dimanche 13 février 2011

LA REVUE DORÉE N°10 & 11 - AOÛT & SEPTEMBRE 1902

LA REVUE DORÉE
Nouvelle série - N°10-11 (Août-Septembre 1902)
[Date de publication : Août-Septembre 1902 - Couverture : Prix du numéro (Ce numéro : 80 centimes), Double numérotation (Troisième année (Tome VI), N°30 et 31 [suite de la numérotation de L'Effort de Paris] ; Nouvelle série, N°10 et 11, Août et Septembre 1902), Titre, mention (Ancien "Effort de Paris"), Sommaire, Adresse et Téléphone - 2e de couverture : Titre, Périodicité ("Paraît chaque mois"), Abonnements, Administration, "Les manuscrits, les livres et les revues doivent être adressés à M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. / Les abonnements, réclamations, changements d'adresse, à M. René JEAN, administrateur, 108, boulevard Haussmann", Présentation (La revue dorée, grâce à sa brillante collaboration, est la tribune véritable où s'exposent les tendances de la littérature moderne. / La revue dorée accueille tous les talents, sans distinction de groupes ni d'écoles. / La revue dorée est absolument indépendante et en dehors de toute politique ; il y sera traité de toutes les questions de Littérature, d'Art, de Critique, de Sociologie, de Philosophie, de Science, etc."), "Les manuscrits ne sont pas rendus.", "Jours de réception : les lundis et jeudis de 5 h. 1/2 à 7h. du soir (Téléphone 294-70)" - 3e de couverture : Encarts publicitaires pour "Étude G. Klein et Cie", " Gardella, Graveur héraldiste", "Toutes les élégantes soucieuses de leur beauté emploient le Glyco-Rose (Fluide adoucissant)" ; En vente aux bureaux de la Revue dorée : Les petites heures, poèmes de Georges Casella. Couverture illustrée de P.-F. Namur. 3,50 / Diptyque, par Madeleine de Valcombe, roman, format gd in-8°. Couverture de P.-Franz Namur. 3,00 / Le dégoût, poésies de J. Duchange. 3,00 / Hymne d'amour, poème de Jacques Duchange. 3,50 / La télégraphie sans fil expliquée au public, brochure grand in-8° illustrée, par Richard Popp. 1,50 / Sous presse : Un homme à l'amour, roman illustré de 35 dessins, par José Engel, édition de luxe sur papier glacé. En souscription. 3,50 - 4e de couverture : Vient de paraître : Georges Casella / Les petites heures / Éditions de la Revue dorée / Librairie J. Victorion, 4, rue Dupuytren, Paris, 1902 - 4 pages bleues non numérotées en fin de numéro : Page [I] ("Maison artistique du Phonographe Edison" ; Sommaire du numéro de Juillet) ; Page [II] (Publicités pour "Installations Électriques : Maison spéciale, 108, boulevard Haussmann", "Royale Reinette ! Liqueur exquise à base de vieille eau-de-vie de cidre / Menthe-Pastille tonique rafraîchissante" ; Page [III] ("Bières du Nord / Grande Brasserie centrale de Clary-en-Cambrésis / Demandez tous la Bière Brasseur" ; "Accumulateurs M. P. Transportables / S'adresser pour démonstration et renseignements, 108, boulevard Haussmann" ; Coupures de journaux : Le Courrier de la Presse / L'Argus) ; Page [IV] (La Renaissance Latine [Sommaire du numéro de Septembre 1902] ; Va paraître : La Revue Théâtrale, La plus luxueuse, la mieux informée, la mieux illustrée ; Spectacles [programme des théâtres]) - Pagination : 62 pages + 2 pages muettes]
Sommaire
ENQUÊTE SUR LA COURTISANE (p. [1]-25)
[A la suite d'événements récents, la Revue dorée a ouvert une enquête sur l'utilité et l'influence de la courtisane. / Les questions posées sont : / I. Pensez-vous que l'influence des courtisanes soit favorable au développement des civilisations et que cette influence ait été réelle et efficace sur les civilisations qui nous précédèrent ? / II. Croyez-vous que la présence des courtisanes dans la cité, soit conforme à l'évolution des sociétés modernes ? / III. Êtes-vous partisan de l'ingérence de l'État dans la vie des courtisanes ? / Voici par ordre alphabétique, les premières réponses qui sont parvenues à M. Georges Casella. (p. [1])]
Réponses de : Paul Adam (p. [I]-3), Maurice Barrès (p. 3), Marcel Boulenger [daté "Chantilly, 31 août"] (p. 3-4), Félicien Champsaur [daté "Saint-Martin Vésuvie, 23 août"] (p. 5), Diraison-Seylor [daté "Portsall, 28 août"] (p. 6-7), Franc-Nohain (p. 7), Ernest Gaubert (p. 7-8), J.-C. Holl (p. 8-9), René Jean (p. 9-11), Jean de la Hire (p. 11-12), Charles Léandre (p. 13), André Lebey [daté "de Venise"] (p. 14), Georges Lecomte [daté "Merville, 1er septembre 1905"] (p. 14-16), Jean Lorrain [daté "Plombières, ce 31 août"] (p. 16), Henri Malo (p. 17), Robert de Montesquiou (p. 17-19), Louis Payen (p. 20-21), Edmond Pilon (p. 21-23), Rachilde (p. 23-24), Octave Uzanne [daté "Saint-Pierre-en-Port, ce 24 août 1902"] (p. 24-25) ["Lire la suite de l'enquête sur la Courtisane dans le prochain numéro de la Revue dorée, auquel nous reportons les réponses de MM. Henry de Régnier, Willy, Binet-Valmer, Jacques Duchange, Albert Erlande, A. Gilbert de Voisins, Paul-Louis Garnier, Marcel Batillat, Edmond Jaloux, Gaston Salandri, Pierre de Querlon, etc... etc.]
Jacques Duchange : Le Fou (p. 26-28)

Frédéric Lamm : Ancêtres (p. 29-32)

Achille Segard : D'après Goya, poème [daté "Madrid, 1900"] (p. 33-34)

André Malécot : Odelettes familières : Nocturne [daté "10 juin 1902"] (p. 35-36), Méprise [daté "26 juin 1902] (p. 36), poèmes (p. 35-36)
Louis Payen : L'enfant malade, poème (p. 37)
Marcel Clavié : Offrande, poème [A la très chère] (p. 38)

J.-C. Holl : Tombée du soir, poème [daté "Mars 1900"] (p. 38-39)

Henry Alix : Regrets, poème (p. 39)
CHRONIQUES
Henri Malo  : Le Théâtre [La Compagnie Fermière (vallée du Mont-Dore) : Blanchette, l'Honneur ; sur la qualité des spectacles et l'influence d'Antoine en province] (p. 40-41)
P[ierre]. de Querlon, Louis Payen, Georges Casella : Les Livres [La Confession de Nicaise, par Pierre Valdagne (Librairie Ollendorff) - p. 42-43 ; Réflexions sur Nietzsche, par Paul-Louis Garnier (Édition de l'Ermitage) - signé P. de Querlon, p. 43 ; Poèmes de Chevreuse, par Henri Degron - p. 43-44 ; La Liaison fâcheuse, roman par Pierre de Querlon - p. 44 ; L'Immoraliste, par André Gide - p. 45-46 ; La banale Histoire, par Léon Bocquet - signé Louis Payen, p. 46 ; Les Vies parallèles, roman de Grande Ville, par Marius-Ary Leblond (Eugène Fasquelle, éditeur) - p. 46-47 ; La Foi nouvelle, recueil de poèmes, précédé d'un manifeste par les poètes de l'École Française (Eugène Fasquelle, éditeur) - p. 47 ; L'Arriviste, roman, par Félicien Champsaur (Albin Michel, éditeur) - p. 48 ; Histoire de Lucie, fille perdue et criminelle, par Saint-Georges de Bouhélier (Eugène Fasquelle, éditeur) - signé G. C., p. 48-49 ; La Vie d'un Poète, Essai sur Lenau, par Jacques Saly-Stern - p. 49-50 ; Diptyque, par M. de Valcombe (Revue dorée, éditeur) - p. 50-51 ; Hélène (Mercure de France, éditeur), Le Jasmin (Renaissance latine, éditeur) - p. 51-52 ; Le Triomphe de la Rose, par Maxime Formont (Lemerre, éditeur) - p. 52 ; Les Passantes, par François de Nion (Revue blanche, éditeur) - signé Georges Casella, p. 52-53 ; Six antans d'ingénuité, par Paul d'Orfeuil - signé G. C., p. 53-54 ; La Chevauchée d'Hélios, par Claudius Laroussarie - p. 54] (p. 42-54)
Richard Popp : La Science [La Télégraphie sans fil expliquée au public (suite) - A suivre] (p. 54-59)
René JeanLes Revues [La Renaissance latine progresse chaque jour. Son numéro d'août contient des articles du plus haut intérêt... ; Dans La Plume René-Albert Fleury chante les splendeurs de nos cathédrales gothiques... ; Les Poèmes seront lus par tous ceux qu'attire la magique sonorité des vers : Henri de Régnier y publie un magnifique sonnet... ; L'œuvre d'art international : La vie poétique à Lille de Léon Bocquet... ; La Revue Septentrionale : Une étude sur Jules Breton... ; Aujourd'hui, des notes d'art d'Edmond Pilon... ; Le Penseur : l'âme maternelle de J.-C. Holl ; Le poète somptuaire, H. Fleischmann, remplit les colonnes de La Flamme et de La Revue Mauve du bruit de ses colères... ; L'action Méridionale : E. Gaubert, H. Rigal, etc. ; La Revue Provinciale : Albert Vidal, Paul Villa ; La Revue du Bien, La Critique, La Simple Revue, l'Idée Libre, La Pensée, La Revue Libre, La Revue Stéphanoise, Le Sonnet, Le Promontoire, La Sylphide, Le Gotha Français, etc., etc. ; Dans Le Tout-Lyon, ces vers de Pol Levengard adressés à Hector Fleischmann... (p. 60-61)
*** : Échos [Notre confrère, M. Victor Thomas, sous ce titre : L'Épreuve a eu l'initiative de grouper les reproductions des œuvres principales des maîtres hollandais et flamands. Il faut le remercier d'avoir eu l'heureuse idée de mettre à la portée de tous cette merveilleuse flore artistique. La revue d'art, L'Épreuve, paraîtra prochainement.] (p. 62)

samedi 12 février 2011

LA REVUE DORÉE N°2 - DÉCEMBRE 1901

[Titre : LA REVUE DORÉE - Née de la fusion de : L'Effort de Paris et de Messidor - Dates de publication : Novembre 1901 (n°1) à mars 1903 (n°17) ou juin 1903 - Périodicité : mensuelle - Lieu de publication : Paris - Format : 140 x 225 mm - Couverture : imprimée en marron ou doré sur couverture beige - Pagination :  variable ; pagination suivie - Prix et abonnements : Le numéro = 50 centimes ; Abonnement = 6 francs par an (Paris), 6, 50 francs par an (Départements), 8 francs (Étranger) - Directeur : Jacques Duchange - Rédacteur en chef : Louis Payen - Secrétaire général : Georges Casella - Gérant : Em. Pivoteau - Collaborateurs (liste non exhaustive, complétée d'après Roméo Arbour) : Paul Adam, Henri Alix, René d’Avril, Charles Baudelaire, [Jean-]Gustave Binet-Valmer, Léon Bocquet, Jules Bois, Georges Casella, Félicien Champsaur, Marcel Clavié, Jacques Duchange, Albert Erlande, Paul-Louis Garnier, Ernest Gaubert, J.-C. Holl, René Jean, Gustave Kahn, Frédéric Lamm, Émile Lante, André Lebey, Camille Lemonnier, André Malécot, Henri Malot, Louis Payen, Edmond Pilon, Richard Popp, Michel Puy, Pierre de Querlon, Xavier de Ricard, Henri Rigal, J.-H. Rosny aîné, Achille Segard, G. de Teysson, Madeleine de Valcombe [Madeleine Sureau], Ch. Verrier, A. Gilbert de Voisins, Emile Vuillermoz - Adresse (direction) : 4, place Wagram, Paris (XVIIe), puis 108, Boulevard Haussmann, Paris (VIIIe) - Imprimé sur les presses de l'Imprimerie Pivoteau et Fils, Saint-Amand (Cher)]
LA REVUE DORÉE
Nouvelle série - N°2 (Décembre 1901)
[Date de publication : Décembre 1901 - Couverture : Prix du numéro, Double numérotation (Deuxième année (Tome III), N°22 [suite de la numérotation de L'Effort de Paris] ; Nouvelle série, N°2, Décembre 1901), Titre, mention (Ancien "Effort de Paris"), Sommaire, Adresse et Téléphone - 2e de couverture : Titre, Périodicité ("Paraît le 15 de chaque mois"), Abonnements, Équipe de direction, "Les manuscrits, les livres et les revues doivent être adressés à M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. / Les abonnements, réclamations, changements d'adresse, à M. G. Bouron, administrateur, 4, Place Wagram", Présentation (La revue dorée, grâce à sa brillante collaboration, est la tribune véritable où s'exposent les tendances de la littérature moderne. / La revue dorée accueille tous les talents, sans distinction de groupes ni d'écoles. / La revue dorée est absolument indépendante et en dehors de toute politique ; il y sera traité de toutes les questions de Littérature, d'Art, de Critique, de Sociologie, de Philosophie, de Science, etc. / La revue dorée, résultat de la fusion de l'Effort de Paris avec Messidor, est adressée aux abonnés de ces deux publications."), "Les manuscrits ne sont pas rendus.", "Jours de réception : les lundis et jeudis de 5 h. 1/2 à 7h. du soir (Téléphone 294-70)" - 3e de couverture : De nos collaborateurs / Derniers ouvrages parus, ouvrages à paraître (liste de titres parus ou en préparation de Paul Adam, G. Binet-Valmer, Albert Brandenbourg, Georges Casella, Félicien Champsaur, J. Duchange, André Fontainas, Remy de Gourmont, J.-C. Holl, Gustave Kahn, E. Lante, Maurice Magre, Henri Malo, Stuart Merrill, Albert Mockel, F. de Neufville, Louis Payen, Edmond Pilon, Adolphe Retté, J.-H. Rosny, Achille Segard, M. de Valcombe, Émile Verhaeren, Francis Viellé-Griffin (sic), A. Gilbert de Voisins, Richard Wémau  - 4e de couverture : A paraître prochainement : Jacques Duchange / Un homme à l'amour / roman de mœurs contemporaines / Illustrations de José Engel / Édition de La revue dorée / (En souscription au prix de 3 fr. le volume, aux Bureaux de la Revue) - 4 pages jaunes non numérotées en fin de numéro : Page [I] (Sommaire du numéro de Novembre ; Vient de paraître : G. Binet-Valmer / Le Gamin Tendre / Société du Mercure de France) ; Page [II] (Publicités pour "Installations Électriques : Maison spéciale, 108, boulevard Haussmann", "L'Argus de la Presse" ; Page [III] (Primes à nos abonnés ; Le Courrier de la Presse ; Maison philocartiste Internationale "Giorgi", Via Serpentini, 73, Rome) ; Page [IV] (Revues à lire [liste de titres], Programmes de Janvier [théâtres]) - Pagination : 40 pages]
Sommaire
Paul Adam : Narcisse et la Servante (fragment), dialogue (p. [409]-416)
J.-C. Holl : Le Miroir, poème [Mon âme en images, à paraître] (p. 417)

A. Gilbert de Voisins : Latitudes (I Lever de rideau / II La Grenade / La fumée interdite), [Au caïd Ali ben Ouari Benabid - daté Tougourt, 1879 - A suivre] (p. 418-423)

M. de Valcombe : Diptyque II, [La première partie a paru dans le n° de novembre - A suivre] (p. 424-429)

René Jean : Gustave Moreau (p. 430-434)

CHRONIQUES
E. Vuillermoz  : La Musique [Sur Grisélidis de Massenet à l'Opéra-Comique] (p. 435-438)
G. de Teysson : Les Théâtres [L'Énigme de Paul Hervieu ; Les Balances de Courteline chez Antoine ; Au Téléphone, de MM. Lorde et Ch. Foley ; Le capitaine Blomet de Bergerat ; L'Auréole, de M. Deval à l'Athénée ; La Bascule, de Maurice Donnay au Gymnase ; au Théâtre Gémier : Vie Publique et Une Blanche de Lucien Gleize...] (p. 439-442)
G[eorges]. C[asella]. : Les Livres [Le Gamin Tendre, par G. Binet-Valmer (Mercure de France) (p. 443-445) - Reçu : Une syrinx aux lèvres, de Henry Rigal ; Le Socialisme de M. Millerand et le Socialisme de Napoléon, par Arsène Couvreur, édition de la Revue Libre ; Au prochain : Le dernier des Allobroges, Egois et Idéa, par P. Gourmand ; A la Gloire de Lille, par Émile Lante (p. 445)] (p. 443-445)
L[ouis]. P[ayen].Les Poètes [Le chant des routes et des déroutes, par Léon Deubel (Edition de la "Vie meilleure") (p. 446) - Une Syrinx aux lèvres, par Henry Rigal (p. 446-447) - Au prochain : Le tourment de l'unité, par Adrien Mithouard ; La ronde des cygnes, par Armand Praviel] (p. 446-447)
*** : Échos [Nos bons amis (voir "Document" ci-dessous) ; Achille Segard, notre brillant collaborateur, que M. Leroy-Beaulieu, dans son discours du 7 Décembre, appelait le "Missionnaire des Lettres françaises" revient à peine d'un voyage de conférences en Orient, qu'il annonce son prochain départ pour St-Pétersbourg. Nos vœux les plus sincères l'accompagnent.] (p. 448)
Document
ÉCHOS : "Nos bons amis"
Sur l'impériale d'un omnibus deux jeunes gens, tous deux attachés à la rédaction d'une importante et méridionale revue de jeunes, parlent d'un des poètes - et non le moindre - de leur groupe. Leur verbe haut en accent ne nous permet d'ignorer aucune de leurs appréciations.

- Tu as lu son volume. Il est fini... il se répète... s'imite lui-même. Ce garçon est coulé... s'est déconsidéré par une vie incohérente et sans dignité.

- Si on lui proposait de décrocher la lune avec les dents pourvu qu'on le nomme secrétaire de quelque chose ou qu'on mette son nom dans les journaux, il accepterait d'enthousiasme.

... - C'est un enfant. C'est très bien d'être enfant quelques temps, mais il faut enfin savoir ce que l'on fait.

... - Il s'est maintenant associé à la bande Croisset, Richepin, etc... Il y est d'ailleurs bien à sa place, car il n'est autre chose qu'un rejeton du romantisme, un de ces poètes qui font des vers à la Rostand. C'est là sa voie.

Ils parlaient, et le vent n'emporta pas seul leurs paroles.

Renvoyé au jeune poète de la librairie Fasquelle.
Sources d'informations : Site des REVUES LITTÉRAIRES

jeudi 10 février 2011

LA WALLONIE N°10 (CONSACRÉ A PIERRE QUILLARD) - OCTOBRE 1890

LA WALLONIE
5e année - N°10 - Numéro consacré à Pierre Quillard (Octobre 1890)
[Date de publication : Octobre 1890 - Couverture illustrée par Auguste Donnay : Numéro consacré à Pierre Quillard, Titre, Date - 2e de couverture : Encarts pour Les Entretiens Politiques  et Littéraires / L'Art Moderne / Mercure de France / Art & Critique - 3e de couverture : de nos Collaborateurs : A* [Albert Mockel], Chantefable un peu naïve (à paraître prochainement) ; Jules Bois, Au delà (à paraître prochainement) ; Hector Chainaye, L'Ame des choses ; Achille Delaroche, Aénor (à paraître prochainement) ; Célestin Demblon, Contes mélancoliques, Le Roitelet ; Camille Lemonnier, Le Possédé ; Charles Van Lerberghe, Les Flaireurs ; Grégoire Le Roy, Mon Cœur pleure d'autrefois ; Maurice Maeterlinck, Serres chaudes, La Princesse Maleine, Les Aveugles, L'Intruse ; Stéphane Mallarmé, Poèmes d'Edgar Poe, Villiers de l'Isle Adam, Pages (à paraître) ; Stuart Merrill, Les Gammes, Les Fastes (sous presse) ; Jean Moréas, Les Cantilènes, Le Pèlerin passionné (sous presse) ; Gabriel Mourey, Crépuscules d'Ame, Flammes mortes ; Pierre-M. Olin, Mes Mémoires ; Pierre Quillard, La Fille aux mains coupées, La Gloire du Verbe (sous presse) ; Henri de Régnier : Épisodes, Poèmes anciens et romanesques ; Adolphe Retté, Cloches en la Nuit, Une belle Dame passa (à paraître), La Forêt bruissante ("), La seule Nuit (") ; Albert Saint-Paul, Scènes de Bal, Pétales de Nacre (à paraître prochainement) ; Fernand Severin, Le Lys ; Émile Verhaeren, Les Soirs, Les Débâcles, Les Flambeaux Noirs (à paraître prochainement) ; Francis Vielé-Griffin, Ancaeus, Joies  - 4e de couverture : Année (5e), Numéro, Titre, Sous-Titre, Directeurs (Albert Mockel, Pierre-M. Olin et Henri de Régnier), Adresses, Abonnement, Sommaire, Prix du numéro - Pagination : 32 pages]
Sommaire
PIERRE QUILLARD
Ephraïm Mikhael, article [note : "Œuvres de Ephraïm Mikhael. Poésies et poèmes en prose. Un volume de la petite bibliothèque littéraire, chez Alphonse Lemerre, à Paris" - en épigraphe, extrait de "La forêt sacrée" de Mikhael : "Je le sais bien, je le sais bien, nous nous aimons / Et nous marchons parmi les princes de la terre. / Mais mon désir s'en va toujours vers le mystère / Du pays merveilleux que je n'ai pas foulé / Et même près de toi je me sens exilé."] (p. [321]-324)
La Peur d'aimer, sonnet [A José Maria de Hérédia] (p. [325])

Goetterdaemmerung, sonnet [en épigraphe : "Heil, siegendes Licht"] (p. [326])

Le Prince d'Avalon, poème [A Henri de Régnier] (p. 327-328)

Les Frères d'Armes, poème en prose [à Stuart Merrill] (p. [329]-330)

Chambre d'Amour, poème (p. [331])
Lied, poème (p. [331]-332)
La Mort inutile, poème [A Grégoire Le Roy - en épigraphe, citation de P. Vergilius Maro : "Curae non ipsa in morte relinquunt"] (p. 332-333)

En Morvan, poème [A Jacques Derbanne] (p. 333)
Cristal, poème [A Emile Gallé] (p. 334)
Messe des Morts, poème [A Bernard Lazare] : les Orgues [en épigraphe : "Requiem aeternam dona eis, Domine"] (p. [335]-336). - les Violons [en épigraphe : "Et lux perpetua luceat eis"] (p. 336-337). - les Vivants [en épigraphe : "Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona eis requiem"] (p. 337-338)

Prologue pour un Poème dialogué, poème (p. [339]-340)
[CHRONIQUES]
Henry van de Velde : Notes sur l'Art ["Sur ce thème : Salon de Bruxelles"] (p. 341-343)

A[lbert]. M[ockel]. : Chronique littéraire [Lettres de l'ouvreuse, chez Vanier, Paris (p. 343-344) ; Tendresse, par Henri de Braisne, chez Vanier, 16 pages (p. 344) ; A Trépas, par Dauphin Meunier, joliment imprimé par Vaillant-Carmanne, pour Léon Vanier, 150 exempl. (p. 344-345) ; Miettte, par Henri Maubel, chez Savine, Paris, joli petit livre imprimé par Mme Monnom (p. 346-347) ; Maxime, a chimerical tale, par Arnold Goffin, Charles Vos, Bruxelles (p. 347-348) ; Les Noces de Sathan, par Jules Bois et Les Lys noirs, par Albert Jhouney (p. 348-349) (p. 343-349)

A[lbert]. M[ockel]. : Petite Chronique [Tous les vers contenus en cette livraison, - à part le Prologue pour un poème dialogué - sont extraits de la Gloire du Verbe, livre qui va paraître, d'ici peu de jours, chez Bailly, à Paris. Le Prologue est, croyons-nous, la première pièce aux rythmes libres que publia Pierre Quillard ; La Plume annonce le portrait de Maurice Maeterlinck, à paraître en l'un des plus prochains n°... ; La Jeune Belgique a lu la petite note de notre dernier n° ; elle s'est impatientée, et voici qu'elle imprime : "La Wallonie veut avoir la première place !" etc., etc. Nullement, chère consœur... ; Concert Lamoureux. Une incroyable clarté que nul orchestre ne peut obtenir, sauf peut-être l'orchestre royal de Saxe... ; M. Stuart Merrill nous prie d'insérer la lettre suivante, dont nous le remercions vivement...] (p. 349-352)
Document
LETTRE DE STUART MERRILL A ALBERT MOCKEL (p. 352)
M. Stuart Merrill nous prie d'insérer la lettre suivante dont nous le remercions vivement :
A M. Albert Mockel, directeur de LA WALLONIE.
Mon cher ami,
Dans le dernier numéro des Écrits pour l'art, je lis, signée par M. Eugène Thebault, une Polémique où vous êtes aussi injustement que violemment attaqué.
Je n'aurais pas à intervenir dans le débat, si ma position aux Écrits n'était plus qu'équivoque. On sait, en effet, que j'ai continué, d'abord sans le dire, puis ouvertement, la subvention accordée aux Écrits par le regretté Gaston Dubedat. Mais voici une occasion de déclarer, à vous et à tous ceux qui avez été mis en cause par M. René Ghil, que je n'ai pris, ne prends et ne prendrai aucune part à la direction des Écrits pour l'art. Cette revue, je la mets à la disposition de mon ami René Ghil, pour la défense d'idées que je juge, sans les partager toutes, dignes de l'attention des lettrés. Je lui prête ma collaboration financière et littéraire ; là s'arrête mon rôle aux Écrits, où je n'ai ni plus, ni moins de droits que le plus récent des abonnés.
Croyez donc à toute mon amitié.
Votre
STUART MERRILL.

mercredi 9 février 2011

LA WALLONIE N°5 (CONSACRÉ A ÉMILE VERHAEREN) - MAI 1890

[Titre : LA WALLONIE - Sous-titre : Revue mensuelle de littérature et d'art - Continue : L'élan littéraire - Dates de publication : 15 juin 1886 (n°1) à juillet-août 1892 (n°7-8 ?) + un dernier fascicule ( décembre 1892) - Périodicité : mensuelle - Lieux de publication : Liège (Belgique) - Format : 132 x 199 mm - Couverture : imprimée en noire sur couverture beige ; à partir de 1889, illustration de couverture par Auguste Donnay - Pagination :  32 pages ; pagination suivie - Prix et abonnements : Le numéro = 50 centimes ; Abonnement = 5 francs par an. Union postale = 6 fr. 50 - Fondateur : Albert Mockel - Directeurs : Albert Mockel auquel s'associent  Gustave Rahlenbeck et Maurice Siville (dès la création), puis Ernest Mahaim (pour quelques mois),  puis, constituant une nouvelle direction avec Mockel, Pierre-Marie Olin, et Henri de Régnier - Collaborateurs (liste non exhaustive) : Barbey d'Aurevilly, Paul Bourget, Armand et Hector Chainaye, Georges et Jules Destrée, Auguste Donnay, Charles Delchevalerie, Célestin Demblon, Max Elskamp, André Fontainas, Garnir, René Ghil, André Gide (André Walter), Iwan Gilkin, Albert Giraud, Arnold Goffin, José-Maria de Heredia, Gustave Kahn, Georges Khnopff, Tristan Klingsor, Hubert Krains, Bernard Lazare, Camille Lemonnier, Grégoire Le Roy, Pierre Louÿs, Maurice Maeterlinck, Ernest Mahaim, Stéphane Mallarmé, Stuart Merrill, Albert Mockel, Jean Moréas, Charles Morice, Xavier Neujean (Reivax), Pierre-Marie Olin, Maurice des Ombiaux, Maurice du Plessys, Pierre Quillard, Gustave Rahlenbeck, Henri de Régnier, Édouard Remouchamps, Adolphe Retté, Georges Rodenbach, Maurice Siville, Hubert Stiernet, Paul Valéry, Henry Van de Velde, Émile Verhaeren, Paul Verlaine, Francis Vielé-Griffin, Vierset, Maurice Wilmotte - Adresse (direction) : 8, rue St-Adalbert, Liège (Belgique) - Rédaction : 307, puis 317, Avenue Louise, Bruxelles - Imprimé sur les presses de H. Vaillant-Carmanne, à Liège]
LA WALLONIE
5e année - N°5 - Numéro consacré à M. Émile Verhaeren (Mai 1890)
[Date de publication : Mai 1890 - Couverture illustrée par Auguste Donnay : Numéro consacré à M. Émile Verhaeren, Titre, Date - 2e de couverture : Encarts pour L'Art Moderne ; Viennent de paraître : Scènes de Bal, livre de vers, par Alb. St-Paul / Les Débâcles, par Émile Verhaeren / Cloches en la Nuit, par Adolphe Retté / L'Art en Exil, roman, par G. Rodenbach / Serres Chaudes, par Maurice Maeterlinck ; Mercure de France ; Art & Critique ; En souscription dans nos bureaux : Crépuscules d'âme, Livre de vers par Gabriel Mourey, 25 exemplaires sur Japon, à 5 francs, sont à souscrire - 3e de couverture : Œuvres de Émile Verhaeren (bibliographie) ; Poèmes anciens et romanesques par Henri de Régnier, Chez Bailly, 11, Chaussée d'Antin, Paris ; Entretiens Politiques & Littéraires ; Quelques collections de La Wallonie (1886, 1887, 1888 et 1889) sont en vente au prix de 6 francs ; La Wallonie est en vente / A Liège : Chez MM. Gnusé ; George ; D'Heur ; Brandt ; Aubette du Pont d'Avroy / A Bruxelles : Chez MM. Rosez, libraire ; Istace, libraire, et Lacomblez, libraire / A Gand : Chez MM. A Hoste, libraire, rue des Champs ; Wennewitz (Muquard), libraire, rue des Champs ; Vuilsteke, libraire, rue aux Vaches / A Anvers : chez Mme Ve De Vetter, rempart Ste-Catherine / A Paris : Chez MM. Vanier, libraire, 19, Quai St-Michel ; Savine, libraire, 18, rue Drouot, et à la Librairie Nouvelle, rue de la Boétie, 3  - 4e de couverture : Année (5e), Numéro, Titre, Sous-Titre, Directeurs (Albert Mockel et Pierre-M. Olin), Adresses, Abonnement, Sommaire, Prix du numéro - Pagination : 32 pages]
Sommaire
ÉMILE VERHAEREN
Le Silencieusement, poème [daté 1889] (p. [145]-146)
Une Promenade, prose [daté 1889] (p. [147]-149)

Un Soir, poème [daté 1888] (p. [150]-151)

Un Réveil, nouvelle [daté 1888] (p. [152]-158)

Sais-je où ?, poème [daté 1890] (p. [159])

Une Nuit, poème [daté 1887] (p. [160])
L'Aquarium, poème en prose [daté 1889] (p. [161]-162)
Quelques-uns, poème [daté 1887] (p. [163])

En Biscaye, poème en prose [daté 1888] (p. [164]-165)

Le Polder, poème [daté 1884] (p. [166])

Sonnet, poème [daté 1889] (p. [167])

Les Maîtres du Siècle, article [à propos de l'exposition des portraits du siècle] (p. [168]-174)
[CHRONIQUES]
***  : Petite Chronique [Vient de mourir, tout jeune, M. Gaston Dubédat, fondateur des Écrits pour l'Art. Nous n'avons pas à rappeler les tendances de cette si artistique et sincère revue qui fut à un moment d'un si haut intérêt, diminuée depuis par des discussions ainsi que de médiocres recrues. M. Dubédat qui se refusait à écrire lui-même s'est fait généreusement le soutien et le défenseur de cette hardie tentative. De pareils caractères sont trop rares pour que tout artiste ne participe à ce deuil - La saison des Concerts Populaires de Bruxelles a été clôturée par une incomparable festivité... - La Wallonie paraîtra en numéro double pour juin et juillet. Nous pouvons annoncer d'importants fragments de Jean Moréas ; Notre collaborateur Maurice Maeterlinck a réédité la Princesse Maleine. Après son succès, il y était en quelque sorte obligé et cette publication a été une joie pour ceux qui n'avaient pu se procurer d'exemplaire de la première édition (édition privée)... - On annonce sous peu la publication d'un nouveau drame de Maurice Maeterlinck : Les Aveugles, chez Lacomblez, à Bruxelles - Ont paru chez Harper, à New York, des Poèmes en prose française merveilleusement traduits par Stuart Merrill ; les principaux de ceux qui firent avec notre ami le voyage transatlantique : Louis Bertrand, Baudelaire, Villiers de l'Isle Adam, Stéphane Mallarmé, Huysmans, Henri de Régnier, Mikhaël, Delaroche, Hennequin, Hector Chainaye, Ch. Eudes Bonin] (p. [175]-176)
Source d'informations : Site de l'ARLLFB

lundi 7 février 2011

LES TABLETTES (HORS SÉRIE) - MAI 1912

LES TABLETTES
Hors Série : "A la mémoire d'Albert Fleury" (Mai 1912)
[Date de publication : Mai 1912 - Couverture : Titre, Date, "Fascicule entièrement consacré A la mémoire d'Albert Fleury", Collaborateurs et contenu, Numéro Hors Série, Prix du numéro, Tampon au chiffre de la revue, Adresse - 2e de couverture : Titre, Date, Sommaire, Abonnements - 3e de couverture : Œuvres d'Albert Fleury (suit une bibliographie), "On trouve Les Tablettes, à Paris :  ; Rive gauche : chez Benard, galeries de l'Odéon ; Rive droite : chez Stock, 155, rue Saint-Honoré ; En Province : Librairie Léon Ribaut, 6, rue Saint-Louis, Pau, Avis ("La publication de la Revue n'est pas régulière. / L'abonnement comprend dix numéros formant deux séries de cinq numéros, dont chacune a l'importance d'un volume de 250 pages environ. / Le présent fascicule est hors série. Cependant nous en ferons le service gracieusement à nos abonnés et à toute personne qui souscrira pour deux séries avant le 1er août prochain. / Les abonnements partent de la deuxième série, dont un numéro est paru. / Les collections de la première série, devenues rares, sont vendues 5 francs. / Le prochain fascicule paraîtra en juillet.")  - 4e de couverture : Titre, Sous-titre, Rédaction, "Les Tablettes ne sont l'organe d'aucun Groupe, d'aucune École littéraire. Elles ne relèvent d'aucune formule, et tendent seulement à être une Revue d'Art pur et de Beauté. Toutes les idées, toutes les opinions y sont accueillies pourvu qu'elles soient exprimées avec style et noblesse. / Les Tablettes ne publient que de l'inédit. / Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. / Chaque auteur est responsable de ses articles. / La reproduction et la traduction des matières publiées dans Les Tablettes sont réservées. // Toutes les communications concernant Les Tablettes doivent être adressées à M. Camille SCHILTZ, 11bis, rue de Maubeuge, à Paris. / Les auteurs peuvent envoyer leurs ouvrages à celui des rédacteurs par qui ils veulent les voir critiqués. // La revue reçoit le dernier dimanche de chaque mois, de deux à quatre heures, chez M. Ernest DUFOUR, 6, Cours Marigny, à Vincennes." - Page [1] : Faux-titre (Les Tablettes, "A la mémoire d'Albert Fleury", Collaborateurs, Date) - Page [2] : muette - Page [XX] : muette - Pagination : 100 + XX pages]
Sommaire
Maurice Beaubourg : L'Agnus Dei de Verlaine, le Dies irae de Fleury (p. [3]-10)
Michel Abadie : Stances pour Albert Fleury, poème [I (p. 11-12) daté "Pau, 6 septembre 1910", II (p. 13-14) daté "Savigny, 29 février 1912] (p. 11-14)

Péladan : D'autres diront la sincérité [Portrait photographique hors texte d'Albert Fleury intercalé entre les pages 16 et 17] (p. 15-19)

Edmond Pilon : Le "Pierrot" d'Albert Fleury (p. 20-23)
Francis Jammes : Sur le Tombeau d'Albert Fleury [A Michel Abadie] (p. 24-25)
Ernest Dufour : Pour Albert Fleury, poème (p. 26-27)

Henri Strentz : Épilogue [A la mémoire d'Albert Fleury] (p. 28-30)
Laurent Savigny : Oui, apportez des lys [épigraphe : "Manibus date lilia plenis"] (p. 31-32)
Jacques Noir : A Albert Fleury, poème [daté "24 mars 1912"] (p. 33-34)

Jean Florence : Albert Fleury a beaucoup écrit (p. 35-36)

Camille Schiltz : Albert Fleury [A Mademoiselle Françoise Fleury] (p. 37-57)
PAGES CHOISIES DANS L'ŒUVRE D'ALBERT FLEURY
Albert Fleury : Heureux qui, dans les nuits opaques et funèbres... [autographe daté d'avril 1910]  (p. [58])
La Direction : Nous avons choisi dans chacun des recueils d'Albert Fleury une pièce qui nous a paru montrer une des formes de son talent et de sa pensée... (p. 59)
LES POÈMES
de Paroles vers Elle : Oh ! dis, ne veux-tu pas qu'un soir de pourpres roses... (p. 60)

de Sur la Route : Rêve de gloire [A Monsieur Cyprien Godebski] (p. 61)

de Impressions grises : Quand tu n'auras plus rien à dire à ma tristesse... (p. 62-63)

de Pierrot : Elle est partie avec ton âme dans ses cheveux... (p. 64-65)

des Automnes et des Soirs : Promenade matinale (p. 66-69), Au Carrefour de la Douleur [Au Rév. Père B. et à Francis Jammes] (p. 70-74)
POÈMES INÉDITS
Stances [A ma chère Françoise pour ses vingt et un ans - daté "3 Janvier 1906"] (p. 75-76)

Mon rêve était trop grand sans doute... (p. 77)

A M. C. [daté "11 Août 1910"] (p. 78)
LES PROSES
Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé [La Revue naturiste. - Janvier 1900](p. 79-91)

Promenades d'un Solitaire (p. 92-97)
TABLE DES MATIÈRES
(p. 99-100)
[CHRONIQUES]
[Ernest] D[ufour].  : Les Livres [L'Art idéaliste et mystique, J. Péladan (Sansot et Cie, édit., 3 fr. 50) - (p. [I]-II) ; Le Crépuscule du Monde, Jean Thogorma (Falque, édit.) - (p. II-III) ; Le Futurisme, Mafarka le futuriste, Marinetti - (p. III-VI) ; Une ancienne Muscadine, Fortunée Hamelin. Lettres inédites - (p. VI-VII) ; Accusé de Réception (p. VII-VIII).] (p. [I]-VIII)

Ernest Dufour, Camille Schiltz : Les Revues [L'Effort. - Avec le talent d'un spirituel conteur, d'un critique habile et érudit, d'un polémiste ardent, je loue en M. J.-R. Bloch la générosité d'accueillir le mot "social" dans sa revue et lui souhaite du bonheur dans son espérance... ; Pan tient à justifier son titre par la collaboration promise de M. Marc Stéphane ; rubrique : ésotérisme et théosophie... ; Les Horizons, et pour y faire splendir le soleil de votre gloire et de la beauté, M. Messemin vous a ménagé le charme nostalgique de ses paysages... ; Le Spectateur. - Revue d'une importance considérable pour nous, qui éclaire d'une science nouvelle la manifestation de l'Idée... ; Vers et Prose. - Je n'ai que la place pour louer M. Gaston Danville... ; Propos mensuels de Louis Merlet. - Étrange cette longue affirmation d'une individualité... ; Le Parvis. - Pourquoi demander votre place ? vous avez largement le droit d'entrer, l'assistance est un peu mêlée, mais ça ne manque pas de femmes... ; La Renaissance contemporaine. - Je crois spirituel de répondre à M. Séché (l'expression de l'amour dans la poésie contemporaine) cette phrase d'Eliphas Lévi : "Lorsque Dieu créa le monde, il projeta un cteïs d'ombre égal à son désir créateur"... - signés Ernest Dufour ; Les Marges. - C'est la revue qu'on est impatient de recevoir et dont on a hâte de couper les pages, parce qu'on sait que tout y est de bon choix et de rare qualité... ; Les Cahiers du Centre ont consacré, en octobre, un fascicule à Stéphane Servant, dont la science, le talent, le long et laborieux effort trouvent là une première récompense... ; L'Ile sonnante, elle aussi, a sa petite anthologie ; mais n'y sont accueillis que les poètes qui ont passé de ce monde dans l'autre... ; La Revue du Temps présent s'est faite l'organe de cette Littérature spiritualiste dont j'ai, naguère, un peu souri, parce que je ne crois pas qu'une étiquette modifie en rien ce qui est et doit rester la Littérature tout court... ; Accusé de réception : Le Beffroi, La Plume, Les Loups, Les Facettes, Le Divan, Les Feuillets, L'Œil de Veau, Isis. - signés Camille Schiltz] (p. IX-XIV)
Ernest Dufour, La Direction : Échos [Dans le numéro prochain, Les Tablettes commenceront une œuvre de haute tenue littéraire : Sagesse et Folie, de Tristan Muzayre, œuvre posthume de Louis Filliol... - signé Ernest Dufour ; En Barbarie. - Sous ce titre, nous lutterons selon notre puissance contre la laideur envahissante. ; La Mi-Carême. - Est-il encore temps d'en parler ?... ; Ohé les patriotes ! Au milieu des chars, j'étais très loin place de la Concorde, j'ai vu flotter un drapeau national escorté d'une fanfare, dans ce cortège grotesque... ; La rue des Lavandières-Sainte-Opportune changera son beau nom contre celui de Édouard-Colonne... - signé E. Dufour ; Le 19 avril, à l'Athénée-Saint-Germain, M. Gustave Kahn, parlait des Poètes. Il a lu cette page de M. Saint-Georges de Bouhélier sur Albert Fleury... ; A nos Lecteurs. - Les Tablettes ont eu jusqu'à présent l'incontestable mérite de la rareté. Elles le doivent à des causes diverses, dont une nous aura été extrêmement pénible. Maintenant, notre réorganisation est chose accomplie, et nous pouvons promettre de paraître un peu plus souvent. Que nos lecteurs nous y aident en devenant des abonnés ! Pour les y encourager, nous avons décidé d'offrir ce fascicule, qui est hors série, à toute personne dont l'abonnement nous parviendra avant le 1er août prochain. / Nous avons en réserve de nombreuses pages inédites d'Albert Fleury : poèmes, articles, notes, correspondance, que nous publierons successivement. / Notre prochain fascicule, qui paraîtra en juillet, contiendra un article sur les Écoles, malheureusement inachevé, mais, en compensation, riche de vérités et de réflexions que d'aucuns ne manqueront pas de trouver piquantes. - signé La Direction] (p. XV-XIX)
Document iconographique
Portrait photographique hors texte d'Albert Fleury

LES TABLETTES N°3 - 20 AVRIL 1911


LES TABLETTES
N°3 (20 avril 1911)
[Date de publication : 20 avril 1911 - Couverture : Titre, Numéro, Date, Sommaire, Prix du numéro, fleuron, Adresses - 2e de couverture : Sommaire des Tablettes n°1 (Janvier 1911) et n°2 (12 mars 1911), "Envoi de chaque numéro contre 0 fr. 75 adressés à l'Administration", Abonnements - 3e de couverture : Œuvres actuelles de Michel Abadie (suit une bibliographie) et d'Albert Fleury (suit une bibliographie), "On trouve Les Tablettes chez : Librairie Léon Ribaut, 6, rue Saint-Louis, Pau ; Benard, galeries de l'Odéon ; Floury, 1, boulevard des Capucines ; Stock, 155, rue Saint-Honoré ; Librairie des Lettrés, 92, boulevard Saint-Germain ; Blanchard, 4, boulevard Saint-André ; Grande Librairie de l'Opéra, 1, rue Auber, "Les demandes de spécimen doivent être accompagnées de 0 fr. 30 en timbres-poste"  - 4e de couverture : Titre, Sous-titre, Équipe de direction, "Les Tablettes ne sont l'organe d'aucun Groupe, d'aucune École littéraire. Elles ne relèvent d'aucune formule, et tendent seulement à être une Revue d'Art pur et de Beauté. Toutes les idées, toutes les opinions y sont accueillies pourvu qu'elles soient exprimées avec style et noblesse. / Les Tablettes ne publient que de l'inédit. / Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. / Chaque auteur est responsable de ses articles. / La reproduction et la traduction des matières publiées dans Les Tablettes sont réservées. // Tout ce qui concerne la partie littéraire (envois de manuscrits, de livres, service et échange des revues, etc...), doit être adressé à la Direction, 3, rue Michelet, Pau (Basses-Pyrénées). / Tout ce qui concerne la partie administrative (abonnements, mandats, demandes de spécimens, etc...), doit être adressé au Siège de l'Administration, 11bis, rue de Maubeuge, Paris (IXe)" - 2 pages vertes en fin de numéro : Page [I] (Vient de Paraître : VIBRATIONS / Poèmes par / Camille Schiltz / Envoi contre 1 fr. 50 adressés à L'Administration des Tablettes, 11bis, rue de Maubeuge, Paris (IXe)) ; Page [II] (Les Chants I et II des GÉORGIQUES CHRÉTIENNES par Francis Jammes Viennent de paraître au Mercure de France / Ont paru récemment : Des Automnes et des Soirs... par Albert Fleury, Léon Ribaut, éditeur, 6, rue Saint-Louis, Pau (envoi contre 3 francs) ; Le Cœur de la Forêt par Michel Abadie, Sansot, éditeur, 7 et 9, rue de l'Éperon, Paris (envoi contre 4 francs)) - Page [101] : En-tête (N°3.- Les Tablettes. - 20 avril 1911) - Pagination : 52 pages]

Sommaire
Péladan : Pax !, Lettre à MM. les Curés de France [Cette lettre est la troisième d'une série où Péladan s'efforce de donner des conseils de sagesse aux contemporains. Les deux premières - aux Maîtres de village et aux Instituteurs - ont paru dans le supplément du Figaro sous les titres de Le Drapeau de Pierre et L'École nationale] (p. [101]-111)
Camille Schiltz : Vibrations : Poétique (p. 112), A la Lyre (p. 113-114), Le Silence [A ma chère Femme] (p. 114-115), poèmes (p. 112-115)

Aline Richeux : Une Rencontre banale, nouvelle (p. 116-122)

Léon Mallay : Deux Ports : Calais, Le Havre (p. 123-128)

V. Delfolie : Sonnet, poème (p. 129)

Albert Fleury : Papiers du Vagabond : Linette (Fragments) (p. 130-139)
R. Delaunay : Sous Bois (p. 140-141)
[CHRONIQUES]
C[amille]. S[chiltz].  : Tablettes [Le soixantième mille de Marie Claire réjouit grandement Séverine. Nous aussi. Au centième mille, notre joie sera du délire, n'est-ce pas Séverine ?... ; Un critique ayant lu Images simples et ferventes se demande ce que cela prouve. Cet homme est bien curieux. Croit-il que cela prouve plus ou moins que Gaspard de la Nuit, que les petits Poèmes en prose, que le Rêve et la Vie ?... ; La Sorbonne, hostile à la culture française, se devait de fêter Tolstoï. Discours d'Anatole France dernière manière... ; Biffins. - Il y a ceux des poubelles, braves gens au cœur solide qui sont pitoyables à la détresse des choses jetées au rebut. Il y a ceux des tiroirs... ; Et conférences, banquets, premières, inaugurations sévissent comme parades en foire. Il le faut bien, car si vous ôtez cela à la Littérature-qui-fait-du-bruit, la Littérature-qui-fait-du-bruit aura perdu toutes ses raisons d'exister.] (p. 142-143)

M[ichel]. A[badie]. : Bibliographie [La Chanson du Bronze, par A. Belval-Delahaye ; Livres reçus : La Poésie paroxyste (étude sur Nicolas Beauduin), par M. Henry Maasen - Poèmes de mon pays, par M. Jacques Hébertot - Toute la femme en cent rondels (Lemerre, édit.), par M. Émile Rochard - Nitokris, poème (Société de l'Édition libre), par M. J.-F.-Louis Merlet - Amédée Prouvost (biographie), par M. C. Lecigue (Bernard Grasset, édit.) - Pages choisies et inédites d'Amédée Prouvost (Bernard Grasset, édit.) - Le Sable d'or, poèmes, par M. Henry Dérieux (l'Art libre, édit. Lyon) - Mafarka le Futuriste, roman africain, par M. F. T. Marinetti (Sansot, édit.) - Gérard de Nerval, monographie, par M. H. Strentz - Les Lettres de la Vaunage, par Mme Joséphine Bégassat] (p. 144-145)
Alceste : Échos & Revues [Notre ami Camille Schiltz vient de publier une série de délicats poèmes, intitulée Vibrations... ; Un instant il nous fut permis d'espérer que le Triboulet du Roi s'amuse ne serait pas interprété par M. Silvain... ; M. G. Deherme a connu sans doute beaucoup d'imbéciles qui "donnaient" dans la littérature ; il en a conclu que les littérateurs ne sont que "des sots ou des pourceaux..." Ce n'est pas flatteur pour ses relations. Et puis sa diatribe de La Coopération des Idées (n°79) rappelle beaucoup la fameuse Faillite de la Science, de feu Brunetière... ; Dans La Petite Gazette Aptésienne, un beau vers (...) extrait du Cœur Solitaire, de Charles Guérin. Nous y trouvons aussi des aménités exquises. Pour exprimer qu'on ne goûte point les Pensées, de Francis Jammes, publiées dans le dernier numéro des Tablettes, on ne trouve rien de plus décent que de les qualifier "d'âneries"... ; Cueillie dans Comœdia du 6 avril, cette extraordinaire déclaration... ; Dans le Mercure de France du 16 mars, la fin d'une étude sur Moréas "dévoilé" qui est bien le pire hommage qu'on ait pu rendre à la mémoire du poète des Stances... ; Par contre, dans le Mercure du 1er avril, un article de Péladan, Philosophie de la Volupté, à lire en entier... ; Les Feuillets de mars donnent un poème de M. Henri Odier : Les Cyprès ; des Proses, de M. Girardet ; un fragment de roman : Laurence, de M. François Fosca ; la fin d'une étude sur l'Éducation Artistique, par M. Camille Martin et diverses chroniques. Les Feuillets, sont une nouvelle revue, jumelle d'ailleurs des Tablettes, et l'intérêt de sa tentative est à signaler. Son sous-titre nous le dit : Revue de culture suisse... ; Dans l'Ile sonnante, enfin, M. Édouard Gazanion décrit un Orage manqué d'un bon impressionnisme... ; Revues à lire (liste)] (p. 146-150)
Les Tablettes : Protestation [Un des 597 personnages élus au suffrage universel, pour représenter l'idéal moyen des classes médiocres, s'étant permis, en plein Parlement, de formuler des jugements, des critiques sur la direction artistique de M. André Antoine au théâtre de l'Odéon...] (p. 151)

vendredi 28 janvier 2011

MAX DAIREAUX : "LA FONDATION D'UNE REVUE"

J'aurai l'occasion de donner, dans quelques semaines, la description de plusieurs numéros des RUBRIQUES NOUVELLES de Nicolas Beauduin ; aujourd'hui, je me contenterai de reproduire un récit de Max Daireaux, qui y parut. Cet ami de Marcel Proust devait partager avec ce dernier une identique aversion pour l'obscurité symboliste, ce qui explique le ton satyrique de la fiction qu'on va lire, fiction où la coruscance des noms rappelle peut-être quelques-uns des protagonistes du mouvement de 1886, dans une ambiance plus contemporaine mêlée d'unanimisme et d'art social. Au lecteur de lever les masques.
LA FONDATION D'UNE REVUE
Dans une chambre exiguë et convenablement enfumée du quartier Montparnasse, quelques jeunes "espoirs de la littérature" se réunissaient chaque soir pour échanger des idées.

L'élévation de leurs vues provenait surtout de la hauteur du pigeonnier, sis au sixième étage, d'une maison sordide, où leur cénacle avait fait son nid.

Ils étaient tous à l'âge des espoirs fougueux, des convictions bruyantes ; il y avait là des emballeurs, des entraîneurs, des convaincus, des apôtres et des blasphémateurs.

On y rencontrait, chaque soir, des poètes qui portaient l'Infini sur les ailes éployées de leurs grands chapeaux mous, des philosophes refusés à l'école normale et qui s'appuyaient sur l'absolu comme sur un gros gourdin, des chartistes silencieux au teint de parchemin mâché, des licenciés licencieux, des romanciers faméliques qui n'avaient pas trouvé, comme leurs confrères les poètes, une place à l'Assistance publique pour faire "bouffer leur Muse".

On y voyait aussi deux ou trois femmes maigres, qui criaient plus fort que les hommes, qui sabraient tout, les unes avec de gros mots parce qu'elles étudiaient la médecine, d'autres avec des gestes prétentieux, parce qu'elles savaient l'anglais. Il y avait une négresse aussi. On ne savait pas très bien à qui elles appartenaient, peut-être n'était-ce pas toujours aux mêmes.

Ce soir-là l'animation était forte. Garrigou, ancien débardeur, à qui une pièce reçues à l'Odéon donnait la situation d'homme arrivé, parlait très fort. Troicardas, que l'on appelait aussi Socrate, et qui se croyait orateur, voulait qu'on l'écoutât. Antoine Labille, un timide à barbe blonde, qui avait mis ses yeux bleus sous verre, répétait sans cesse : "Moi, je crois... moi, je crois..." sans jamais pouvoir aller plus loin.

C'est que Rodolphe-Napoléon Bourgeois venait de proposer la fondation d'une nouvelle revue. Il apportait les fonds.

R.-N. Bourgeois avait les stigmates indiscutables de la fortune ; ses mains étaient propres, sa cravate discrète, et une raie, terriblement médiane, divisait ses cheveux avec une équité toute américaine et déjà directoriale.

A peine eut-il émis son projet que des cris divers partirent. - Moi, je ferai la critique dramatique, dit Garrigou ; moi, la critique littéraire, dit Troicardas ; moi, la critique artistique, dit Labille ; moi, la quitique des quitiques, hurla la négresse !

Ces jeunes littérateurs ne rêvaient que de morigéner leurs anciens, et d'asseoir leurs examinateurs d'hier au banc des élèves. Dépositaires de la Vérité, ils préféraient l'indiquer aux barbes blanches plutôt que d'en faire usage eux-mêmes.

Les bocks s'entrechoquèrent avec violence quand Bourgeois prononça : Nous serons hebdomadaires !

Cela donna lieu à une explosion nouvelle et assourdissante d'enthousiasme et d'idées généreuses.

- Nous ferons une campagne pour l'augmentation des salaires, clama Garrigou.

- Pour les retraites ouvrières, hurla Socrate, et il fit un discours électoral que personne n'écouta, mais, au cours duquel, il récita trois cents vers de Victor Hugo, et douze pages d'Alphonse Karr, car il avait une mémoire prodigieuse.

- Et sur l'impôt sur le revenu, ajouta Petrus Pépi, qui vivait de la charité publique.

- Et sur la propriété littéraire à l'étranger, glapit Bourba, dit le singe, dont la petite amie, une étudiante russe et nihiliste, venait de partir avec un pharmacien.

- Et sur l'exploitation du travail par le capital, ajouta la négresse.

- Mais, combien paiera-t-on les rédacteurs ? demanda le gros Onésime Chapon, à qui ses parents, épiciers retraités, faisaient une rente de 180 francs par mois...

Des vociférations indignées couvrirent sa voix ; les salaires des égoutiers, l'exploitation du travail, la propriété littéraire, soit ! mais payer les rédacteurs ? Pour étouffer leur colère, les moins enragés durent vider plus de sept bocks ; les autres eussent fait un mauvais parti à Onésime, si celui-ci n'avait jugé prudent de s'esquiver, d'abord.
Les voix montaient toujours ; les pipes étaient les locomotives de ce train d'enfer. Au bout d'une heure, il fut décidé qu'on tirerait à cinq mille, qu'on démolirait la Revue des Deux-Mondes, que Loti ne savait pas écrire, que Renan était mort, que Zola était un Dieu, et Shakespeare un imbécile ; Garrigou accabla Barrès, Troicardas s'attaqua à Henri de Régnier et la négresse, sans doute par jalousie féminine, s'en prit à Mme de Noailles.

Les divagations se faisaient de plus en plus confuses et métaphysiques, le brouhaha était assourdissant, la fumée des pipes, âcre, lourde, opaque, traînait impénétrable, la bière répandue salissait les tables, les habits, le tapis...

Une lampe s'était éteinte, l'autre éclairait à peine. Bourba s'était endormi sur les genoux de la négresse, Troicardas parlait toujours, Garrigou lisait une tragédie, les autres péroraient, discutaient, brâmaient. Les femmes piaillaient.

L'atmosphère était pesante, grasse, malodorante, obscure, unanime, et si l'on peut dire : symbolique.

La revue était fondée.
MAX DAIREAUX.

mercredi 26 janvier 2011

L'ILE SONNANTE N°28 - AVRIL 1913

L'ILE SONNANTE
N°28 (Avril 1913)
[Date de publication : Avril 1913 - Couverture : Année (4e), Numéro, Date, Titre (en rouge), Sous-titre, Périodicité, Sommaire, Prix du numéro, Adresses (Direction et Administration) - 2e de couverture : Titre, Adresse, Rédaction ("Le Mardi soir de 8 h. à 10 h. (sauf du 1er Mai au 1er Octobre)"), "Toutes les communications relatives à la rédaction devront être adressées à M. Michel Puy, 21, rue Rousselet, Paris (VIIe)", "Tout ce qui concerne l'administration de la Revue (abonnements, mandats, demandes de numéros), devra être adressé à MM. Georges Crès et Cie, édit., 3, place de la Sorbonne, Paris (Ve)", Direction, Comité de Rédaction, "Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles", "Les manuscrits seront retournés aux auteurs qui en feront la demande, mais l'Administration de la Revue décline toute responsabilité en ce qui concerne les manuscrits qui viendraient à être perdus ou détruits.", "L'Ile Sonnante paraît 6 fois par an : les 1er février, 1er avril, 1er juin, 1er août, 1er octobre et 1er décembre", Abonnement - 3e de couverture : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve), "Collection de La Phalange (J.-A. Nau : Vers la fée Viviane. 2 " ; Jean Royère : Sœur de Narcisse nue. 3 50 ; G. Mérédith : Amour Moderne (Traduction Fontainas). 2 " ; René d'Avril : Les Impalpables. 2 " ; Claude Odilé : Chants. 1 50 / Vient de paraître : Henri Hertz : Les Apartés. 3 50), "Soldes : Le Nouveau Calendrier des Grands Hommes (Biographie des 558 personnages de tous les temps et de toutes les Nations qui figurent dans le Calendrier positiviste d'Auguste Comte. Traduit de l'anglais par Ch. Avezac-Lavigne. Paris, 1895...) / Nourrisson : J.-J. Rousseau et le Rousseauisme. Paris, 1903, beau volume in-8 broché (au lieu de 7 fr. 50) 2 fr. 50" - 4e de couverture : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve). Les Poètes de notre Temps (Albert Jean : La pluie au Printemps fr 3.50 / L'ombre des fumées fr. 3.50 / Annibal de Montchanut : Vieil Hypocras au Vin de Beaune fr. 3.50 / Athanassiades : Petites Élégies fr 2.00 / Chuzewile : La route poudroie fr. 3.00 ; Guyon : Les Pâques Païennes fr. 3.50 / Hennequin : La terre Poitevine fr. 3.50 / Jouve : Présences, 1re série fr. 3.50 / Georges Fourest : La Négresse Blonde fr. 3.50 (Édition revue et augmentée. Georges Fourest en qui Pierre Mille saluait naguère le plus riche, le plus somptueux, le plus truculent des artisans du grand vers romantique et parnassien) / Jacques Vaillant : Hector, drame fr. 2.00 / Bibliothèque de L'Occident / F.-P. Alibert : Le Buisson Ardent, tiré à 250 exemplaires numérotés (détail du tirage) // Nos Portraits (Nous tenons à la disposition des amateurs une série de Portraits de Paul Verlaine, Charles Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Remy de Gourmont, Émile Verhaeren, Maurice Barrès, Henri de Régnier, J.-K. Huysmans, Stendhal, Pierre Louys, J. Barbey d'Aurevilly, J.-J. Rousseau, Mme de Warens, etc., dessinés et gravés sur bois par P.-E. Vibert. Ces portraits tirés à 25 ex. sur viux japon, à grande marge, signés et numérotés par l'artiste, se vendent séparément au prix de 20 fr.) - page [96] : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve). René Boylesve / Les Bains de Bade avec six gravures originales et des ornements divers par A. Rassenfosse / Beau volume petit in-8 (27 1/2 x 20 1/2) tiré à 225 exemplaires numérotés à la presse dont 25 ex. sur Japon avec double suite des gravures (Souscrits) et 200 exemplaires sur Hollande à 60 francs / Il ne reste de ces derniers qu'un petit nombre d'exemplaires // Les Maîtres du Livre / Quatrième Série (En préparation) / (Maurice Barrès : Sous l'œil des Barbares 7 50 ; Théophile Gautier : Émaux et Camées 7 50 ; Léon Bloy : Le Désespéré 9 " ; Remy de Gourmont : Lettres d'un Satyre 7 50 ; Pierre Louÿs : Aphrodite 7 50 ; Benjamin Constant : Adolphe 7 50 ; Abbé Prévost : Manon Lescaut 7 50) / La souscription aux 7 volumes est fixée à cinquante francs (au lieu de 54 francs les volumes pris séparément). - Pagination : 48 pages]
Sommaire
Maurice de Faramond : Diane de Poitiers (Essai de Tragi-Comédie historique, représenté aux samedis de l'Odéon, juin 1911), pièce [Finale du 1er acte (fragment)] (p. [49]-54)
André Salmon : Le Mort et sa Servante, poème (p. [55])

Louis Pergaud : Le chien empoisonné [Extrait du Roman de Miraut, à paraître prochainement] (p. [56]-60)

Paul Vimereu : Solitude, poème (p. [61]-62)

Charles Callet : Les Taureaux d'Arthur (p. [63]-66)

Fernand Divoire : Ronde des Signes [(A Louis Richard-Mounet)] (p. [67])
Roger Frène : Poèmes : Crépuscule (p. [68]), Silence d'Automne (p. 69), Le vieil ami (p. 70)
Henry Dérieux : L'automne et l'abondance [A. V. Crozet] (p. [71]-72)
Henri Strentz : Poèmes : Lied (p. [73]-74), Chanson de fou (p. 74-75)

Louis Thêne : Le don nuptial, poème [Pour Auguste Pullès ; en épigraphe, citation de H. Bataille : "...En ce corps, qui se donne à la métamorphose / Dans une souveraine allégresse de vierge" ; Les Vierges voluptueuses, 1912] (p. [76]-77)

Marcel Martinet : Éclectisme et justice (p. [78]-80)

Tristan Derême : Souvenirs, poème (p. [81]-83)
CHRONIQUES
Louis Pergaud  : Les Romans [Une tragique enfance, par Maxime Gorki, traduit d'après le manuscrit, par Serge Persky (Calmann Lévy) - p. [84]-85 ; Tendres canailles, par André Salmon (Ollendorff) - p. 85-86 ; Celui qui s'endurcit, par Robert Randau (Sansot) - p. 86 ; A l'ombre des grandes ailes, par Sylvain Bonmariage (Figuière) - p. 86-87 ; Les abeilles, par Yvonne Durand (Le Temps présent) ; Mémento (Rose Amy, enfant... ; L'Homme aux deux âmes... ; Mon agneau, les loups et moi... ; Le Livre de la Bien aimée...) - p. 87] (p. [84]-87)

Roger Frène : Les Revues [La ténacité de plusieurs confrères à se vouloir des celtes purs, malgré toutes les probabilités du monde pour qu'ils aient une sérieuse dose de sang romain dans les veines, est pour le moins curieuse, car elle se heurte à un fait : l'invasion... ; Les pages que Charles Callet nous fait connaître de son père, Auguste Callet, sont d'un excellent écrivain (...) il se montre indigné du mercantilisme et de la hâte qu'accusent les oeuvres d'un Balzac (Entretiens Idéalistes)... ; Les Bandeaux d'Or valent par une esthétique fermement novatrice. Les chroniques y sont vivantes et pleines d'un heureux parti-pris. Rien de froid ici. Castiaux, Arcos, Jouve et Chennevière animent le dernier numéro, très significatif, de leurs opinions et analyses... ; Poème et Drame a publié deux importants et beaux poèmes, l'un de L. Mandin (...) l'autre de G. Apollinaire, plein de curieuses et belles images... ; Memento (Lire dans les Horizons, les vers de Martinet... ; dans Pan, un conte très verveux de Marc Stéphane ; dans Rythm, les lettres de France de Derême et de Carco ; dans le Parthénon, un conte de Faramond ; dans la Nouvelle Revue Française, la belle chronique de Suarès sur Villon... ; Le Florilège publie de jolis vers de Marie Gevers] (p. [88]-90)
R[oger]. F[rène]., M[ichel]. P[uy]., R. S. : Notes [Du rythme, signé R. F. - p. [91]-92 ; Les monuments aux poètes, signé M. P. - p. 92-93 ; Bibliophilie : Édouard Pelletan, signé R. S. - p. 94-95 ; Une Anthologie des poètes fantaisistes paraîtra prochainement par les soins de Francis Carco et Tristan Derême... ; Revues nouvelles. - La Revue des Nations, organe de la Ligue celtique française (Figuière, éditeur). Le Gay sçavoir, 24 rue de Chazelles, Paris. Rédaction : Dominique Combette, Ernest Dufour, René Morand, Maurice Pillet, Henri Strentz ; La Fédération internationale pour la culture française organise un nouveau congrès qui se tiendra à Gand, en 1913, pendant l'Exposition universelle..., ces trois dernières notes non signées - p. 95]  (p. [91]-95)

L'ILE SONNANTE N° 18 - JUILLET 1911

L'ILE SONNANTE
N° 18 (Juillet 1911)
[Date de publication : Juillet 1911 - Couverture : Série (2e), Numéro, Date, Titre (en rouge), Sous-titre, Périodicité ("Paraissant tous les deux mois"), Sommaire, Prix du numéro, Adresse - 2e de couverture : Titre, Adresse, Rédaction ("Le Mardi de 5 heures et demie à 7 heures et demie (sauf du 1er Mai au 1er Octobre)"), Comité de Rédaction, "Adresser toutes les communications à M. Michel Puy, 21, rue Rousselet, Paris (VIIe)", "Les manuscrits peuvent aussi être déposés chez MM. Charles Callet, 23, rue de Vaugirard, Paris, 6e (le samedi soir de 9 à 11 h.), Édouard Gazanion, 67, rue Caulaincourt, Paris, 18e (le mercredi de 5 à 7 h.), et Louis Pergaud, 3, rue Marguerin, Paris, 14e (les 2 premiers mercredis du mois, de 9 à 11 h. s.)", "Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles", "Les manuscrits seront retournés aux auteurs qui en feront la demande, mais l'Administration de la Revue décline toute responsabilité en ce qui concerne les manuscrits qui viendraient à être perdus ou détruits.", "Les 10 numéros de la 2me série de L'Ile Sonnante paraîtront aux dates suivantes : 1er novembre et 1er décembre 1910, 1er janvier, 1er février, 1er mars, 1er avril, 1er mai, 1er juin, 1er juillet, 1er octobre et 1er décembre 1911", Abonnement, Abonnement d'essai (3 numéros : 1 franc) - 3e de couverture : Titre, Adresse, "Publie chaque année environ 300 pages in-8", Extrait des sommaires des deux premières séries, Publicités pour la "Galerie Marseille et Vildrac" et Le Courrier de la Presse - 4e de couverture : Service des Revues (suit la liste des revues reçues) - Pagination : 40 pages]

Sommaire
Marcel Martinet : Dédicace, poème (p. [233]-235)
Marc Stéphane : Le désastre de Cavalier à la Tour de Belot ["Ces pages sont extraites de Montrevel-Satan, 2eme cahier de l'Epopée camisarde, sous presse" - Mémoires d'un Camisard restitués] (p. [236]-242)

Léo Loups : Miliana, poème (p. [243])

Paul Vimereu : Les trois Uhlans (p. [244]-247)

Émile Zavie : Un de ces Soirs, poème [En épigraphe, citation de Frédéric Nietzsche : "- C'est le soir  qui s'interroge en moi. Pardonnez-moi ma tristesse. Le soir est venu ; pardonnez-moi que le soir soit venu"] (p. [248]-249)

Roger Frène : Aspects et Mouvements [Le bi-centenaire du porte-férule. - Il est assez étonnant que plusieurs jeunes littérateurs aient entrepris récemment la louange de Boileau : autant valait s'enthousiasmer non seulement pour la bonne et pure versification, mais pour l'étroitesse du jugement et du goût..." ; Le théâtre et notre scepticisme. - Le scepticisme, dans les arts, semble incapable de produire aucune grandeur, j'entends cette grandeur inspirée par la passion et qui nous enlève à nous-mêmes parce qu'elle ne calcule pas..." ; Danse des Morts. - Voici des posthumes de Renée Vivien : trois petits volumes qu'on met une heure à lire..."] (p. [250]-254)
Jean Fabre : "En Altera quae vehat Argo", poème [Nocturnes, II] (p. [255])
Georges Rouault : Sur l'Art et sur la Vie ["La grandeur humaine est la négation de ce que les hommes disent généralement grand et admirable..." ; Le Modèle. - Venu de Rome, de Belleville ou de Grenelle, il va à l'instant être Jésus...] (p. [256]-259)
CHRONIQUES
Tristan Derême  : Les Poèmes [Francis Carco. - Instincts (Le Feu) - p. [260]-261 ; Lucien Rolmer. - Le second volume des chants perdus (Mercure) - p. 262-263 ; René Arcos. - Ce qui naît (Figuière) - p. 263-265 ; Marcel Martinet. - Le jeune homme et la vie (L'Édition de Paris) - aucune recension en réalité ; Jacques Hébertot. - Poèmes de mon pays (L'âme normande) ; Jean Azais. - Les mois qui pleurent ; Georges Walder. - La Chimère (l'Estrade) ; Paul Lieutier. - Les heures fugitives (Sansot) ; Albert Puyrigaud. - Des ronds sur l'eau (L'âme normande) ; Sidi Kassem. - Les chants du Nadir (Daragon) ; Henry Maassen. - Les marches arides (Société Belge d'éditions) ; Les sanglantes (Marcel Rivière) ; Nicolas Beauduin. - Les deux règnes (Les rubriques nouvelles) - Un court paragraphe pour l'ensemble des 9 autres volumes - p. 265] (p. [260]-265)

Louis Pergaud : Les Romans [Les Sept Pendus et la Vie d'un Pope, par Léonid Andréief, traduit par Serge Persky - p. [266]-267 ; Les Rameurs, par Georges Périn - p. 267; Augurales et Talismans, par Sébastien Voirol - p. 267-268 ; Les Lunettes et autres contes inédits, d'Edgar Poë - p. 268 ; Isabel ou Le Poignard d'argent - p. 268 ; La Liseuse, par Léon Frapié ; Faits divers, par Ch.-L. Philippe - p. 269 ; Les Patibulaires, par Jean et Paul Fiolle - p. 269-270 ; Loïk, par Louis Alibert - p. 270] (p. [266]-270)
T[ristan]. D[erême]., P[aul]. V[imereu]., L[ouis]. P[ergaud]. : Notes [M. Jean-Marc Bernard, les classiques et la zoologie, signé T. D. - p. [271] ; Un drame de Dostoiewski, signé P. V. - p. [271]-272 ; Garçon ! de quoi écrire !, signé L. P. - p. 272]  (p. [271]-272)

dimanche 23 janvier 2011

L'ART LIBRE N°18 - ÉTÉ 1911

L'ART LIBRE
N°18 (Été 1911)
[Date de publication : Été 1911 - Couverture : Titre, Sous-Titre ("Revue Mensuelle de Littérature et d'Art"), Sommaire, Marque (illustration représentant un chevalier armé), Adresse, Prix du N°, Date - 2e de couverture : Titre, Périodicité, Adresse, Directeur, Secrétaires de la rédaction, "Ont collaboré jusqu'à ce jour à L'Art Libre" (suit la liste des collaborateurs), Mentions ("L'Art Libre ne publie que de l'inédit. / Les auteurs sont responsables de leurs écrits et la Rédaction ne s'engage que pour les articles signés d'elle. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Les droits de traduction et de reproduction sont réservés pour tous pays. / Il est rendu compte de tout ouvrage reçu. Nous prions MM. les Auteurs et Directeurs de journaux et revues d'adresser leurs envois aux titulaires des chroniques correspondant au caractère de leurs ouvrages, à L'Art Libre, 1, quai Rambaud : / Chroniques / Littérature, Philosophie : Joseph Billiet. - Les Romans : Antoine Vicard. - Les Poèmes : Henry Dérieux. - Littérature dramatique : Joseph Gravier. - Publications d'Art : René Vachia. - Les Revues : Paul Æschimann. - Notes : Louis Lenfant. - Chronique slave : William Ritter.") - 3e de couverture : Bibliographie. Service des Revues (suit la liste des titres reçus) - 4e de couverture : Titre, Périodicité, Adresse, "Le prix de l'abonnement à L'Art Libre est fixé à 10 francs par an pour la France et l'Étranger. Les demandes d'abonnement doivent être adressées, accompagnées d'un bon de poste, à M. Louis Billiet, administrateur. Les demandes de renseignements et toutes communications relatives aux éditions, doivent être également adressées à M. l'Administrateur. / Bibliothèque de L'Art Libre / Déjà paru : Henry Béraud. - François Vernay, peintre lyonnais (1821-1896) ; Opinions et Tendances, 1er fascicule. G.-Joseph Gros. - Les Yeux pleins de larmes, poèmes. Henry Dérieux. - Le Sable d'Or, poèmes. Joseph Billiet. - Introduction à la Vie solitaire ; Les Visages de l'Égypte, préface de Paul Adam (Eugène Figuière, éd., 7, rue Corneille, Paris) / Pour paraître : René Vachia. - Flûteries d'Automne. G.-Joseph Gros. - Douze mois d'adolescence. Henry Dérieux. - Le regard derrière l'épaule. Henry Béraud. - Opinions et Tendances. Joseph Billiet. - Narcisse sentimental - Page [593] : En-tête (3e Année, Numéro 18, Été 910) - Pagination : 32 pages]
Sommaire
Joseph Billiet : Testament (p. [593]-595)
Frédéric Guitard : Café-concert arabe (p. 596-598)

Gabriel Paysan : Le familier des cimes, poème [A Joseph Gravier] (p. 598-601)

Francis Carco : Poème (p. 602)

Joseph Billiet : Départs [A Théo Varlet - daté "avril 1910"] (p. 602-606)
LES RENAISSANCES
L'enquête que nous avons ouverte, sur la question des Renaissances, a eu dans le monde des jeunes littérateurs, le retentissement attendu.
Voici, dans l'ordre où elles sont parvenues, les réponses qui ont été adressées à notre directeur :
Réponses de : Charles Vildrac (p. 607-609), Léon Werth (p. 609), René Arcos (p. 609-610), Nicolas Beauduin (p. 610), Jean Richard, Directeur de l'Effort (p. 610-614), Jean-Marc Bernard (p. 614-615), Olivier Bag, Directeur des Marches du Sud-Ouest (p. 615-617)
Joseph Billiet : Conclusion [en épigraphe, citation de Charles-Louis Philippe : "Maintenant il faut des barbares. Il faut qu'on ait vécu très près de Dieu sans l'avoir étudié dans les livres, il faut qu'on ait une vision de la vie naturelle, que l'on ait de la force, de la rage même. Le temps de la douceur et du dilettantisme est passé. C'est aujourd'hui le commencement du temps de la passion."] (p. 618-620)
Joseph Billiet : Littérature [Tancrède de Visan : L'attitude du Lyrisme contemporain (Paris, Mercure de France), p. 621-622. - Robert Scheffer : Plumes d'oies et plumes d'aigles (édition de Pan). - André Gide : Charles-Louis Philippe (Figuière et Cie, éditeurs), p. 622] (p. 621-622)
Henry Dérieux  : Les Poèmes [Paul Claudel : Cinq grandes odes suivies d'un Processionnal pour saluer le siècle nouveau (Bibliothèque de l'Occident) - Albert Erlande : Le Poème royal (Mercure de France), p. 623 - Théo Varlet : Poèmes choisis (chez l'auteur, à Cassis) - Paul Feuillâtre : Le jeu de l'amour et du désespoir (La Belle Édition) - J.-G. Jordaens : Post... animal triste (id.) - P. de Bouchaud : Le Luth doré (Bernard Grasset) - Joseph Mélon : La Maison vers le Lac (Cahiers de la quinzaine) - Jean Azaïs : Les Mois qui pleurent, p. 624] (p. 623-624)

Document
TESTAMENT
Ceci est notre testament et notre épitaphe. Ici meurt L'Art Libre. Il se peut qu'un avenir plus favorable nous rassemble à nouveau sous son titre, qu'un seul d'entre nous même en assume une nouvelle réalisation. Pour ceux qui le fondèrent, l'œuvre de ces deux années s'arrête à ce jour. Les nécessités de la vie dispersent notre groupe : plusieurs partent au régiment et le directeur s'exile au Caucase, car, à moins d'être fonctionnaire ou rentier, il est impossible à un poète de subsister sur le sol français. Les plus jeunes qui sont venus récemment à nous, effrayés des difficultés qui composent l'existence d'une revue, ne peuvent reprendre le fardeau.

Nous devons en mourant faire notre examen de conscience. Avons-nous répondu à nos promesses. Certes, il nous est arrivé parfois de publier de faibles pages : les excellentes sont si rares ! Rendons-nous cette justice que notre critique s'est toujours tenue dans une honorable sévérité. Nous avons signalé tous les livres intéressants qui nous sont parvenus, toutes les tentatives que nous avons connues. Nous avons révélé des talents jeunes : les nôtres, ceux de nos amis.

De ce groupe assemblé autour d'un idéal : un raid à accomplir dans le désert lyonnais, - le souvenir restera de quelques gestes, de voix différentes mais unies, de tempéraments ingénument essayés, d'un courage ! Pour n'aboutir à nul triomphe, notre caravane s'enorgueillit pourtant de quelques affirmations, s'enrichit de quelques conquêtes. Dispersés, nous garderons le souvenir de l'atmosphère où nous vécûmes, fervents d'action. Nous y puiserons peut-être un enthousiasme pour les gestes que désormais nous accomplirons, seuls.

A vivre parmi nos frères avec quelque publicité, nous avons acquis une maturité et quelque assurance. Un autre profit, nous ne le cherchions pas. A Lyon, pour réussir, il faut être médiocre : nous n'avons pas réussi. Nous savons donc ne rien attendre de ceux dont le hasard nous fit compatriotes. Ils nous convient de nous déraciner d'un sol qui nous étouffe. Lyon n'est pas une patrie, qui, sans harmonie de ses colons à son site, refuse aux poumons avides une atmosphère de maison louche où trafiquent des financiers.

Colonie de publicains romains, Lyon, depuis deux mille ans, contient en ses maisons peu changées deux éléments différents : Celtes rêveurs et mystiques, fantasques, indolents, insatisfaits, et Latins rapaces qui supputent et pèsent, vivent d'argent et pour l'argent. D'incessantes invasions ont accru ce dernier groupe de recrues germaniques ou sémites.

On nous a reproché de n'avoir pas fait une revue lyonnaise, sans comprendre que seuls, peut-être, et sans y prétendre, nos chants exprimaient mieux que toutes théoriques affirmations l'âme du paysage lyonnais. N'est-il pas évident, d'ailleurs, que les plus Lyonnais de nos peintres lyonnais, les Vernay, les Carrand, les Guichard, les Puvis de Chavannes, restent incompris d'un public qui veut en art une impersonnelle marchandise, article d'exportation : Orsel, Meissonier, Chenavard, et d'autres que je n'ose nommer.

Il ne peut plus exister une âme lyonnaise ; nous l'eussions rencontrée dans nos recherches au jardin des âmes : nous n'avons trouvé qu'une banque où notre monnaie idéale nous fut déclarée n'avoir pas cours. Il convient de remercier ceux dont l'odeur, enfin reconnue, nous avertit.

Nous avions cru, aux apparences de nos voisins accroupis, vivre dans un temple et voici que nous nous réveillons au milieu d'un marché. Il n'est plus de notre temps de chasser du temple les vendeurs ; aussi bien ils sont trop et féconds en petits. Le geste ne pourrait être efficace et il est préférable d'espérer l'éclosion de suffisants énergumènes, que nous - ou d'autres - puissions changer de la besogne d'assainissement.

En attendant, chacun de nous s'appliquera en son temple intérieur à perfectionner ses différences tant détestées, où qu'il vive, fût-ce à Lyon, puisqu'aussi bien pour nous, c'est Lyon même et son uniforme hypocrisie qui nous les révélèrent. République de métèques et de pharisiens, sans même l'apparat de sa richesse, cité veule où la propreté même semble un luxe inutile, Lyon croupit au bord de ses fleuves, suppure aux flancs de ses collines ; et pourtant le soleil revêt d'or vert, de soie mauve, les brumes qui traînent, attristées, vœux plaintifs de la terre avilie qui se voile à la face du ciel.
JOSEPH BILLIET.