lundi 7 février 2011

LES TABLETTES N°3 - 20 AVRIL 1911


LES TABLETTES
N°3 (20 avril 1911)
[Date de publication : 20 avril 1911 - Couverture : Titre, Numéro, Date, Sommaire, Prix du numéro, fleuron, Adresses - 2e de couverture : Sommaire des Tablettes n°1 (Janvier 1911) et n°2 (12 mars 1911), "Envoi de chaque numéro contre 0 fr. 75 adressés à l'Administration", Abonnements - 3e de couverture : Œuvres actuelles de Michel Abadie (suit une bibliographie) et d'Albert Fleury (suit une bibliographie), "On trouve Les Tablettes chez : Librairie Léon Ribaut, 6, rue Saint-Louis, Pau ; Benard, galeries de l'Odéon ; Floury, 1, boulevard des Capucines ; Stock, 155, rue Saint-Honoré ; Librairie des Lettrés, 92, boulevard Saint-Germain ; Blanchard, 4, boulevard Saint-André ; Grande Librairie de l'Opéra, 1, rue Auber, "Les demandes de spécimen doivent être accompagnées de 0 fr. 30 en timbres-poste"  - 4e de couverture : Titre, Sous-titre, Équipe de direction, "Les Tablettes ne sont l'organe d'aucun Groupe, d'aucune École littéraire. Elles ne relèvent d'aucune formule, et tendent seulement à être une Revue d'Art pur et de Beauté. Toutes les idées, toutes les opinions y sont accueillies pourvu qu'elles soient exprimées avec style et noblesse. / Les Tablettes ne publient que de l'inédit. / Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. / Chaque auteur est responsable de ses articles. / La reproduction et la traduction des matières publiées dans Les Tablettes sont réservées. // Tout ce qui concerne la partie littéraire (envois de manuscrits, de livres, service et échange des revues, etc...), doit être adressé à la Direction, 3, rue Michelet, Pau (Basses-Pyrénées). / Tout ce qui concerne la partie administrative (abonnements, mandats, demandes de spécimens, etc...), doit être adressé au Siège de l'Administration, 11bis, rue de Maubeuge, Paris (IXe)" - 2 pages vertes en fin de numéro : Page [I] (Vient de Paraître : VIBRATIONS / Poèmes par / Camille Schiltz / Envoi contre 1 fr. 50 adressés à L'Administration des Tablettes, 11bis, rue de Maubeuge, Paris (IXe)) ; Page [II] (Les Chants I et II des GÉORGIQUES CHRÉTIENNES par Francis Jammes Viennent de paraître au Mercure de France / Ont paru récemment : Des Automnes et des Soirs... par Albert Fleury, Léon Ribaut, éditeur, 6, rue Saint-Louis, Pau (envoi contre 3 francs) ; Le Cœur de la Forêt par Michel Abadie, Sansot, éditeur, 7 et 9, rue de l'Éperon, Paris (envoi contre 4 francs)) - Page [101] : En-tête (N°3.- Les Tablettes. - 20 avril 1911) - Pagination : 52 pages]

Sommaire
Péladan : Pax !, Lettre à MM. les Curés de France [Cette lettre est la troisième d'une série où Péladan s'efforce de donner des conseils de sagesse aux contemporains. Les deux premières - aux Maîtres de village et aux Instituteurs - ont paru dans le supplément du Figaro sous les titres de Le Drapeau de Pierre et L'École nationale] (p. [101]-111)
Camille Schiltz : Vibrations : Poétique (p. 112), A la Lyre (p. 113-114), Le Silence [A ma chère Femme] (p. 114-115), poèmes (p. 112-115)

Aline Richeux : Une Rencontre banale, nouvelle (p. 116-122)

Léon Mallay : Deux Ports : Calais, Le Havre (p. 123-128)

V. Delfolie : Sonnet, poème (p. 129)

Albert Fleury : Papiers du Vagabond : Linette (Fragments) (p. 130-139)
R. Delaunay : Sous Bois (p. 140-141)
[CHRONIQUES]
C[amille]. S[chiltz].  : Tablettes [Le soixantième mille de Marie Claire réjouit grandement Séverine. Nous aussi. Au centième mille, notre joie sera du délire, n'est-ce pas Séverine ?... ; Un critique ayant lu Images simples et ferventes se demande ce que cela prouve. Cet homme est bien curieux. Croit-il que cela prouve plus ou moins que Gaspard de la Nuit, que les petits Poèmes en prose, que le Rêve et la Vie ?... ; La Sorbonne, hostile à la culture française, se devait de fêter Tolstoï. Discours d'Anatole France dernière manière... ; Biffins. - Il y a ceux des poubelles, braves gens au cœur solide qui sont pitoyables à la détresse des choses jetées au rebut. Il y a ceux des tiroirs... ; Et conférences, banquets, premières, inaugurations sévissent comme parades en foire. Il le faut bien, car si vous ôtez cela à la Littérature-qui-fait-du-bruit, la Littérature-qui-fait-du-bruit aura perdu toutes ses raisons d'exister.] (p. 142-143)

M[ichel]. A[badie]. : Bibliographie [La Chanson du Bronze, par A. Belval-Delahaye ; Livres reçus : La Poésie paroxyste (étude sur Nicolas Beauduin), par M. Henry Maasen - Poèmes de mon pays, par M. Jacques Hébertot - Toute la femme en cent rondels (Lemerre, édit.), par M. Émile Rochard - Nitokris, poème (Société de l'Édition libre), par M. J.-F.-Louis Merlet - Amédée Prouvost (biographie), par M. C. Lecigue (Bernard Grasset, édit.) - Pages choisies et inédites d'Amédée Prouvost (Bernard Grasset, édit.) - Le Sable d'or, poèmes, par M. Henry Dérieux (l'Art libre, édit. Lyon) - Mafarka le Futuriste, roman africain, par M. F. T. Marinetti (Sansot, édit.) - Gérard de Nerval, monographie, par M. H. Strentz - Les Lettres de la Vaunage, par Mme Joséphine Bégassat] (p. 144-145)
Alceste : Échos & Revues [Notre ami Camille Schiltz vient de publier une série de délicats poèmes, intitulée Vibrations... ; Un instant il nous fut permis d'espérer que le Triboulet du Roi s'amuse ne serait pas interprété par M. Silvain... ; M. G. Deherme a connu sans doute beaucoup d'imbéciles qui "donnaient" dans la littérature ; il en a conclu que les littérateurs ne sont que "des sots ou des pourceaux..." Ce n'est pas flatteur pour ses relations. Et puis sa diatribe de La Coopération des Idées (n°79) rappelle beaucoup la fameuse Faillite de la Science, de feu Brunetière... ; Dans La Petite Gazette Aptésienne, un beau vers (...) extrait du Cœur Solitaire, de Charles Guérin. Nous y trouvons aussi des aménités exquises. Pour exprimer qu'on ne goûte point les Pensées, de Francis Jammes, publiées dans le dernier numéro des Tablettes, on ne trouve rien de plus décent que de les qualifier "d'âneries"... ; Cueillie dans Comœdia du 6 avril, cette extraordinaire déclaration... ; Dans le Mercure de France du 16 mars, la fin d'une étude sur Moréas "dévoilé" qui est bien le pire hommage qu'on ait pu rendre à la mémoire du poète des Stances... ; Par contre, dans le Mercure du 1er avril, un article de Péladan, Philosophie de la Volupté, à lire en entier... ; Les Feuillets de mars donnent un poème de M. Henri Odier : Les Cyprès ; des Proses, de M. Girardet ; un fragment de roman : Laurence, de M. François Fosca ; la fin d'une étude sur l'Éducation Artistique, par M. Camille Martin et diverses chroniques. Les Feuillets, sont une nouvelle revue, jumelle d'ailleurs des Tablettes, et l'intérêt de sa tentative est à signaler. Son sous-titre nous le dit : Revue de culture suisse... ; Dans l'Ile sonnante, enfin, M. Édouard Gazanion décrit un Orage manqué d'un bon impressionnisme... ; Revues à lire (liste)] (p. 146-150)
Les Tablettes : Protestation [Un des 597 personnages élus au suffrage universel, pour représenter l'idéal moyen des classes médiocres, s'étant permis, en plein Parlement, de formuler des jugements, des critiques sur la direction artistique de M. André Antoine au théâtre de l'Odéon...] (p. 151)

vendredi 28 janvier 2011

MAX DAIREAUX : "LA FONDATION D'UNE REVUE"

J'aurai l'occasion de donner, dans quelques semaines, la description de plusieurs numéros des RUBRIQUES NOUVELLES de Nicolas Beauduin ; aujourd'hui, je me contenterai de reproduire un récit de Max Daireaux, qui y parut. Cet ami de Marcel Proust devait partager avec ce dernier une identique aversion pour l'obscurité symboliste, ce qui explique le ton satyrique de la fiction qu'on va lire, fiction où la coruscance des noms rappelle peut-être quelques-uns des protagonistes du mouvement de 1886, dans une ambiance plus contemporaine mêlée d'unanimisme et d'art social. Au lecteur de lever les masques.
LA FONDATION D'UNE REVUE
Dans une chambre exiguë et convenablement enfumée du quartier Montparnasse, quelques jeunes "espoirs de la littérature" se réunissaient chaque soir pour échanger des idées.

L'élévation de leurs vues provenait surtout de la hauteur du pigeonnier, sis au sixième étage, d'une maison sordide, où leur cénacle avait fait son nid.

Ils étaient tous à l'âge des espoirs fougueux, des convictions bruyantes ; il y avait là des emballeurs, des entraîneurs, des convaincus, des apôtres et des blasphémateurs.

On y rencontrait, chaque soir, des poètes qui portaient l'Infini sur les ailes éployées de leurs grands chapeaux mous, des philosophes refusés à l'école normale et qui s'appuyaient sur l'absolu comme sur un gros gourdin, des chartistes silencieux au teint de parchemin mâché, des licenciés licencieux, des romanciers faméliques qui n'avaient pas trouvé, comme leurs confrères les poètes, une place à l'Assistance publique pour faire "bouffer leur Muse".

On y voyait aussi deux ou trois femmes maigres, qui criaient plus fort que les hommes, qui sabraient tout, les unes avec de gros mots parce qu'elles étudiaient la médecine, d'autres avec des gestes prétentieux, parce qu'elles savaient l'anglais. Il y avait une négresse aussi. On ne savait pas très bien à qui elles appartenaient, peut-être n'était-ce pas toujours aux mêmes.

Ce soir-là l'animation était forte. Garrigou, ancien débardeur, à qui une pièce reçues à l'Odéon donnait la situation d'homme arrivé, parlait très fort. Troicardas, que l'on appelait aussi Socrate, et qui se croyait orateur, voulait qu'on l'écoutât. Antoine Labille, un timide à barbe blonde, qui avait mis ses yeux bleus sous verre, répétait sans cesse : "Moi, je crois... moi, je crois..." sans jamais pouvoir aller plus loin.

C'est que Rodolphe-Napoléon Bourgeois venait de proposer la fondation d'une nouvelle revue. Il apportait les fonds.

R.-N. Bourgeois avait les stigmates indiscutables de la fortune ; ses mains étaient propres, sa cravate discrète, et une raie, terriblement médiane, divisait ses cheveux avec une équité toute américaine et déjà directoriale.

A peine eut-il émis son projet que des cris divers partirent. - Moi, je ferai la critique dramatique, dit Garrigou ; moi, la critique littéraire, dit Troicardas ; moi, la critique artistique, dit Labille ; moi, la quitique des quitiques, hurla la négresse !

Ces jeunes littérateurs ne rêvaient que de morigéner leurs anciens, et d'asseoir leurs examinateurs d'hier au banc des élèves. Dépositaires de la Vérité, ils préféraient l'indiquer aux barbes blanches plutôt que d'en faire usage eux-mêmes.

Les bocks s'entrechoquèrent avec violence quand Bourgeois prononça : Nous serons hebdomadaires !

Cela donna lieu à une explosion nouvelle et assourdissante d'enthousiasme et d'idées généreuses.

- Nous ferons une campagne pour l'augmentation des salaires, clama Garrigou.

- Pour les retraites ouvrières, hurla Socrate, et il fit un discours électoral que personne n'écouta, mais, au cours duquel, il récita trois cents vers de Victor Hugo, et douze pages d'Alphonse Karr, car il avait une mémoire prodigieuse.

- Et sur l'impôt sur le revenu, ajouta Petrus Pépi, qui vivait de la charité publique.

- Et sur la propriété littéraire à l'étranger, glapit Bourba, dit le singe, dont la petite amie, une étudiante russe et nihiliste, venait de partir avec un pharmacien.

- Et sur l'exploitation du travail par le capital, ajouta la négresse.

- Mais, combien paiera-t-on les rédacteurs ? demanda le gros Onésime Chapon, à qui ses parents, épiciers retraités, faisaient une rente de 180 francs par mois...

Des vociférations indignées couvrirent sa voix ; les salaires des égoutiers, l'exploitation du travail, la propriété littéraire, soit ! mais payer les rédacteurs ? Pour étouffer leur colère, les moins enragés durent vider plus de sept bocks ; les autres eussent fait un mauvais parti à Onésime, si celui-ci n'avait jugé prudent de s'esquiver, d'abord.
Les voix montaient toujours ; les pipes étaient les locomotives de ce train d'enfer. Au bout d'une heure, il fut décidé qu'on tirerait à cinq mille, qu'on démolirait la Revue des Deux-Mondes, que Loti ne savait pas écrire, que Renan était mort, que Zola était un Dieu, et Shakespeare un imbécile ; Garrigou accabla Barrès, Troicardas s'attaqua à Henri de Régnier et la négresse, sans doute par jalousie féminine, s'en prit à Mme de Noailles.

Les divagations se faisaient de plus en plus confuses et métaphysiques, le brouhaha était assourdissant, la fumée des pipes, âcre, lourde, opaque, traînait impénétrable, la bière répandue salissait les tables, les habits, le tapis...

Une lampe s'était éteinte, l'autre éclairait à peine. Bourba s'était endormi sur les genoux de la négresse, Troicardas parlait toujours, Garrigou lisait une tragédie, les autres péroraient, discutaient, brâmaient. Les femmes piaillaient.

L'atmosphère était pesante, grasse, malodorante, obscure, unanime, et si l'on peut dire : symbolique.

La revue était fondée.
MAX DAIREAUX.

mercredi 26 janvier 2011

L'ILE SONNANTE N°28 - AVRIL 1913

L'ILE SONNANTE
N°28 (Avril 1913)
[Date de publication : Avril 1913 - Couverture : Année (4e), Numéro, Date, Titre (en rouge), Sous-titre, Périodicité, Sommaire, Prix du numéro, Adresses (Direction et Administration) - 2e de couverture : Titre, Adresse, Rédaction ("Le Mardi soir de 8 h. à 10 h. (sauf du 1er Mai au 1er Octobre)"), "Toutes les communications relatives à la rédaction devront être adressées à M. Michel Puy, 21, rue Rousselet, Paris (VIIe)", "Tout ce qui concerne l'administration de la Revue (abonnements, mandats, demandes de numéros), devra être adressé à MM. Georges Crès et Cie, édit., 3, place de la Sorbonne, Paris (Ve)", Direction, Comité de Rédaction, "Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles", "Les manuscrits seront retournés aux auteurs qui en feront la demande, mais l'Administration de la Revue décline toute responsabilité en ce qui concerne les manuscrits qui viendraient à être perdus ou détruits.", "L'Ile Sonnante paraît 6 fois par an : les 1er février, 1er avril, 1er juin, 1er août, 1er octobre et 1er décembre", Abonnement - 3e de couverture : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve), "Collection de La Phalange (J.-A. Nau : Vers la fée Viviane. 2 " ; Jean Royère : Sœur de Narcisse nue. 3 50 ; G. Mérédith : Amour Moderne (Traduction Fontainas). 2 " ; René d'Avril : Les Impalpables. 2 " ; Claude Odilé : Chants. 1 50 / Vient de paraître : Henri Hertz : Les Apartés. 3 50), "Soldes : Le Nouveau Calendrier des Grands Hommes (Biographie des 558 personnages de tous les temps et de toutes les Nations qui figurent dans le Calendrier positiviste d'Auguste Comte. Traduit de l'anglais par Ch. Avezac-Lavigne. Paris, 1895...) / Nourrisson : J.-J. Rousseau et le Rousseauisme. Paris, 1903, beau volume in-8 broché (au lieu de 7 fr. 50) 2 fr. 50" - 4e de couverture : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve). Les Poètes de notre Temps (Albert Jean : La pluie au Printemps fr 3.50 / L'ombre des fumées fr. 3.50 / Annibal de Montchanut : Vieil Hypocras au Vin de Beaune fr. 3.50 / Athanassiades : Petites Élégies fr 2.00 / Chuzewile : La route poudroie fr. 3.00 ; Guyon : Les Pâques Païennes fr. 3.50 / Hennequin : La terre Poitevine fr. 3.50 / Jouve : Présences, 1re série fr. 3.50 / Georges Fourest : La Négresse Blonde fr. 3.50 (Édition revue et augmentée. Georges Fourest en qui Pierre Mille saluait naguère le plus riche, le plus somptueux, le plus truculent des artisans du grand vers romantique et parnassien) / Jacques Vaillant : Hector, drame fr. 2.00 / Bibliothèque de L'Occident / F.-P. Alibert : Le Buisson Ardent, tiré à 250 exemplaires numérotés (détail du tirage) // Nos Portraits (Nous tenons à la disposition des amateurs une série de Portraits de Paul Verlaine, Charles Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Remy de Gourmont, Émile Verhaeren, Maurice Barrès, Henri de Régnier, J.-K. Huysmans, Stendhal, Pierre Louys, J. Barbey d'Aurevilly, J.-J. Rousseau, Mme de Warens, etc., dessinés et gravés sur bois par P.-E. Vibert. Ces portraits tirés à 25 ex. sur viux japon, à grande marge, signés et numérotés par l'artiste, se vendent séparément au prix de 20 fr.) - page [96] : Georges Crès et Cie, place de la Sorbonne, 3 et 3bis, Paris (Ve). René Boylesve / Les Bains de Bade avec six gravures originales et des ornements divers par A. Rassenfosse / Beau volume petit in-8 (27 1/2 x 20 1/2) tiré à 225 exemplaires numérotés à la presse dont 25 ex. sur Japon avec double suite des gravures (Souscrits) et 200 exemplaires sur Hollande à 60 francs / Il ne reste de ces derniers qu'un petit nombre d'exemplaires // Les Maîtres du Livre / Quatrième Série (En préparation) / (Maurice Barrès : Sous l'œil des Barbares 7 50 ; Théophile Gautier : Émaux et Camées 7 50 ; Léon Bloy : Le Désespéré 9 " ; Remy de Gourmont : Lettres d'un Satyre 7 50 ; Pierre Louÿs : Aphrodite 7 50 ; Benjamin Constant : Adolphe 7 50 ; Abbé Prévost : Manon Lescaut 7 50) / La souscription aux 7 volumes est fixée à cinquante francs (au lieu de 54 francs les volumes pris séparément). - Pagination : 48 pages]
Sommaire
Maurice de Faramond : Diane de Poitiers (Essai de Tragi-Comédie historique, représenté aux samedis de l'Odéon, juin 1911), pièce [Finale du 1er acte (fragment)] (p. [49]-54)
André Salmon : Le Mort et sa Servante, poème (p. [55])

Louis Pergaud : Le chien empoisonné [Extrait du Roman de Miraut, à paraître prochainement] (p. [56]-60)

Paul Vimereu : Solitude, poème (p. [61]-62)

Charles Callet : Les Taureaux d'Arthur (p. [63]-66)

Fernand Divoire : Ronde des Signes [(A Louis Richard-Mounet)] (p. [67])
Roger Frène : Poèmes : Crépuscule (p. [68]), Silence d'Automne (p. 69), Le vieil ami (p. 70)
Henry Dérieux : L'automne et l'abondance [A. V. Crozet] (p. [71]-72)
Henri Strentz : Poèmes : Lied (p. [73]-74), Chanson de fou (p. 74-75)

Louis Thêne : Le don nuptial, poème [Pour Auguste Pullès ; en épigraphe, citation de H. Bataille : "...En ce corps, qui se donne à la métamorphose / Dans une souveraine allégresse de vierge" ; Les Vierges voluptueuses, 1912] (p. [76]-77)

Marcel Martinet : Éclectisme et justice (p. [78]-80)

Tristan Derême : Souvenirs, poème (p. [81]-83)
CHRONIQUES
Louis Pergaud  : Les Romans [Une tragique enfance, par Maxime Gorki, traduit d'après le manuscrit, par Serge Persky (Calmann Lévy) - p. [84]-85 ; Tendres canailles, par André Salmon (Ollendorff) - p. 85-86 ; Celui qui s'endurcit, par Robert Randau (Sansot) - p. 86 ; A l'ombre des grandes ailes, par Sylvain Bonmariage (Figuière) - p. 86-87 ; Les abeilles, par Yvonne Durand (Le Temps présent) ; Mémento (Rose Amy, enfant... ; L'Homme aux deux âmes... ; Mon agneau, les loups et moi... ; Le Livre de la Bien aimée...) - p. 87] (p. [84]-87)

Roger Frène : Les Revues [La ténacité de plusieurs confrères à se vouloir des celtes purs, malgré toutes les probabilités du monde pour qu'ils aient une sérieuse dose de sang romain dans les veines, est pour le moins curieuse, car elle se heurte à un fait : l'invasion... ; Les pages que Charles Callet nous fait connaître de son père, Auguste Callet, sont d'un excellent écrivain (...) il se montre indigné du mercantilisme et de la hâte qu'accusent les oeuvres d'un Balzac (Entretiens Idéalistes)... ; Les Bandeaux d'Or valent par une esthétique fermement novatrice. Les chroniques y sont vivantes et pleines d'un heureux parti-pris. Rien de froid ici. Castiaux, Arcos, Jouve et Chennevière animent le dernier numéro, très significatif, de leurs opinions et analyses... ; Poème et Drame a publié deux importants et beaux poèmes, l'un de L. Mandin (...) l'autre de G. Apollinaire, plein de curieuses et belles images... ; Memento (Lire dans les Horizons, les vers de Martinet... ; dans Pan, un conte très verveux de Marc Stéphane ; dans Rythm, les lettres de France de Derême et de Carco ; dans le Parthénon, un conte de Faramond ; dans la Nouvelle Revue Française, la belle chronique de Suarès sur Villon... ; Le Florilège publie de jolis vers de Marie Gevers] (p. [88]-90)
R[oger]. F[rène]., M[ichel]. P[uy]., R. S. : Notes [Du rythme, signé R. F. - p. [91]-92 ; Les monuments aux poètes, signé M. P. - p. 92-93 ; Bibliophilie : Édouard Pelletan, signé R. S. - p. 94-95 ; Une Anthologie des poètes fantaisistes paraîtra prochainement par les soins de Francis Carco et Tristan Derême... ; Revues nouvelles. - La Revue des Nations, organe de la Ligue celtique française (Figuière, éditeur). Le Gay sçavoir, 24 rue de Chazelles, Paris. Rédaction : Dominique Combette, Ernest Dufour, René Morand, Maurice Pillet, Henri Strentz ; La Fédération internationale pour la culture française organise un nouveau congrès qui se tiendra à Gand, en 1913, pendant l'Exposition universelle..., ces trois dernières notes non signées - p. 95]  (p. [91]-95)

L'ILE SONNANTE N° 18 - JUILLET 1911

L'ILE SONNANTE
N° 18 (Juillet 1911)
[Date de publication : Juillet 1911 - Couverture : Série (2e), Numéro, Date, Titre (en rouge), Sous-titre, Périodicité ("Paraissant tous les deux mois"), Sommaire, Prix du numéro, Adresse - 2e de couverture : Titre, Adresse, Rédaction ("Le Mardi de 5 heures et demie à 7 heures et demie (sauf du 1er Mai au 1er Octobre)"), Comité de Rédaction, "Adresser toutes les communications à M. Michel Puy, 21, rue Rousselet, Paris (VIIe)", "Les manuscrits peuvent aussi être déposés chez MM. Charles Callet, 23, rue de Vaugirard, Paris, 6e (le samedi soir de 9 à 11 h.), Édouard Gazanion, 67, rue Caulaincourt, Paris, 18e (le mercredi de 5 à 7 h.), et Louis Pergaud, 3, rue Marguerin, Paris, 14e (les 2 premiers mercredis du mois, de 9 à 11 h. s.)", "Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles", "Les manuscrits seront retournés aux auteurs qui en feront la demande, mais l'Administration de la Revue décline toute responsabilité en ce qui concerne les manuscrits qui viendraient à être perdus ou détruits.", "Les 10 numéros de la 2me série de L'Ile Sonnante paraîtront aux dates suivantes : 1er novembre et 1er décembre 1910, 1er janvier, 1er février, 1er mars, 1er avril, 1er mai, 1er juin, 1er juillet, 1er octobre et 1er décembre 1911", Abonnement, Abonnement d'essai (3 numéros : 1 franc) - 3e de couverture : Titre, Adresse, "Publie chaque année environ 300 pages in-8", Extrait des sommaires des deux premières séries, Publicités pour la "Galerie Marseille et Vildrac" et Le Courrier de la Presse - 4e de couverture : Service des Revues (suit la liste des revues reçues) - Pagination : 40 pages]

Sommaire
Marcel Martinet : Dédicace, poème (p. [233]-235)
Marc Stéphane : Le désastre de Cavalier à la Tour de Belot ["Ces pages sont extraites de Montrevel-Satan, 2eme cahier de l'Epopée camisarde, sous presse" - Mémoires d'un Camisard restitués] (p. [236]-242)

Léo Loups : Miliana, poème (p. [243])

Paul Vimereu : Les trois Uhlans (p. [244]-247)

Émile Zavie : Un de ces Soirs, poème [En épigraphe, citation de Frédéric Nietzsche : "- C'est le soir  qui s'interroge en moi. Pardonnez-moi ma tristesse. Le soir est venu ; pardonnez-moi que le soir soit venu"] (p. [248]-249)

Roger Frène : Aspects et Mouvements [Le bi-centenaire du porte-férule. - Il est assez étonnant que plusieurs jeunes littérateurs aient entrepris récemment la louange de Boileau : autant valait s'enthousiasmer non seulement pour la bonne et pure versification, mais pour l'étroitesse du jugement et du goût..." ; Le théâtre et notre scepticisme. - Le scepticisme, dans les arts, semble incapable de produire aucune grandeur, j'entends cette grandeur inspirée par la passion et qui nous enlève à nous-mêmes parce qu'elle ne calcule pas..." ; Danse des Morts. - Voici des posthumes de Renée Vivien : trois petits volumes qu'on met une heure à lire..."] (p. [250]-254)
Jean Fabre : "En Altera quae vehat Argo", poème [Nocturnes, II] (p. [255])
Georges Rouault : Sur l'Art et sur la Vie ["La grandeur humaine est la négation de ce que les hommes disent généralement grand et admirable..." ; Le Modèle. - Venu de Rome, de Belleville ou de Grenelle, il va à l'instant être Jésus...] (p. [256]-259)
CHRONIQUES
Tristan Derême  : Les Poèmes [Francis Carco. - Instincts (Le Feu) - p. [260]-261 ; Lucien Rolmer. - Le second volume des chants perdus (Mercure) - p. 262-263 ; René Arcos. - Ce qui naît (Figuière) - p. 263-265 ; Marcel Martinet. - Le jeune homme et la vie (L'Édition de Paris) - aucune recension en réalité ; Jacques Hébertot. - Poèmes de mon pays (L'âme normande) ; Jean Azais. - Les mois qui pleurent ; Georges Walder. - La Chimère (l'Estrade) ; Paul Lieutier. - Les heures fugitives (Sansot) ; Albert Puyrigaud. - Des ronds sur l'eau (L'âme normande) ; Sidi Kassem. - Les chants du Nadir (Daragon) ; Henry Maassen. - Les marches arides (Société Belge d'éditions) ; Les sanglantes (Marcel Rivière) ; Nicolas Beauduin. - Les deux règnes (Les rubriques nouvelles) - Un court paragraphe pour l'ensemble des 9 autres volumes - p. 265] (p. [260]-265)

Louis Pergaud : Les Romans [Les Sept Pendus et la Vie d'un Pope, par Léonid Andréief, traduit par Serge Persky - p. [266]-267 ; Les Rameurs, par Georges Périn - p. 267; Augurales et Talismans, par Sébastien Voirol - p. 267-268 ; Les Lunettes et autres contes inédits, d'Edgar Poë - p. 268 ; Isabel ou Le Poignard d'argent - p. 268 ; La Liseuse, par Léon Frapié ; Faits divers, par Ch.-L. Philippe - p. 269 ; Les Patibulaires, par Jean et Paul Fiolle - p. 269-270 ; Loïk, par Louis Alibert - p. 270] (p. [266]-270)
T[ristan]. D[erême]., P[aul]. V[imereu]., L[ouis]. P[ergaud]. : Notes [M. Jean-Marc Bernard, les classiques et la zoologie, signé T. D. - p. [271] ; Un drame de Dostoiewski, signé P. V. - p. [271]-272 ; Garçon ! de quoi écrire !, signé L. P. - p. 272]  (p. [271]-272)

dimanche 23 janvier 2011

L'ART LIBRE N°18 - ÉTÉ 1911

L'ART LIBRE
N°18 (Été 1911)
[Date de publication : Été 1911 - Couverture : Titre, Sous-Titre ("Revue Mensuelle de Littérature et d'Art"), Sommaire, Marque (illustration représentant un chevalier armé), Adresse, Prix du N°, Date - 2e de couverture : Titre, Périodicité, Adresse, Directeur, Secrétaires de la rédaction, "Ont collaboré jusqu'à ce jour à L'Art Libre" (suit la liste des collaborateurs), Mentions ("L'Art Libre ne publie que de l'inédit. / Les auteurs sont responsables de leurs écrits et la Rédaction ne s'engage que pour les articles signés d'elle. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Les droits de traduction et de reproduction sont réservés pour tous pays. / Il est rendu compte de tout ouvrage reçu. Nous prions MM. les Auteurs et Directeurs de journaux et revues d'adresser leurs envois aux titulaires des chroniques correspondant au caractère de leurs ouvrages, à L'Art Libre, 1, quai Rambaud : / Chroniques / Littérature, Philosophie : Joseph Billiet. - Les Romans : Antoine Vicard. - Les Poèmes : Henry Dérieux. - Littérature dramatique : Joseph Gravier. - Publications d'Art : René Vachia. - Les Revues : Paul Æschimann. - Notes : Louis Lenfant. - Chronique slave : William Ritter.") - 3e de couverture : Bibliographie. Service des Revues (suit la liste des titres reçus) - 4e de couverture : Titre, Périodicité, Adresse, "Le prix de l'abonnement à L'Art Libre est fixé à 10 francs par an pour la France et l'Étranger. Les demandes d'abonnement doivent être adressées, accompagnées d'un bon de poste, à M. Louis Billiet, administrateur. Les demandes de renseignements et toutes communications relatives aux éditions, doivent être également adressées à M. l'Administrateur. / Bibliothèque de L'Art Libre / Déjà paru : Henry Béraud. - François Vernay, peintre lyonnais (1821-1896) ; Opinions et Tendances, 1er fascicule. G.-Joseph Gros. - Les Yeux pleins de larmes, poèmes. Henry Dérieux. - Le Sable d'Or, poèmes. Joseph Billiet. - Introduction à la Vie solitaire ; Les Visages de l'Égypte, préface de Paul Adam (Eugène Figuière, éd., 7, rue Corneille, Paris) / Pour paraître : René Vachia. - Flûteries d'Automne. G.-Joseph Gros. - Douze mois d'adolescence. Henry Dérieux. - Le regard derrière l'épaule. Henry Béraud. - Opinions et Tendances. Joseph Billiet. - Narcisse sentimental - Page [593] : En-tête (3e Année, Numéro 18, Été 910) - Pagination : 32 pages]
Sommaire
Joseph Billiet : Testament (p. [593]-595)
Frédéric Guitard : Café-concert arabe (p. 596-598)

Gabriel Paysan : Le familier des cimes, poème [A Joseph Gravier] (p. 598-601)

Francis Carco : Poème (p. 602)

Joseph Billiet : Départs [A Théo Varlet - daté "avril 1910"] (p. 602-606)
LES RENAISSANCES
L'enquête que nous avons ouverte, sur la question des Renaissances, a eu dans le monde des jeunes littérateurs, le retentissement attendu.
Voici, dans l'ordre où elles sont parvenues, les réponses qui ont été adressées à notre directeur :
Réponses de : Charles Vildrac (p. 607-609), Léon Werth (p. 609), René Arcos (p. 609-610), Nicolas Beauduin (p. 610), Jean Richard, Directeur de l'Effort (p. 610-614), Jean-Marc Bernard (p. 614-615), Olivier Bag, Directeur des Marches du Sud-Ouest (p. 615-617)
Joseph Billiet : Conclusion [en épigraphe, citation de Charles-Louis Philippe : "Maintenant il faut des barbares. Il faut qu'on ait vécu très près de Dieu sans l'avoir étudié dans les livres, il faut qu'on ait une vision de la vie naturelle, que l'on ait de la force, de la rage même. Le temps de la douceur et du dilettantisme est passé. C'est aujourd'hui le commencement du temps de la passion."] (p. 618-620)
Joseph Billiet : Littérature [Tancrède de Visan : L'attitude du Lyrisme contemporain (Paris, Mercure de France), p. 621-622. - Robert Scheffer : Plumes d'oies et plumes d'aigles (édition de Pan). - André Gide : Charles-Louis Philippe (Figuière et Cie, éditeurs), p. 622] (p. 621-622)
Henry Dérieux  : Les Poèmes [Paul Claudel : Cinq grandes odes suivies d'un Processionnal pour saluer le siècle nouveau (Bibliothèque de l'Occident) - Albert Erlande : Le Poème royal (Mercure de France), p. 623 - Théo Varlet : Poèmes choisis (chez l'auteur, à Cassis) - Paul Feuillâtre : Le jeu de l'amour et du désespoir (La Belle Édition) - J.-G. Jordaens : Post... animal triste (id.) - P. de Bouchaud : Le Luth doré (Bernard Grasset) - Joseph Mélon : La Maison vers le Lac (Cahiers de la quinzaine) - Jean Azaïs : Les Mois qui pleurent, p. 624] (p. 623-624)

Document
TESTAMENT
Ceci est notre testament et notre épitaphe. Ici meurt L'Art Libre. Il se peut qu'un avenir plus favorable nous rassemble à nouveau sous son titre, qu'un seul d'entre nous même en assume une nouvelle réalisation. Pour ceux qui le fondèrent, l'œuvre de ces deux années s'arrête à ce jour. Les nécessités de la vie dispersent notre groupe : plusieurs partent au régiment et le directeur s'exile au Caucase, car, à moins d'être fonctionnaire ou rentier, il est impossible à un poète de subsister sur le sol français. Les plus jeunes qui sont venus récemment à nous, effrayés des difficultés qui composent l'existence d'une revue, ne peuvent reprendre le fardeau.

Nous devons en mourant faire notre examen de conscience. Avons-nous répondu à nos promesses. Certes, il nous est arrivé parfois de publier de faibles pages : les excellentes sont si rares ! Rendons-nous cette justice que notre critique s'est toujours tenue dans une honorable sévérité. Nous avons signalé tous les livres intéressants qui nous sont parvenus, toutes les tentatives que nous avons connues. Nous avons révélé des talents jeunes : les nôtres, ceux de nos amis.

De ce groupe assemblé autour d'un idéal : un raid à accomplir dans le désert lyonnais, - le souvenir restera de quelques gestes, de voix différentes mais unies, de tempéraments ingénument essayés, d'un courage ! Pour n'aboutir à nul triomphe, notre caravane s'enorgueillit pourtant de quelques affirmations, s'enrichit de quelques conquêtes. Dispersés, nous garderons le souvenir de l'atmosphère où nous vécûmes, fervents d'action. Nous y puiserons peut-être un enthousiasme pour les gestes que désormais nous accomplirons, seuls.

A vivre parmi nos frères avec quelque publicité, nous avons acquis une maturité et quelque assurance. Un autre profit, nous ne le cherchions pas. A Lyon, pour réussir, il faut être médiocre : nous n'avons pas réussi. Nous savons donc ne rien attendre de ceux dont le hasard nous fit compatriotes. Ils nous convient de nous déraciner d'un sol qui nous étouffe. Lyon n'est pas une patrie, qui, sans harmonie de ses colons à son site, refuse aux poumons avides une atmosphère de maison louche où trafiquent des financiers.

Colonie de publicains romains, Lyon, depuis deux mille ans, contient en ses maisons peu changées deux éléments différents : Celtes rêveurs et mystiques, fantasques, indolents, insatisfaits, et Latins rapaces qui supputent et pèsent, vivent d'argent et pour l'argent. D'incessantes invasions ont accru ce dernier groupe de recrues germaniques ou sémites.

On nous a reproché de n'avoir pas fait une revue lyonnaise, sans comprendre que seuls, peut-être, et sans y prétendre, nos chants exprimaient mieux que toutes théoriques affirmations l'âme du paysage lyonnais. N'est-il pas évident, d'ailleurs, que les plus Lyonnais de nos peintres lyonnais, les Vernay, les Carrand, les Guichard, les Puvis de Chavannes, restent incompris d'un public qui veut en art une impersonnelle marchandise, article d'exportation : Orsel, Meissonier, Chenavard, et d'autres que je n'ose nommer.

Il ne peut plus exister une âme lyonnaise ; nous l'eussions rencontrée dans nos recherches au jardin des âmes : nous n'avons trouvé qu'une banque où notre monnaie idéale nous fut déclarée n'avoir pas cours. Il convient de remercier ceux dont l'odeur, enfin reconnue, nous avertit.

Nous avions cru, aux apparences de nos voisins accroupis, vivre dans un temple et voici que nous nous réveillons au milieu d'un marché. Il n'est plus de notre temps de chasser du temple les vendeurs ; aussi bien ils sont trop et féconds en petits. Le geste ne pourrait être efficace et il est préférable d'espérer l'éclosion de suffisants énergumènes, que nous - ou d'autres - puissions changer de la besogne d'assainissement.

En attendant, chacun de nous s'appliquera en son temple intérieur à perfectionner ses différences tant détestées, où qu'il vive, fût-ce à Lyon, puisqu'aussi bien pour nous, c'est Lyon même et son uniforme hypocrisie qui nous les révélèrent. République de métèques et de pharisiens, sans même l'apparat de sa richesse, cité veule où la propreté même semble un luxe inutile, Lyon croupit au bord de ses fleuves, suppure aux flancs de ses collines ; et pourtant le soleil revêt d'or vert, de soie mauve, les brumes qui traînent, attristées, vœux plaintifs de la terre avilie qui se voile à la face du ciel.
JOSEPH BILLIET.