 ; Tous les numéros parus, ensemble : 5 francs) - 3e de couverture : Collection des Cinq (Sous le patronage des meilleurs poètes écrivains de l'époque : Mme la comtesse de Noailles, MM. Henry Bataille, Francis Jammes, Henri de Régnier, etc., cette collection publiera régulièrement pendant cinq ans, à raison de cinq volumes par an, des œuvres choisies parmi les "jeunes" peu connus encore ou déjà justement réputés. Ces oeuvres éditées par les soins de la Nouvelle Édition Nouvelle seront tirées à un petit nombre d'exemplaires numérotés et mis en souscription (...) / Aucun volume de cette collection ne sera mis dans le commerce. / Les volumes de luxe ne seront tirés exclusivement que pour les souscripteurs. Le premier volume sitôt paru, il ne sera pas accepté de souscriptions à l'édition de luxe pour la série en cours. / Les volumes de cette collection se recommandent aux bibliophiles et aux curieux par leur présentation et leur haute valeur littéraire. : La Collection des Cinq éditera en premier : / Mai 1913 - AU VENT CRISPÉ DU MATIN par Francis Carco / Juin 1913 - LA FLÛTE FLEURIE par Tristan Derème / Août 1913 - MAUVAIS CHEMIN par Claudien / Octobre 1913 - CONTRERIMES par J.-P. [sic] Toulet / Novembre 1913 - FAMILIÈRES par Jean Pellerin / Et différents ouvrages de : André Salmon (LES CAPRICES), J.-M. Bernard, René Bizet, Henri Dérieux, Émile Zavie, Léon Vérane, etc., etc. / Adresser toutes les souscriptions à M. J.-A. Coulanges, 24, Rue de l'Etrieu - Marseille) ; Pour paraître à la"Nouvelle Édition Nouvelle" (Louis Cappatti : SUR LA COLLINE, poèmes / A. Verdier : POÈMES / François Prieur : LES POUSSIÈRES DU PASSÉ, LES VIEILLES RUES DE MARSEILLE, volume de luxe, 12 hors textes de Marcel Arnaud / Charles Calais : POÈMES / Collection des Marches de Provence / HOMMAGE A JEAN DOLENT / A. Viouly : LES MAINS QUI PORTENT LE FEU préface de Alphonse Séché, introduction de J.-A. Coulanges) - 4e de couverture : Illustration (représentant un clocher), Achevé d'imprimer (le 31 Mars 1913), Imprimeur - Page [152] : muette - Cahier de 14 pages bleues, numérotées, sauf les deux premières, de I à [XII], en fin de numéro : Page [a] (Titre : Bibliographie) ; Page [b] (muette) ; Pages I-XI (Bibliographie : Documents) ; Bas de Page XI (Gérant) ; Page [XII] (muette) - Pagination : 76 pages + Cahier de 14 pages bleues]
Sommaire
L'ESPRIT & LA FANTAISIE
1. - ENQUÊTE - p. [151]-186
*** : Texte du Questionnaire, enquête ["1 - Qu'est-ce que l'esprit ? Qu'est-ce que la fantaisie ? / 2 - Quels furent et quels sont les gens d'esprit ? Quels furent et quels sont les fantaisistes ? / 3 - Pensez-vous qu'actuellement une délimitation bien nette existe entre ces deux genres ? Au profit duquel ? / 4 - Notre esprit et notre fantaisie sont-ils restés purement français ?"] (p. [151])
Francis Carco : L'Esprit et la Fantaisie : Avant-propos, lettre (p. 153)
Pierre Mille : Comment Cham devint nègre, sonnet [Réponse de M. Pierre Mille - précédée des quelques lignes suivantes : "Disserter, mon cher confrère, sur ce qui est, par essence, insaisissable ! J'aime mieux vous envoyer une modeste contribution à votre anthologie ! Voici :"] (p. 154)
OPINIONS
(p. 155-176)
[J.-H. Rosny, aîné ; Henri Bachelin ; Adolphe Aderer (p. 155) ; Louis Nazzi (p. 156) ; Gustave Kahn ; Paul Souday ; Péladan ; Sébastien-Charles Leconte (p. 157) ; Paul Reboux (p. 157-158) ; Marcel Boulenger ; Henri Clouard (p. 158) ; Camille de Sainte-Croix (p. 158-159) ; Edmond Pilon (p. 159) ; Louis Pergaud (p. 159-160) ; Paul Souchon ; Georges Polti (p. 160) ; Han Ryner (p. 160-161) ; Paul Acker ; Henri Mazel (p. 161) ; Georges Delaw ; Cécile Périn (p. 162) ; Henri Duvernois (p. 162-163) ; Jean Royère (p. 163) ; Ernest Gaubert ; Georges Périn (p. 164) ; Dorsennus ; Alain-Fournier ; Henri Béraud (p. 165) ; Charles Derennes (p. 165-166) ; Roger Frêne (p. 166) ; Francis Bœuf ; Camille Mauclair ; Henri Ghéon (p. 167) ; Aurel (p. 168) ; Louis Mandin (p. 168-169) ; Legrand-Chabrier (p. 169) ; Henri Martineau (p. 169-170) ; J.-F. Louis Merlet ; R. Montfort (p. 170) ; Fernand Mazade (p. 171) ; Léon Riotor (p. 171-172) ; Louis Roubaud ; Francis Eon (p. 172) ; Léon Deffoux (p. 173) ; Roger Allard (p. 173-174) ; Andry Farcy (p. 174) ; Gaston Picard (p. 174-175) ; Pierre Mac Orlan (p. 175-176) - cul-de-lampe (p. 176) dessiné par Marcel Arnaud (?)]
René Martineau : Esprit ou Fantaisie, réponse (p. 177-178)
Jean Thogorma : Très opportune votre enquête, les poètes fantaisistes, - en est-il d'autres - sont des gens charmants..., réponse (p. 178-179)
Tancrède de Visan : 1° On s'entend fort bien pour dire que quelqu'un : "C'est un homme d'esprit"..., réponse (p. 179-180)
Georges Normandy : Si paradoxal que cela puisse paraître aux gens superficiels, je crois que les vrais fantaisistes - qui obéissent, avec une facilité et une souplesse rares à toutes les règles - ne sont pas autre chose que des littérateurs ayant un goût exagéré pour la mesure..., réponse (p. 180-181)
Alcanter de Brahm : Est-ce un volume que vous souhaitez ? Ce serait à croire..., réponse (p. 181-183)
QUELQUES LETTRES
(p. 183-186)
[Tristan Bernard ; André Fontainas (p. 183) ; Francis de Miomandre (p. 183-184) ; Paul Hyacinthe Loyson ; Maurice Magre ; Pour Maurice Donnay : Son Secrétaire (p. 184) ; Lucien Rolmer (p. 184-185) ; Jean de Pierrefeu ; Jean de Servières (p. 185) ; Alfred Pouthier (p. 186)]
Marcel Arnaud : [dessin], hors texte [entre les pages 184-185]
2. - ÉTUDES
PARTIE ANTHOLOGIQUE
BIBLIOGRAPHIE
(p. 187-226 + Cahier bleu)
J. Aurélien Coulanges : L'Esprit et la Fantaisie, essai [cul-de-lampe dessiné par Marcel Arnaud (?) (p. 188)] (p. 187-188)
Paul-Jean Toulet : Tercets : 1. Les trois dames d'Albi ; 2. Le Morne aux Girofles (p. 189) ; 3. L'ombre des roses (p. 189-190) ; Contre-rimes : 1. Le Naufragé (p. 190) ; 2. Chronique d'Ithaque (p. 190-191) ; 3. Madrigal (p. 191), poèmes (p. 189-191)
Fernand Divoire : Pour prendre date, poème (p. 192)
Fernand Mazade : L'Accident, conte (p. 193-194)
Émile Cottinet : Fleur de Paris, poème en vers libres (p. 195-196)
Francis Bœuf : Montmartre, poème en prose [à Francis Carco] (p. 196)
*** : Tristan Derème à l'hôpital militaire, une curieuse photographie du poète, photographie [hors texte entre les pages 196 et 197 - dédicacée "à J. Aurélien Coulanges / Directeur des Marches de Provence / Cordialement / Tristan Derème / Déc. 1912"]
Tristan Derème : La Fantaisie et son décor, essai (p. 197-198)
Fagus : Pierrot chante, poème [Fragment de la "Danse macabre"] (p. 199)
Alexandre Mercereau : Renouveau, conte (p. 200-202)
Tristan Leclère (Klingsor) : Humoresque, poème en vers libres (p. 202)
Pierre Mac Orlan : La sirène du Nord, conte (p. 203-204)
Marcel Ormoy : Poème, poème (p. 204)
Gus Bofa : Mac Orlan en tenue de raid, dessin [hors texte entre les pages 204 et 205]
Wittmann : Myriam Meister, dessin [hors texte sur la même page que le précédent]
Tristan Derème : Petit poème, poème (p. 205)
Émile Zavie : Fantaisie et Sentiment, essai (p. 206-208)
Jean-Marc Bernard : Sub Tegmine Fagi : I. Soupir [Pour vous] ; Odelette [A ma prairie] (p. 209) ; 3. La Nuit de deux bons compagnons à Valence-sur-Rhône [A Raoul Monier] (p. 210), poèmes (p. 209-210)
Francis Carco : Après Minuit, nouvelle [à Tristan Derème] (p. 211-212)
Geoffroy : Francis Carco, dessin [hors texte entre les pages 212 et 213]
Francis Carco : Le Souvenir, poème en prose (p. 213-214)
René Dumaine : Sonnet, sonnet [en épigraphe : "C'est un Sonnet..."] (p. 214)
Édouard Gazanion : Caprices : Dancing-Bar ; Paysage, poèmes (p. 215)
Claudien : Voyage, poème en prose (p. 216)
Gabriel-Joseph Gros : Seigneur ayez pitié des roses, poème [daté "Belley, 20 septembre 1912"] (p. 217)
Jean-Marc Bernard : La Tristesse et la Fantaisie, journal [daté "Lyon, 28 Octobre 1912" et "Paris, 19 Novembre 1912"] (p. 218-219)
Jean Cheyre : Chansons : I. Sous nos doigts s'effeuillent les roses... (p. 219-220) ; II. La foudre a frappé... ; III. J'ai dit à mon cœur... (p. 220), poèmes (p. 219-220)
Georges Gaudion : Persaneries [Pour commenter les élégances...] : I. A Bagdad, que le Tigre arrose... ; II. Par les filigranes des cages... (p. 221) ; III. Imagine une ville étrange... (p. 221-222), poèmes (p. 221-222)
Legrand-Chabrier : Pattes de hanneton, nouvelle (p. 223-224)
Ch. Perrès : Madame, la Nuit tombe, sonnet [A Madame A... - en épigraphe : "Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle..."] (p. 225)
Gaston Picard : Poème du Tourment, poème en vers libres (p. 225)
Sfenosa : La Cigale, poème en prose (p. 226)
BIBLIOGRAPHIE
DOCUMENTS [REVUE DE PRESSE]
(p. I à XI du Cahier bleu)
Gaston de Pawlowski : De Comœdia sous la signature de M. G. de Pawlowski qui a bien voulu nous autoriser à les reproduire, ces deux articles du 8 Décembre 1912 et 5 février 1913..., articles (p. I-III)
Francis de Miomandre : Du Journal de Genève sous la signature de M. Francis de Miomandre, le 4 janvier 1913..., article (p. III-IV)
Paul Desanges : Dans La Clarté, M. Paul Desanges écrit..., article (p. IV-VI)
Michel Puy : Les nouveaux poètes fantaisistes, article [précédé du chapeau suivant : "De M. Michel Puy, dans La Vie du 17 janvier 1913, nous détachons ces brèves lignes ; les études de Michel Puy étant à lire en entier."] (p. VI)
Henri Clouard : Un Renouveau de Fantaisie chez les Poètes, article [extrait - précédé du chapeau suivant : "La Revue Critique des Idées et des Livres, a publié de M. Henri Clouard une importante étude sous le titre de "Un Renouveau de Fantaisie chez les Poètes"."] (p. VII-VIII)
Francis Carco : M. Francis Carco, voulant tenter dans le Cahier des Poètes une petite esquisse des poètes indépendants et fantaisistes, écrit..., article (p. IX-X)
Jean-Louis Vaudoyer : Dans le Divan de décembre 1912, M. Jean-Louis Vaudoyer, parlant de Jean Giraudoux, s'exprime ainsi, à propos du domaine de la Fantaisie dans la République des Lettres..., article (p. X-XI)
Documents iconographiques
Dessin de Marcel Arnaud (hors texte)
"Tristan Derème à l'hôpital militaire" (photographie hors texte)
Mac Orlan, par Gus Bofa & Myriam Meister, par Wittmann (hors texte)
Francis Carco, par Geoffroy (hors texte)
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dimanche 26 janvier 2014

LES MARCHES DE PROVENCE N° 5 - JUIN 1912

[Titre : LES MARCHES DE PROVENCE - Sous-Titre : Revue mensuelle de Littérature et d'Art ; puis, à partir de 1913, Cahiers de Littérature et d'Art - Dates de publication : De février 1912 (n° 1) à l'été [?] 1913 (Cahiers 16/18) - Périodicité : Mensuelle puis, à partir de 1913, Trimestrielle [?] - Lieu de publication : Marseille - Format : 250 x 165 mm - Couverture : imprimée en noir sur papier olive illustré, puis, sur papier crème, et à partir du n° 9 (novembre 1912), sur papier violet - Pagination :  variable, de 48 à 76 pages - Prix et abonnements : Le numéro (France) = 0,50 fr. ; Abonnement pour un an (France / Étranger) = 5 fr. / 8 fr. - Directeur-Rédacteur en chef : J.-Aurélien Coulanges - Administrateur : Augustin Richaud - Secrétaire : Paul Myrriam - Secrétaire à Paris : F.-G. Azarian - Comité d'Honneur : Paul Adam, Maurice Barrès, Émile Bergerat, Jules Lemaître, Frédéric Mistral, Willy - Correspondants : Eichelbrenner-Didot, L. Bras, Zalachas, Seigneurie, Louis Santucci (Toulon), L. Gaffié (Londres), G. Detrée (Reims), René-J. Beaudoin (Châtellerault), C. Mauregard (Nîmes), Émile Carpentier (Lille), F. Suzzanni (Ajaccio), H. Belval (Crony-sur-Ourc), Jean Azaïs (Carcassonne) - Collaborateurs [liste non exhaustive - les noms suivis d'une étoile sont ceux qui apparaissent dans la revue comme contributeurs à une enquête] : Paul Acker*, Adolphe Aderer*, Alain-Fournier*, Roger Allard*, Henri Allorge*, Roger d'Arson, Auguste Aumaitre, Aurel*, Jean Azais*, Fernande Azarian, Henri Bachelin*, Edmond Barthélemy, Émile Baumann, Nicolas Beauduin, Henri Béraud*, Jean-Marc Bernard, Tristan Bernard*, Valère Bernard, Léon Bloy, Léon Bocquet, J.-Francis Bœuf, Henri Bordeaux, Marcel Boulenger*, Alcanter de Brahm*, Francis Carco, Charles Carrau, Jean Cheyre, Lucien Christophe, Claudien, Henri Clouard*, Abbé Pient Cornuau, Émile Cottinet, Jean-Aurélien Coulanges, Léon Deffoux*, Georges Delaw*, Edmond Deltour, Tristan Derème, Charles Derennes*, Fernand Divoire, Maurice Donnay*, Dorsennus*, René Dumaine, Henri Duvernois*, Francis Eon*, Jean Faber, Fagus, Andry Farcy*, André Fontainas*, Roger Frêne*, Ernest Gaubert*, Georges Gaudion, Édouard Gazanion, Henri Ghéon*, M. Grivet-Richard*, Gabriel-Joseph Gros, Pierre Jalabert, Gustave Kahn*, Tristan Klingsor, Sébastien-Charles Leconte*, Legrand-Chabrier, Jeanne Léon-Bloy, Paul Hyacinthe Loyson*, Pierre Mac Orlan, Maurice Magre*, Louis Mandin*, Roland Manuel, F.-T. Marinetti*, Jacques Maritain, René Martineau, Camille Mauclair*, Fernand Mazade, Henri Mazel*, Alexandre Mercereau, J.-F. Louis Merlet*, Pierre Mille*, Francis de Miomandre*, R. Montfort*, René Morand, Ch. Moy, Jean Muller, Paul Myrriam, Georges Normandy, Olivier-Hourcade*, Marcel Ormoy, Joséphin Péladan*, Louis Pergaud*, Cécile Périn*, Georges Périn*, Ch. Perrès, Léonce Petit, Alexandre Peyron*, Gaston Picard, J. de Pierrefeu*, Edmond Pilon*, Georges Polti, Charles de Pomairols*, Alfred Pouthier, Marcel Prouille, Rachilde, Paul Reboux*, Maxime Revon, Léon Riotor*, Lucien Rolmer, J.-H. Rosny aîné*, Louis Roubaud*, Jean Royère*, Han Ryner*, Camille de Sainte-Croix*, Henriette Sauret, Jean de Servières, Sfenosa, Paul Souchon*, Paul Souday*, Henri Strentz, Jeanne Termier-Boussac, Jean Thogorma*, Paul-Jean Toulet, Pieter van der Meer de Walcheren, Léon Vérane, A. Verdier, Robert Veyssié, Pierre Vierge*, Alphonse Viouly, Tancrède de Visan*, Émile Zavie - Illustrateurs : Marcel Arnaud, Gus Bofa, Francis Carco, Andry Farcy, Geoffroy, Wittmann - Numéros spéciaux : Orange et son Théâtre antique (n° 6, juillet 1912), Tristan Corbière (n° 7, septembre 1912), Léon Bloy (n° 8, octobre 1912), Marcel Arnaud (n° 10, décembre 1912), L'Esprit et la Fantaisie (n° 11-12-13, 1er trimestre 1913) - Adresse : 24, rue de l'Etrieu, Marseille - Éditeur : E. Basset & Cie, éditeurs, 3, rue Dante, Paris - Gérant : J.-B. Sasia - Imprimeur : Imprimerie spéciale des Marches de Provence, boulevard de Roux, 12 (Marseille)]

1re année - N° 5 (Juin 1912)
[Date de publication : Juin 1912 - Couverture : Imprimée en noir sur papier olive illustré (Année, Numéro, Prix, Date, Titre, Sous-Titre, Collaborateurs du Numéro, Adresse, Éditeur) - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre, Adresse, Mention ("Paraissant sur 24 - 32 - 40 - 48 pages"), Comité d'Honneur, Directeur-Rédacteur en chef, Administrateur, Secrétaire, [4 noms cités sans fonction définie : P. F. Dehorn, Alfred Leuzair, R. de la Tour-du-Breuil, Marius de Bernardy], Collaborateurs (Henri Allorge, Guillaume Apollinaire, Roger d'Arson, Auguste Aumaitre, Henri Bachelin, Nicolas Beauduin, J. Marc Bernard, Léon Bocquet, Hippolyte Brau, H. Buriot-Darsilès, Francis Carco, R. Le Cholleux, Lucien Christophe, Henri Clouard, Léon Deubel, Fagus, Hector Fleischmann, Paul Fort, Roger Frène, René Georgin, Auzias Jouveau, Marius Jouveau, Sébastien-Charles Leconte, Louis Mandin, Georges Martin, Roland Manuel, Henri Martineau, A. Merlac, J. F. Louis Merlet, Marcel Millet, Eugène Montfort, Jean Muller, Louis Nazzi, Louis Pergaud, Alex. J. Peyron, Gaston Picard, M.-C. Poinsot, Armand Praviel, Marcel Prouille, Michel Puy, Valentine de Saint-Point, Stéphane Servant, André Spire, Henri Strentz, Sylvain Royé, Jean Thogorma, Léon Vérane, Robert Veyssié, Achille Vidal, Léopold Vidau, Alphonse Viouly, Grivet-Richard, Marcel Hervieu, A. Verdier, Bonnafons, Lucien Rolmer, André Lafon, Dominique Combette, Pierre Jalabert, Georges Poncelet, Charles Carrau), Secrétaire à Paris, Correspondants, Mentions ("Les manuscrits insérés ou non ne sont pas rendus. / Chaque auteur est responsable de ses articles. / Il sera rendu compte de tout ouvrage adressé à la Direction. / Les Marches de Provence sont essentiellement indépendantes et ne sont le champion d'aucun dogmatisme, elles sont ouvertes à toutes les formes de l'art pourvu qu'elles soient sincères."), Abonnements, Prix, Mention ("Adresser toutes communications, lettres, manuscrits, etc. à M. J.-Aurélien Coulanges, 24, rue de l'Etrieu, Marseille"), Éditeur - 3e de couverture : Revues à lire (La Française, La Revue Française, Alceste, Le Beffroi, Les Entretiens Idéalistes, L'Oasis, Salon des Poètes Méridionaux, Les Droits de l'Homme, La Coopération des Idées, Revue du Traditionnisme, La Mêlée, Les quatre Dauphins, Les Bandeaux d'Or, L'Effort, Les Marches de l'Est, Les Loups, Les Marges, Le Divan, L'Ile Sonnante, Les Facettes, Scoenia, Les Rubriques Nouvelles, Les Cahiers du Centre, La Renaissance Contemporaine, L’Œil de Veau, La Revue Septentrionale, L'Heure qui Sonne, Les Annales du Progrès, Vers et Prose, La Revue de France et des Pays Français, Argus de la Presse, Le Courrier de la Presse) - 4e de couverture : Page publicitaire ("Basset & Cie, Libraires-Éditeurs, 3, rue Dante, Paris [extrait du catalogue : Ouvrages d'actualité]") - Cahier de 4 pages bleues, numérotées de XVII à [XX], en fin de numéro : Pages XVII-XIX (Échos) ; Bas de Page XIX (Imprimeur-Gérant, Encart publicitaire pour "L'Ancre" assurance contre la maladie) ; Page [XX] (Page publicitaire pour "Ternant, eau minérale naturellement gazeuse") - Pagination : 48 pages + Cahier de 4 pages bleues]
Sommaire
OPINIONS SUR FRÉDÉRIC MISTRAL
(Suite et Fin) - p. 193-199
Marcel Arnaud : Frédéric Mistral, dessin (p. 193)
Henri Allorge : Mistral, ton œuvre est la grenade fraîche aux lèvres..., poème (p. 193)
F.-T. Marinetti : Je suis enchanté de déclarer une fois de plus..., réponse (p. 193-194)
Charles de Pomairols : Je me sens très honoré d'être invité par vous à formuler mon appréciation..., réponse (p. 194)
Olivier-Hourcade : Votre question, mon cher confrère, m'a forcé..., réponse (p. 194)
M. Grivet-Richard : Mistral est immortel..., réponse (p. 195)
Léon Vérane : Mistral est un grand et pur poète..., réponse (p. 195)
Alexandre Peyron : Il peut sembler prétentieux et téméraire..., réponse (p. 195)
Jean Azaïs : On a traité Mistral de grand poète français..., réponse (p. 195)
Pierre Vierge : Que dire de Mistral qui cent fois n'ait été répété ?..., réponse (p. 196-199)
Francis Carco : Binet-Valmer, essai (p. 200-202)
Henriette Sauret : Port-Cros, sonnet (p. 202)
Jean de Servières : Agrippine, sonnet [en pied de poème, dessin de Marcel Arnaud] (p. 203)
Henri Strentz : Dans notre kiosque en bambous, conte [en épigraphe, citation de Paul Verlaine : "Genoux, petites têtes d'anges..." - extrait de L'Ironique Tendresse - sous la signature, dessin de Marcel Arnaud] (p. 204-205)
J.-Aurélien Coulanges : L'Art à Marseille : Les deux Salons [Prolégomènes (p. 206) - Salon de Mai (p. 207-209) - La Dix-septième (p. 209-212) - Le Syndicat d'Initiative de Provence (p. 212-213) - dessins de Marcel Arnaud (p. 209 et 213)], comptes rendus (p. 206-213)
Valère Bernard : Balado doû Boûmian / Ballade du Bohémien, poème [en provençal (p. 214) avec sa traduction en français (p. 215) - cul-de-lampe dessiné par Marcel Arnaud (p. 215)], comptes rendus (p. 214-215)
Auguste Aumaitre : Charles Péguy et "le Mystère de la Charité de Jeanne-d'Arc", essai (p. 216-219)
Pierre Jalabert : L'Automne sur le lac, sonnet (p. 219)
Edmond Deltour : L'Impératrice (Vitrail), sonnet [illustré d'un dessin de Marcel Arnaud] (p. 220)
A. Verdier : Le Pêcheur Pauvre, conte [daté "Mai 1912" - dessin de Marcel Arnaud en pied de conte] (p. 221-224)
Alphonse Viouly : La Prose (suite), essai [cul-de-lampe dessiné par Marcel Arnaud] (p. 225-229)
CHRONIQUES DU MOIS
Jean-Marc Bernard : Livres de Prose [Quelques notes seulement, aujourd'hui, écrites en marge de petits livres que j'ai lus et feuilletés avec plaisir ou ironie. ; André du Fresnois : Une Étape de la Conversion de Huysmans, Dorbon aîné, Paris, 2 fr. ; Marcel Drouet : Quelques feuillets du livre juvénile, E. Figuière, Paris, 3 fr. 50 ; Pierre Balsac : La marche à l'absolu, Émile Larose, 3 fr. 50 ; René des Pomeys : L'Illustre Athanase Bonsang, E. Figuière, Paris, 2 fr. 50 ; Émile Henriot : L'Instant et le Souvenir], comptes rendus (p. 230)
Fernande Azarian : Théâtres [sur la représentation de l'Hélène de Sparte de Verhaeren - cul-de-lampe dessiné par Marcel Arnaud] (p. 231-233)
Gaston Picard : Lettre de Paris, actualité (p. 234)
Lucien Christophe : Lettre de Belgique : Réflexions sur le Théâtre belge [sur la représentation au Châtelet d'Hélène de Sparte de Verhaeren ; manifestation en l'honneur de Maeterlinck à la Monnaie ; l'échec des Moulins qui chantent chez Réjane ; les succès de Damme en Flandre de P. Spaak et des Biens de Gust van Zype, au Parc à Bruxelles] (p. 235-238)
Ch. Moy : Lettre de Londres : La mort de la Malibran (p. 238-240)
Marcel Prouille : Court Billet à la Lectrice très occupée, lettre fictive (p. 240)
***, Paul Myrriam : Échos [Le N° 6 des "Marches de Provence" sera entièrement consacré à ORANGE et son THÉÂTRE ANTIQUE... ; Concours littéraire. - L'Académie des Jeux floraux de Provence, sous le patronage de Frédéric Mistral, ouvre un nouveau concours littéraire... - (p. XVII) ; Un monument à Tristan Corbière. - L'été prochain, on élèvera, à Morlaix, un monument à Tristan Corbière, en associant au souvenir du poète des Amours Jaunes, d'Armor, des Gens de Mer, le souvenir de son père, l'auteur du Négrier, des Pilotes de l'Iroise, le fondateur du roman maritime, Édouard Corbière. / Le monument consistera en un double médaillon dont l'éminent statuaire Émile Bourdelle a bien voulu assumer l'exécution... - (p. XVII-XVIII) ; Chez les éditeurs. - Saint-Gilles : Sa Légende, Son Abbaye, Ses Coutumes, par J. Charles-Roux, président de la Compagnie Générale Transatlantique, vice-président de la Compagnie du Canal de Suez. 1 vol. in-16 carré de 405 pages, orné de 89 illustrations. Bibliothèque Régionaliste, Frédéric Charpin, directeur, Bloud et Cie, éditeurs. / L'humble vie héroïque, par Romain Rolland : Pensées choisies et précédées d'une introduction par Alphonse Séché (Collection des Glanes Françaises). 1 volume petit in-12 couronne, 1 fr., Paris, E. Sansot et Cie. - (p. XVIII) ; Livres reçus dont il sera parlé ultérieurement (liste) ; Chez nos Confrères. - Bernard Naudin : L'étude de Paul Cornu qui paraît dans les cahiers du centre sur ce dessinateur mérite toute notre sympathie. L’œuvre de Bernard Naudin est originale et tendre... - signé Paul Myrriam ; Revues reçues : Les Cahiers de l’Amitié de France, Marseille Universitaire, Le Flambeau, Le Farfadet, Arthénice, La Revue Indépendante, Le Moniteur Maritime, Ombres et Formes, Le Florilège, Les Hommes du Jour, L'Action Régionaliste, Art et Travail, Burdigala, Dramatica, Isis, Les Feuillets, Les Veillées d'Auvergne, Livres et Art, Alceste, Les Rubriques Nouvelles, Massilia, L'Hexagramme, Le Lien, Revue du Traditionnisme, Les Facettes, L'Ami de Paris, Revue des Études, Le Tout-Marseille, Arts et Sciences, La Revue de France, L'Italie Illustrée, Le Journal Artistique, Le Nain Jaune, Les Chroniques de Provence, etc. etc. - signé Le Sénéchal de Provence (p. XIX)] (p. XVII-XIX)
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samedi 25 janvier 2014

DOCUMENT : LETTRE-CIRCULAIRE DE J.-AURÉLIEN COULANGES A GASTON PICARD (FIN 1912)

D'un petit lot de lettres adressées à Gaston Picard, par divers directeurs ou rédacteurs en chef de revues, j'extrais aujourd'hui un intéressant document. L'essor des revues, dans la fin du siècle avant-dernier, et leur anarchique explosion dans les premières années du suivant, ont accompagné le développement d'un genre nouveau : l'enquête littéraire. Depuis la célèbre enquête sur "l'évolution littéraire" menée par Jules Huret, alors journaliste à l’Écho de Paris, elles n'ont eu de cesse de proliférer. Les quotidiens s'en sont naturellement emparé et ont donné à quelques-unes d'entre elles une visibilité non négligeable, jouant sur une publication quasi-feuilletonnesque des réponses ; mais les petites revues ne furent pas en reste. Elles sont nombreuses, celles qui accordèrent place, dans leurs sommaires, à des enquêtes. Il pourrait être amusant, autant qu'édifiant, d'en faire une bibliographie. Je ne le tenterai pas, mais pour aider le farfelu bibliographe qui déciderait de s'y coller, je veux donner une liste des enquêtes parues dans les titres déjà mis en ligne ici.
Voilà une liste condamnée à s'étirer. Et pas plus tard que maintenant. En effet, la lettre-circulaire, que je reproduis ci-dessous, contient justement le libellé et le questionnaire d'une enquête. Il s'agit du document que le directeur des Marches de Provence, J.-Aurélien Coulanges, adressa aux personnalités littéraires dont il lui importait d'obtenir l'opinion. L'enquête porte sur "l'esprit & la fantaisie". Les poètes fantaisistes sont alors à la mode. Michel Décaudin rappelle dans son anthologie, Les poètes fantaisistes (à laquelle nous empruntons les informations qui suivent), parue chez Seghers en 1982, que le qualificatif est apparu d'abord sous la plume de Tristan Derème au détour de la "lettre de France" qu'il donne à la revue londonienne Rhythm en août 1912, et dans laquelle il démêle les différentes tendances de la jeune poésie, distinguant "fantaisistes (MM. Carco, Pellerin, Léon Vérane, etc.)" et "indépendants (MM. Frêne, Puy, Deubel, Salmon, Mandin, Spire, etc.)". Le mot fait immédiatement fortune. Carco consacre un article aux "Indépendants et Fantaisistes" dans le premier numéro du Cahier des Poètes (novembre 1912) ; Alphonse Séché constate, dans La Grande Revue du 10 novembre, que la fantaisie est "la morale du jour, la tournure d'esprit à la mode" ; Les Marches de Provence dédie une livraison entière aux poètes fantaisistes et y publie son enquête sur "l'esprit & la fantaisie" ; en mai 1913, c'est au tour des Facettes de Léon Vérane ; puis de Vers et Prose, en octobre-novembre. Indépendants et Fantaisistes, souvent, se confondent. Ce qui définit la nouvelle école ? Le souci de laisser libre court à l'imagination dans le respect des cadres traditionnels de la poésie française. Selon cette stricte définition, Apollinaire et Max Jacob ne peuvent être comptés véritablement parmi les fantaisistes. Ils furent bien plutôt des indépendants.

Mais revenons à notre document du jour. L'exemplaire en a été retrouvé dans les papiers de Gaston Picard. Le voici désormais sur le blog :
Celui qui fut bientôt surnommé "le prince des enquêteurs", ne pouvait naturellement que répondre. En attendant de livrer le détail de quelques numéros des Marches de Provence aux visiteurs, voici déjà l'opinion de Gaston Picard, hyperactif meneur et collaborateur de revues :
Ce n'est point une enquête, mais un interview.

Je suis dans la situation de ce monsieur qui venait d'assassiner sa mère, et auquel un reporter demandait : - Aimez-vous les sports ?, donnez-moi une définition du "footing". -

Qu'est-ce que l'esprit ? une qualité éminemment française. Mais tous les français ne sont pas nécessairement des gens d'esprit. Il y a beaucoup d'imbéciles en France. Encore que les imbéciles soient peut-être les véritables gens d'esprit ?

La fantaisie ? mais l'expression essentielle de l'esprit. Ce mot peut prêter - comme tous les mots - à bien des définitions. On peut être un fantaisiste, et n'avoir pas d'esprit.

Ce satyre qui tenta de dévorer la cuisse de sa victime, c'était un fantaisiste du crime. Il était cependant dépourvu d'esprit.

Donc une délimitation entre la fantaisie, d'une part et l'esprit de l'autre ; si elle ne s'impose pas généralement, quelque fois existe.

Que je nomme des gens d'esprit ? Ce sera faire de la peine à tous ceux qui s'en croient pourvus, car il y a des gens convaincus qu'ils ont de l'esprit. J'ai connu un critique qui disait : "Moi je suis rosse" - Le pauvre garçon !

Je nommerai donc, en tant que poètes fantaisistes, Adoré Floupette, Makoko Kangourou, la Négresse Blonde, franchement fantaisistes, et parmi ceux qui allient une fantaisie souriante mais émue, à leurs vers, Francis Carco, Jean-Marc Bernard, Marcel Ormoy.

Et dans les prosateurs ? G. de Pawlowski, Willy, Henri Duvernois, André Billy et Jean de l'Escritoire ; Paul Reboux et Charles Müller dans "A la manière de..." ; Erik-Satie, un fantaisiste admirable ; Georges Courteline ; Paul-Adrien Schayé, qui a écrit cette délicieuse petite chose "Gribiche", Georges Martin, et d'autres... d'autres...

Sans doute, notre esprit et notre fantaisie sont restés purement français, Marc Twain est bien amusant. Mais il nous amuse sans nous influencer.

Et puis, il y a tous les fantaisistes, tous les gens d'esprit, qu'on ne connaît pas, qui s'ignorent complètement eux-mêmes, tout ce monde dont un Huard, un Abel Faivre, ont si justement rendu le profond le douloureux comique.
GASTON PICARD
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mercredi 10 juillet 2013

DOCUMENT : CARTE DE TRISTAN DERÈME A J.-AURÉLIEN COULANGES [?] (23 MAI 1913)

On se souvient peut-être que le premier document publié en ces lieux - une lettre de Charles Callet à Francis Eon - appartenait en quelque sorte, par son rédacteur et par le souci du collectif qui y présidait, à la préhistoire de L'Ile Sonnante. Celui que nous donnons aujourd'hui relève davantage de son histoire et annonce même le devenir - encore imprécis - de la revue. L'Ile Sonnante était née trois ans et demi plus tôt, son premier numéro portant la date du 5 novembre 1909. En mai 1913, elle en est à sa vingt-neuvième livraison ; autant dire qu'elle est parvenue à se faire une place estimable dans le concert des petites revues de l'avant-guerre. Michel Puy, jusqu'alors seul directeur, s'est adjoint en février de cette même année, les poètes Tristan Derème et Roger Frène, qui participaient déjà activement, depuis 1910, au comité de rédaction. Ce dernier, tout au long de son existence, fut à géométrie variable ; car L'Ile Sonnante fut une entreprise collective qui associa de beaux talents.
Le catalogue d'autographes où nous l'avons repérée, précisait que la carte de Derème était adressée à Paul Fort. Elle se trouvait, en effet, dans un lot de lettres adressées au Prince des Poètes. Sa lecture détaillée nous conduit toutefois à penser que Paul Fort n'en est pas le destinataire. Bien que l'adresse à "Mon cher Directeur" pût parfaitement convenir au directeur de Vers et Prose, une mention, probablement incomplète, du titre de la revue dirigée par le destinataire ("vos Marches"), quelques lignes plus loin, semble de facto écarter l'hypothèse Paul Fort. Par ailleurs, un ajout à l'encre, au verso de la carte, d'une date - sans doute de réponse - ne rappelle pas l'écriture caractéristique du poète des Ballades Françaises. Qui est alors le correspondant de Tristan Derème ? A l'évidence, le directeur d'une revue, et d'une revue dont le titre comporte le mot "Marches". Voilà qui permet de réduire le champ de recherches, mais qui ne suffit pas à avancer un nom. Il y eut, en effet, pas moins de trois revues dont l'intitulé commençait ainsi ; citons Les Marches du Sud-Ouest, Les Marches de l'Est, Les Marches de Provence. Sans doute peut-on éliminer la première qui devint après 1911 La Revue de France et des Pays français. Restent les deux suivantes, bien vivaces en 1913. Les Marches de l'Est, dirigée par Georges Ducrocq, fut créée la même année que L'Ile Sonnante. Elle s'éteindra, comme bien d'autres, à la déclaration de guerre. Les Marches de Provence avait été fondée plus récemment par J.-Aurélien Coulanges, en 1912. Plus éphémère, son dernier numéro porte la date du 3e trimestre 1913. S'il n'est pas possible d'écarter totalement Les Marches de l'Est, les indices ne manquent pas qui plaident pour un rapprochement des rédactions de L'Ile Sonnante et des Marches de Provence. L'examen des quelques numéros de cette dernière, en notre possession, montre que plusieurs des collaborateurs réguliers de la première collaboraient aussi à la seconde.  Par ailleurs, Les Marches de Provence consacra son triple cahier du premier trimestre 1913 aux poètes fantaisistes. Les noms de Louis Pergaud, Michel Puy, Francis Carco, Tristan Derème, Roger Frène, directeurs ou membres du comité de rédaction de L'Ile Sonnante, figuraient au sommaire. Notons que J.-Aurélien Coulanges dirigeait parallèlement la toute jeune "Collection des 5" (Nouvelle Édition Nouvelle) qui se proposait d'éditer à petit nombre, et soumis à souscriptions, des ouvrages de poètes fantaisistes, comme Carco, Toulet, Derême, Léon Vérane, Jean-Marc Bernard, etc. Les Marches de Provence annonçaient pour paraître en juin 1913 La Flûte Fleurie de Derème. Il paraît juste de penser que les souscriptions annoncées dans la carte de ce dernier pussent concerner l'édition de cette plaquette. Une dernière trace des relations de Derème et de Coulanges se trouve dans le catalogue de la Bibliothèque Littéraire Albert-Louis Natural (vente du 8 décembre 2009) qui signale un envoi du premier au second sur Le Poème de la pipe et de l'escargot (Tarbes, Lesbordes, 1912) : "A Monsieur J. Aurélien Coulanges, Directeur des Marches de Provence".

Le destinataire de la carte de Derème serait donc J.-Aurélien Coulanges. Comment s'est-elle retrouvée dans un lot de lettres adressées à Paul Fort ? C'est une toute autre histoire que nous ne tâcherons pas d'élucider. Il est temps, en effet, de donner le texte de cet intéressant document :
23 Mai 1913.
CAZERES-sur-GARONNE
Haute-Garonne
TRISTAN DERÈME
Mon cher Directeur,
Toujours à la hâte, hélas !... Vous avez dû recevoir souscriptions de M. Peyré et Mme Sandrin. - Je vous soumets un projet, entre nous (n'en soufflez mot !). Michel Puy rêve de réunir en une seule plusieurs revues, les Soirées de Paris, le Gay Sçavoir, notre groupe. Il est fatigué et voudrait que la Direction de l'ensemble passât en d'autres mains que les siennes. - Je vous écris sans qu'il le sache, mais cela vous irait-il de diriger le tout ? Je vous serais tout dévoué dans la circonstance. Pour les Soirées de Paris, je doute que Billy lâche cela ; le Gay Sçavoir, je ne sais rien, mais supposez qu'on réunisse les vos Marches, les Facettes et l'Ile Sonnante, vous en tête, ce serait entre vos mains une belle revue. Qu'en pensez-vous ? Croyez-vous que Vérane y consente pour sa part ? Voyez si cela vous sourit ; je pense faire suivre l'Ile.
Bien à vous
T. Derème
Ce qui semble présider au souhait d'un tel regroupement est l'esprit de fantaisie qui, à des degrés divers, anime chacun de ces titres. Les Soirées de Paris (février 1912 à juillet-août 1914), dirigée par André Billy jusqu'en février 1913, fut créée autour d'Apollinaire. Carco et Derème, notamment, y collaborèrent. Le Gay Sçavoir (10 mars 1913 à 15 mai 1914) fut fondée par Henri Strentz ; on retrouve dans ses sommaires les noms d'Apollinaire, de Roger Frène, de Louis Pergaud, de Michel Puy et de Léon Vérane, le directeur des Facettes (1912-1946), revue toulonnaise de belle tenue.

Nous ignorons jusqu'où furent menées les tractations et quelle fut la réponse de J.-Aurélien Coulanges ; toujours est-il que la fusion entre les cinq petites revues ne se fit pas. Il n'y eut de rapprochement effectif qu'entre L'Ile Sonnante et le Gay Sçavoir ; et à ce point effectif que cette dernière absorbera la première en janvier 1914.
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