samedi 30 avril 2011

LES ACTES DES POÈTES N°9-10 - AOÛT-SEPTEMBRE 1910

LES ACTES DES POÈTES
N°9-10 (Août-Septembre 1910)
[Date de publication : Août-Septembre 1910 - Couverture : Numéros, Prix (30 cent. les 2 Numéros), Titre, Sous-Titre, illustration de A. de Székely, Sommaire, Adresses de la Rédaction et du Siège social, Dépôt général (Figuière et Cie, Éditeurs, 7 rue Corneille, Paris) - 2e de couverture : Titre, Adresse de Rédaction, Sous-Titre, Contenu (Contes, Romans, Poèmes, Drames, Critique, Action d'Art), Abonnements ("Pour l’Étranger 2 fr. en plus des prix ci-contre. Le produit des Abonnements sera consacré à accroître progressivement le format de la Revue sans augmentation de prix"), Vient de paraître ("Dans la collection de la littérature nouvelle, Édition des Actes des Poètes, de notre ami René Bizet, une histoire : celle d'un cœur de poète pour qui les choses et les êtres ont un visage mélancolique et tendre, à l'image de son âme". J. R.), Présentation ("Les Actes des Poètes, Revue idéaliste d'Art, acceptent et lisent tous les envois et publient toute œuvre qui leur plaît. / La Revue et la Société d’Éditions à 25 centimes sont gérées en collaboration par : / A.-L. Banville d'Hostel, René Bizet, Marcel-E. Chevalier, J.-Robert Desplaces, Albert-Jean, Monique, René Morand, Louis Réneteaud, Jean Ryeul, Camille Schuwer, Paul Vaillant-Couturier. / Toutes communications, envois, abonnements ou service de Presse doivent être adressés au Secrétaire de la rédaction des ACTES, 14, Rue Chanoinesse, Paris, (IVe). / Les ACTES reçoivent tous les jeudis, de 5 à 7 heure, au Siège social, 1, Rue de Fleurus, (angle de la rue du Luxembourg)") - 3e de couverture : "Théâtre d'Action d'Art (Siège social : 22, Rue Daubenton, Paris). Nous reparlerons prochainement du Théâtre d'Action d'Art qui depuis deux ans, en sus des récitatifs consacrés à Villiers-de-l'Isle-Adam, Laforgue, Verhaeren, Lemonnier, Maeterlinck, eut l'audace de donner quelques ouvrages parmi les plus méconnus et des plus hautains de Vigny, Ibsen et Balzac, dont LE COLONEL CHABERT, en février dernier à l'Athénée Saint-Germain, fut avec beaucoup d'art très au-dessus de ce qui se voit d'ordinaire. Nous vous dirons ce qu'il a fait et ce qu'il compte faire avec les œuvres de la nouvelle génération.", Livres reçus ((Nous consacrerons, en temps venu, un compte rendu synthétique aux meilleurs livres de l'année) Les Poètes : Florian Parmentier. Par les routes humaines. Poème. Ollendorff : 3 fr. / Noël Nouët. Les Étoiles entre les Feuilles. 3 fr. 50, H. Falque / L. C. Mercerot. Dix Poètes. 1 fr. H. Falque, éditeur, 86, rue Bonaparte / Albert Fleury, Des Automnes et des Soirs. Pau, 1910. 3 fr. / Frantz Ezhere. Dans la nuit ; Prose : Boillin. Le Secret des grands Écrivains. Falque 1910. 2 fr. 50 / Marc Stéphane. Contes affronteurs. Cabinet du Pamphlétaire (Neuilly) / Bibliothèque Figuière, Victor Margueritte. Étude sur Prostituée, 0 fr. 20 Figuière, 7, Rue Corneille.), Les Revues (liste) - 4e de couverture : Collection de la Littérature nouvelle à 25 centimes / Édition des Actes des Poètes / Cette collection constitue, à côté de la Revue, une véritable bibliothèque, d'un esprit original et neuf, ouverte à tous les écrivains qui se sentiront en union d'action et d'idées avec notre effort. / N°1. Une histoire, René Bizet (vient de paraître) / N° 2 et 3. Dans les Ténèbres, Monique. Dessin de Paul Prudhomme. / (Nos abonnés recevront ces volumes, sur demande, au prix marqué, sans frais de port) / En préparation : Rosa, servante. De Robert Desplaces. Illustration de Jean Schüwer. // Le Comité Villiers de l'Isle-Adam. / Fondé pour répandre dans le public la mémoire et les œuvres du Maître, va procéder à l'érection du Monument à Villiers, par le sculpteur Frédéric Brou, et fait appel à tous les amis de l'héroïsme dans la pensée et dans le style, pour cette œuvre de réparation. / On peut souscrire (Cotisation minimum :  5 francs). Chez le Secrétaire de la Rédaction des Actes des Poètes, 14, rue Chanoinesse. // Encarts publicitaires (Librairie A. Melet, 44, Galerie Vivienne, Paris 11e ; Eugène Dété, Artiste Graveur sur Bois ; Argus de la Presse ; Bouquinerie ancienne et moderne Maynier et Brimeur, 54, rue de Seine ; Les Actes des Poètes se trouvent à Paris, chez Benard, galerie de l'Odéon, Falque, rue Bonaparte, Floury, 1 Bd des Capucines, Maynier et Brimeur, 54 rue de Seine, Melet, 46 galerie Vivienne, Rey, 8 Boul. des Italiens, Stock, 155 rue St-Honoré ; A Louer) - Pagination : 32 pages]
Sommaire
Albert-Jean : Déménagement, poème [en tête : dessin de M. Gromaire] (p. [1])
René Bizet : Sur la Margelle (p. [2]-[3])

Marcel-E. Chevalier : Rimes d'Extrême Orient : L'Occidental, poème (p. [4]) ; Vengeance, poème (p. [5])

Louis Réneteaud : Fragments philosophiques (p. [6]) ; Rupture, poème [A la mémoire d'Erick Ybsen] (p. [6])

Camille Schuwer : Petite Image..., poème (p. [7])
Jean Ryeul : La Barque mystérieuse, poème (p. [8] et [11]) [hors texte : dessin de Jean Julien (p. [9]), verso (p. [10]) muet]

Monique : La Rosace [Extraits des Grandes Chansons] (p. [12]-[13])
André Colomer : "C'est la Danse nouvelle", poème (p. [14])
Marcel Bourcier : Nocturne tragique, poème (p. [15])
René Morand : Les cahiers de Jean l'apprenti drapier [sous forme d'un journal - avec cinq illustrations dans le texte de G. Lecornu] (p. [16]-[19])
Paul Vaillant-CouturierAprès, poème (p. [20]-[21])
Banville d'Hostel : A la princesse de Vitrail, poème (p. [21])
J.-Robert Desplaces : Rosa, Servante [chapitre V - p. [23] muette - avec un dessin hors texte de Jean Schuwer (p. [24])] (p. [22]-[28])
Jean Ryeul : Un Livre : Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc par Péguy (p. [29]-[32])
Documents iconographiques
N°9-10 (couverture orange)
 N°9-10 (couverture bordeaux)
"La Barque mystérieuse"
(dessin hors texte de Jean Julien)
Bulletin d'abonnement

vendredi 22 avril 2011

LE KHANARD N°1 - JUILLET 1910

Relié, assez grossièrement, au sixième numéro des Guêpes de Juin 1909, par l'ancien propriétaire de la collection, le poète Francis Eon, figure le numéro unique d'une autre petite revue de même veine, Le Khanard, entièrement composé en fac simile autographe. Ce "Petit organe satirique" de 32 pages, au directeur et aux collaborateurs, pour la plupart, pseudonymés, présente bien des similitudes avec Les Guêpes : signatures, épigrammes, verve, têtes de Turc, etc. Il semble donc constituer un pendant ou un supplément à la revue de Jean-Marc Bernard. Par ailleurs l'absence de toute mention de prix et l'impossibilité de trouver la moindre recension de ce Canard (les orthographes du titre ne cessent de changer au cours du numéro) dans la presse de l'époque, et partout ailleurs, conduisent à penser que la minuscule publication fut réservée aux abonnés des Guêpes ou aux happy few. Après la fiche descriptive nous ne donnons pas le sommaire, mais reproduisons l'intégralité de l'unique livraison de cette rare petite revue.
[Titre : LE KHANARD (titre à l'orthographe variable au cours du n° : Le Khanar, Le Canard, Le Cannard, Le Canar) - Sous-Titre : Petit organe satirique - Dates de publication : Juillet 1910 (n°1 et dernier) - Périodicité : / - Lieu de publication : Auch - Format : 115 x 140 mm - Couverture : imprimée en noir sur couverture blanche - Pagination :  32 pages - Directeur : A. M. Tartempion - Collaborateurs : Charlebon poète lyrique, Paulin Dieulaine, René Dumaine (pseud. de Raoul Monier), M. Jean, P. Ladan, Alphonse Michet (probable pseud.), Charles Modeste, A. Nau (pseud.), Pervenchinette, J.-Ch.-E. Rey, A. M. Tartempion, Teddy - Adresse : 4, Rue Voltaire, Auch]































jeudi 21 avril 2011

LES GUÊPES N°34 - AOÛT-NOVEMBRE 1912 (LA RENAISSANCE DU JARDIN FRANÇAIS )

LES GUÊPES
4e Année - N°34 (Août-Novembre 1912)
[Date de publication : Août-Novembre 1912 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Année, Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Fauchois, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Marseille : Librairie Antimaçonnique, 14, rue Montgrand / Pour la France et l’Étranger : J.-M. Bernard), Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mercredi, de 5 à 7 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière"   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Revue Critique des Idées et des Livres / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Pour paraître le 10 janvier 1913, / à l'édition du "TEMPS PRÉSENT" / SUB TEGMINE FAGI / Amours, Bergeries et Jeux / par / Jean-Marc BERNARD, dauphinois / Il sera tiré de ces Poésies fugitives une édition de luxe sur Hollande Van Gelder, grandes marges, sous couverture Japon impérial, titre or. / Aucun de ces exemplaires ne sera mis en vente dans les librairies. / Prix : 12 Francs / Adresser les adhésions à M. J. M. BERNARD, Saint-Rambert-d'Albon (Drôme) - Page [65] : Thématique du N° (La Renaissance du Jardin Français) - Pages [66] : muette - Page [67] : Page de Faux-Titre ("Tri-centenaire de Le Nôtre / La Renaissance du Jardin Français / Enquête / Participants / Nouvelle Librairie Nationale, 11, rue de Médicis, Paris (VIe) / 1913) - Page [68] : muette - Page [69] : "Notre Enquête" par Jean-Marc Bernard - Page 70 : citation, en épigraphe, de La Fontaine ("Les lieux que j'ai dépeints, le canal, le rond d'eau, (...) Cet art qui les savoit loger si richement.") - Page [74] : muette - Page [75] : Réponses de (suivi de la liste des participants) - Page 76 : citation, en épigraphe, de vers de Delille ("Voyez-vous et les eaux, et la terre, et les bois, (...) Pleuvoir en goutte d'or, d'émeraude et d'azur ?") - Page [152] : muette - Page [153] : "Conclusion" par M. Maurice Luquet de Saint-Germain - Page 154 : citation, en épigraphe, de Saint-Amant ("Arrière ces masses énormes, (...) S'y rapporte aux règles de l'Art.") - Page [159] : Achevé d'imprimer (Valence / Imprimerie Valentinoise, Place Saint-Jean / 1912) - Page [160] : muette - Pagination : 96 pages]
Sommaire
Jean-Marc Bernard : Notre Enquête ["Le 12 mai 1913, à l'occasion du tri-centenaire de la naissance de Le Nôtre, le buste du célèbre jardinier, sculpté par Coysevox, sera érigé dans le jardin des Tuileries, et son tombeau restauré, qui se trouve dans l'église Saint-Roch..." - Questionnaire de l'enquête : "1° Que pensez-vous du jardin français ? / 2° Sa renaissance est-elle une mode ou correspond-elle à une évolution des idées et du goût français ? / 3° Lui trouvez-vous une force éducatrice ? / A. N'est-ce pas une erreur de le voir sous les simples apparences de broderies de buis ? / B. Son art ne réside-t-il pas surtout dans sa composition ? / C. Dites-nous un mot des éléments essentiels : escaliers, bassins, avenues de verdure... qui participent à cette composition. / D. Peut-il convenir à la propriété de moyenne importance ?" - "Grâce à cette enquête - image de la victoire de l'esprit sur les forces brutes de la nature - nous achevons dignement une campagne de quatre années contre les barbares."]  (p. 71-73)
Réponses de : Jacques Bainville (p. 77), Maurice Barrès [datée "Charmes, 20 septembre 1912"] (p. 78), René Bazin [datée "Les Rangeardières, 16 septembre 1912"] (p. 79), Marcel Bechetoille (p. 80-81), Gabriel Boissy (p. 82-84), Henry Bordeaux [datée "Chalet de Maupas (Savoie), ce 19 octobre 1912"] (p. 85), Marcel Boulenger [datée "Chantilly, 20 septembre 1912"] (p. 86), René Boylesve [datée "Paris, 13 septembre 1912"] (p. 87), Charles-Francis Caillard [datée "Les Cours de Béruges, 17 septembre 1912"] (p. 88-89), Francis Carco [de "Nice"] (p. 90), Henri Clouard (p. 91), Lucien Corpechot (p. 92-94), Henri Dagan [datée "Paris, 27 septembre"] (p. 95), Louis Dimier (p. 96-100), Georges Dumesnil [directeur de l'Amitié de France et des Cahiers de l'Amitié de France - datée "Lassagne, 22 septembre 1912"] (p. 101-102), Francis Eon [note manuscrite de l'auteur : "De Fontenay-le-Comte, en août 192, pendant les vacances"] (p. 103-104), Fagus (p. 105-107), René Fernandat (p. 108-110), J.-C.-N. Forestier (p. 111-112), Édouard Franchetti (p. 113-115), Henri Martineau & [André du Fresnois] [datée "28 septembre 1912" - citation in extenso de l'article d'André du Fresnois paru dans le Gil Blas du 28 septembre] (p. 116-119), Fernand Mazade (p. 120), Raoul Monier (p. 121-124), Comtesse de Noailles (p. 125-126), Maurice de Noisay [datée "19 octobre 1912"] (p. 127-129), Pierre de Nolhac [datée "Château de Versailles, 15 septembre" - citation de deux paragraphes de son dernier feuilleton des Débats [politiques et littéraires] consacré au jardin français] (p. 130-131), André M. de Poncheville [datée "Raismes, ce 16 septembre 1912"] (p. 132-134), Edmond Pilon (p. 135-139), Henri de Régnier [datée "Paris, septembre 1912" - suivie de "Latone", sonnet consacré à Versailles, reproduit par la rédaction de la revue] (p. 140-141), Émile Sicard [Directeur du Feu] (p. 142), Jean Tenant [vers parus pour la première fois dans Le Divan de janvier 1911] (p. 143-144), Jérôme et Jean Tharaud [datée "Charmes-sur-Moselle, 21 sept. 1912"] (p. 145), Louis Thomas (p. 146), André Vera (p. 147-150), Willy (p. 151)

Maurice Luquet de Saint-Germain : Conclusion [Sous forme de lettre adressée à "Mon cher J.-M."] (p. 155-158)
 Documents
XVII
Voici quelques années, nous fûmes à Juvisy, le gai village qui connut Louis XIV en sa gloire, Louis XV en son élégance, et vit, en 1814, la déchéance de Napoléon. Là s'épanouissait le fantôme d'un jardin magnifique. Du fleuve, on abordait, une fois l'Orge passée, dans une prairie fleurie et verte ; au-dessus s'arrondissait un bassin semi-circulaire enceint de hauts peupliers ; au-dessus encore, une pelouse en pente douce montait : à sa rencontre, descendait le coteau, ruissellement d'arbres, dévalement de sentiers décorativement sauvages ; l'ingénieur jardinier tailla là une terrasse en forme d'un croissant, dont les cornes, à droite, à gauche, s'abaissaient, double rampe douce ombragée de peupliers encore. La conque de la terrasse est soutenue par un mur creusé de niches en rocaille, où rêvent des nymphes de pierre et des dieux, et surmonté d'une balustrade : accoudons-nous. Ainsi s'allonge la terrasse, pour le repos dans la descente ou la montée, pour surtout le ravissement des yeux. Car eux, jadis, voyaient, et tout cela, et la Seine encore, et au-delà de la Seine, des prairies et des champs, le tout borné enfin par l'autre versant de la vallée où moutonne toute verte et bleue la forêt de Sénart, où voltige encore l'ombre de la marquise de Pompadour.

Au-dessous de soi, l'on entend l'amphore des nymphes s'épandre un filet d'eau, souterrainement venu de l'Orge : il s'écoule vers la pièce d'eau, laquelle la restitue à la même rivière qui l'emmène avec elle au fleuve. Et puis, retournons-nous vers les masses d'arbres crêpelant le coteau ; traversons la terrasse : voici une pièce d'eau rectangle, chevelue de hauts roseaux : c'est elle qui alimente les nymphes. Plus haut, une grotte, une cascade y pleut : c'est elle qui alimente la pièce d'eau, et sustentée elle-même par l'eau que là-haut, sur la crête, les "Belles-Fontaines" aspirent de l'Orge par des conduits cachés. Au-dessus de la grotte et en retrait, se tapit dans la verdure un minuscule pavillon barlong : fronton à la grecque, toit d'ardoises en trapèze, à la Mansard ; trois baies sur cette face, trois sur celle d'arrière, deux sur chaque petit côté : une cage à mouches pour courtisan. Louis XIV y passa une nuit.

Ce chef-d’œuvre se signe lui-même : Le Nôtre ; une municipalité indigente et cupide laissa le tout à l'abandon ; les statues tombèrent des niches et des socles, les nymphes sont taries ; les ronces obstruaient les sentiers ; au pavillon, plus de portes ni de fenêtres, plus de plancher, plus de plafond ; des excréments et des papiers sales souillaient les marches où le Roi posa ses pieds. Un chemin de fer lacère les prairies que la Seine arrosa, et que des champs de pommes de terre submergent ; une route d'intérêt local sabre le tout.

Voilà ce que, grâce à la Monarchie, un jardinier fils de jardinier : un homme du peuple, fit pour un grand seigneur et pour son Roi ; et voici ce que fit de cela la Démocratie. Et pis : depuis, des affiches innombrables nous annoncèrent le lotissement du parc de (I) : nous ne retournâmes plus à Juvisy, n'y retournerons jamais sans doute. A quoi bon, peut-être que déjà etiam periere ruinae !

C'est le sentiment universel de ces ruines universelles, et qu'avec elles quelque chose du plus profond de nous est ruiné, qui provoque la réaction universelle, laquelle produira la restauration salutaire et fatale du Jardin français... Je ne songe pas seulement aux œuvres de Le Nôtre...

(I) "S'adresser à MM. Bernheim".
FAGUS.
XXXV
Mon cher J.-M. B.,
Je n'ose vous répondre pour divers motifs.

Vous allez me mépriser effroyablement, si je vous avoue que je ne suis pas très emballé sur le jardin français, ni sur ses vertus éducatrices. Oui, je sais bien, ordre, clarté, noble ordonnance... Ah ! cher ami, quand je vois des gens de talent nier Henri Heine - qu'est-ce que ça me fout que ce juif ait fait chanter un autre juif ! - et déclarer qu'une traduction de Goethe vaut Goethe, ça me dégoethe (pardon) un peu. Car vous savez bien qu'il n'y a pas de traduction, qu'il ne peut pas en exister, et que les langues ne se pénètrent pas. Tout cela semble m'éloigner du jardin à la française. Mais pourtant...
Et puis, je fais répéter tous les jours, au Théâtre Impérial, une adorable enfant aux regards de femme, Andrée Mielly : le ton chaud de sa peau ambrée, ses yeux de diamant noir, tout cet exotisme charmant et délicat m'incite à fumer le "Calumet" d'André Salmon - au vrai, je fume surtout du Bénarès - de sorte que je rêve de petites reines barbares aux diadèmes en plumes de colibri... C'est peut-être le gâtisme final, à coup sûr ce n'est pas le jardin à la française. Je me sens une âme tahitienne...
La bonne aventure
Ochsé
La bonne aventure !
Ma patrie est là-bas. Dulce est et decorum pro patria Maori !
WILLY.

LES GUÊPES N°33 - JUILLET 1912

LES GUÊPES
4e Année - N°33 (Juillet 1912)
[Date de publication : Juillet 1912 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Année, Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Fauchois, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Marseille : Librairie Antimaçonnique, 14, rue Montgrand / Pour la France et l’Étranger : J.-M. Bernard, Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mercredi, de 5 à 7 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière"   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Revue Critique des Idées et des Livres / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Service des Revues (liste) - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Maurice de Noisay : Sur la Jeunesse Littéraire [en note : "En réponse à une enquête de M. Gabriel Boissy, dans Excelsior. Il nous posait exactement les trois questions suivantes : 1° Jusqu'à quel âge est-on jeune écrivain ? 2° Est-ce l'âge ou est-ce l’œuvre qui vieillit l'écrivain ? 3° Si c'est l’œuvre, est-ce la qualité ou la quantité qu'on doit considérer ?"] (p. 49-52)
René Dumaine : Épigramme : Sur les Mounet (p. 52)

Jean-Marc Bernard : Les Quatrains d'Omar Kheyyam [A M. Maurice de Noisay] (p. 53-54) suivi de traductions de quatrains du poète persan (p. 55-61)

Lysis : Le Portique [épigraphe : O οϊα χέϕαλή !] (p. 62-63)
Maurice de Noisay : Paul Fort prince des poètes (p. [64])
 Document
"Paul FORT prince des poètes"
Paul Fort succède à Léon Dierx. Pour une fois qu'il était de notre compétence de prendre parti dans une élection, nous avons eu la satisfaction de voir passer notre candidat. Voici, en effet, ma réponse aux directeurs de journaux ou de revues qui avaient bien voulu me consulter :
Monsieur le Directeur,
Si Moréas vivait, il n'y aurait qu'à l'investir solennellement d'un honneur dont il jouissait en fait. Ce beau poète écarté par la mort, je n'en aperçois plus qu'un qui s'impose : Louis Le Cardonnel est moine ; Henri de Régnier est académicien ; Paul Fort est trop jeune et trop indépendant pour tenir un rang dans notre très démocratique et très bureaucratique France, où l’on a pris pour règle à peu près générale d’ignorer le mérite.

Paul Fort a aussi trop de fantaisie pour succéder à Léon Dierx, poète désintéressé, consciencieux, ennuyeux et vide. Paul Fort a trop de tendresse, de grâce et desprit : qualités bien désuètes, je suppose, et dont les fanfares de notre moderne poésie nont que faire, morbleu ! (il a été en effet décidé depuis un bout de temps, nul ne lignore, quil ne saurait y avoir dorénavant poésie là où il ne serait pas au moins question de Dieu, ni de locomotives). Paul Fort, enfin, est trop français, de sang comme dinspiration – et lon sait quaujourdhui les poètes qui comptent, écrivent en belge et pensent en patagon.

Mais qui choisir ? car je vois bien quil est si naturel, si avantageux et si agréable davoir un prince que nos poètes ne voudraient  ni ne pourraient plus sen passer pour leur compte. On va mourir, si lon nen trouve un. On en réclame un à tout prix. Et cest au point que lon me demande dexprimer un suffrage, contrairement à tous mes principes. Comment me tirer de là ? Je me dis que je ne puis décemment refuser mon avis à tant de braves gens désemparés ; quau demeurant, il ne sagit ici que dun vote corporatif : je me dis surtout quil y a certains poètes belges que jabhorre et un poète français, qui sappelle Paul Fort, et que jaime beaucoup en dépit des vices que je lui reconnaissais tout à lheure. Tout cela me décide à voter quand même, et pour lui.
Maurice de Noisay.

LES GUÊPES N°32 - AVRIL-MAI-JUIN 1912

LES GUÊPES
4e Année - N°32 (Avril-Mai-Juin 1912)
[Date de publication : Avril-Mai-Juin 1912 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Année, Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Fauchois, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Marseille : Librairie Antimaçonnique, 14, rue Montgrand / Pour la France et l’Étranger : J.-M. Bernard, Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mercredi, de 5 à 7 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière"   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Revue Critique des Idées et des Livres / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Service des Revues (liste) - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Maurice de Noisay : Une Contribution inattendue au progrès de la vérité ou La Belle Féministe (p. 33-44)
René Dumaine : Épigrammes : Sur Madame D. ; Sur le prince de W. (p. 44)

André de Poncheville : Versailles, sonnet  (p. 45)

Henri Clouard : Carnet de Poche, journal [Février. - Henri Franck est mort dans sa 24e année. Il était juif. Il était de nos adversaires. Mais nous étions quelques-uns à suivre, non sans sympathie, son intelligence curieuse, passionnée et instruite... ; 2 mars. - Il faut aller les voir sur les quais, ces journées timides, capricieuses et sensuelles de mars... ; 4 mars. - On me cite un écrivain intéressant dont la maison de la Bonne Presse vient de se séparer. Elle le remplacera par un eunuque... ; 6 mars. - Votre visage amaigri s'est fait plus lumineux...] (p. 46-47)
J.-Ch.-E. Rey : Épigramme : Sur Henri de Rothschild (p. 47)
*** [Karl Boès] : Notes [Nous recevons la lettre suivante : ... (lettre de Karl Boès, datée du 22 avril 1912, revenant sur la note "Moréas et la Plume" du précédent numéro)] (p. [48])