mercredi 24 juillet 2013

DOCUMENT : CARTE PNEUMATIQUE DE CHARLES TILLAC A JEAN ROYÈRE (24 MAI 1922)

Est-il besoin de le rappeler ? Les documents que nous publions - s'ils présentent l'intérêt de l'inédit - n'ont d'autre objet que de révéler un peu du quotidien des petites revues. Certains, parce qu'ils concernent des titres importants, ne manqueront pas d'enrichir modestement l'histoire littéraire ; d'autres - la plupart - apparaîtront comme d'aimables et curieuses annexes. Mais, point essentiel, tous mettront en lumière une part des coulisses, trop souvent obscures, de ces petits laboratoires où s'inventa la littérature.

Nous avons donné ici la description des quatre numéros que compte la collection de Plume au Vent. Du triumvirat de poètes, composé de Jean Royère, André Mora et Charles Tillac, qui fut à la tête de la revue, la carte que nous transcrivons aujourd'hui nous apprend que, si le premier en fut la conscience, c'est le troisième qui en fut la cheville ouvrière, le véritable directeur de publication et rédacteur en chef. Tillac, en effet, réclame des textes, s'occupe de tenir et faire tenir les délais, négocie avec l'imprimeur, etc. Par ailleurs, ce petit bleu adressé à Jean Royère, daté du 24 mai 1922, laisse deviner les difficultés d'une revue qui allait faire paraître, avec retard, à la fin du mois, son dernier numéro : il y a là une précipitation qui ne permet guère d'envisager sereinement un avenir pour la publication, et les relations avec l'imprimeur, à l'évidence, se sont crispées suggérant de possibles problèmes de financement.
Mercredi 2h.
Mon cher Maître et Ami
J'ai oublié ce matin :
De vous demander une poésie de vous pour le prochain n° (a). Vous avez bien encore de vieilles Eurythmies (b) ?
2° De vous demander l'adresse de X. de Magallon, afin d'avoir son livre l'Ombre (c).
Tout cela est urgent (d).
Juglard (e) redevient doux, doux... Il s'excuse, et promet P[lume]. au Vent pour Dimanche. Avez-vous expédié les épreuves de Fagus (f) ?
Bon souvenir à Madame Royère et à vous
Charles Tillac
(a) Jean Royère ne donna aucun texte signé dans le n° 4, qui fut le dernier. Les difficultés rencontrées par la revue n'auront sans doute pas permis la publication d'un "prochain n°".
(b) Royère avait publié, chez Vanier, en 1904, son second recueil, intitulé Eurythmies.
(c) L'Ombre de Magallon avait paru l'année précédente dans la collection "Les Poètes Français" dirigée par Joachim Gasquet aux éditions F. Sant'Andrea.
(d) La phrase est soulignée deux fois.
(e) Juglard, domicilié à Tulle, était l'imprimeur de la revue.
(f) Il s'agit probablement des épreuves de "L'Athée", poème de Fagus, qui figure dans le n° 4.

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