mercredi 15 mai 2013

LE QUADRIGE N°6 et 7 - AVRIL-MAI 1913

N°6-7 (Avril-mai 1913)
[Date de publication : Avril-mai 1913 - Couverture : Imprimée en noir sur papier gris-vert (Numéro, Date, Titre, Sous-Titre, Directeurs, Adresse, Prix du Numéro et de l'Abonnement, Éditeur) - 2e de couverture : Sommaire - 3e et 4e de couverture : muettes - Page [1] : En-tête (Titre, Numéro, Date) - Bas de Page [16] : Gérant - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Yvonne Lemaistre : Silhouette nostalgique, prose (p. [1]-2)
Henriette Sauret : A mes amis, poème (p. 3-4)
Abel Léger : Le gouffre bleu [Pour Sylvain Royé], sonnet (p. 4-5)
Sylvain Royé : Pour une esthétique vitale (p. 5-8)
André Thérive : Poème, poème (p. 9)
Georges Bannerot : Ma Sœur..., poème [extrait de Les Moissons mûres] (p. 8-9)
Gaston Picard : Mon petit Carnet rose (p. 10-12)
André Biguet : Les barques [Pour Sylvain Royé], poème (p. 12)
Léon Vérane : Le Jardin vide, poème (p. 13)
Sylvain Royé : Les livres de poèmes [Deux plaquettes : Dans le jardin des lys et des verveines rouges, par M. Léon Vérane (éd. des Facettes) ; Au rythme du silence, par M. A. Yves Le Moyne (E. Figuière, éd.) ; Trois livres : L'impossible idéal, par Mlle Suzanne Teissier (éd. du Temps présent) ; Les Inquiétudes, par M. Fernand Hubert (Grasset, éd.) ; Les poèmes du Clocher, par M. Raoul Toscan (des Cahiers du Centre) - Notes. - A partir du prochain numéro, la "Revue des Revues" sera confiée à Mme Henriette Sauret. ; Le Jardin Fleuri consacrera son numéro de mai aux poètes des fleurs.] (p. 13-15)
Marcel-Edmond Naegelen : Soir intime, poème (p. 15-16)
Document
"Mon petit carnet rose"
Le matin. Tombe une petite pluie. A la petite pluie, succède une neige compacte. Du vent remue la cheminée. Aux mains s'agglutine le froid.
Il a le nez dans son mouchoir. Elle a - sous les pieds menus que tout-à-l'heure, il baisait - des engelures.
Couple d'amants traditionnel.
Ils prennent un tramway lent. Sous la tempête, au plein milieu de la campagne désolée, ils descendent. La boue entrave leurs pas. Ils se serrent, dans un frisson.
Une heure, une heure et quart, consciencieusement, ils promènent leur résignation. De leurs lèvres, des paroles tombent, quelconques. Sans motif ils se querellent.
C'est le premier jour du printemps.
*
Le roi de Grèce est mort assassiné. Le roi d'Espagne manque mourir pareillement.
- Heureux comme un roi - décrète la sagesse des nations. Est-ce parce qu'il est empereur, que pas un anarchiste de bonne volonté ne se décide à foutre par terre Guillaume II, ce grand serin qui n'a pas paru une fois sur un champ de bataille, qui menace - semble-t-il - le ciel de ses moustaches en crocs - qui toujours veut faire plus lourde son armée, et qui, par délicatesse, porte sur son casque une tête de mort ?
Allons ! on cherche un Callemin qui puisse servir à quelque chose !
Quels sont les dix meilleurs romans français ? - demande un quotidien - Gil Blas - à ces personnalités littéraires que toujours on interroge, quelqu'enquête qu'on mène, en connaissance de leur bonne volonté à fournir de la copie gratuite. Et les personnalités de désigner Manon Lescaut, la Princesse de Clèves, le Rouge et le Noir, etc., enfin les oeuvres qu'elles ne pouvaient dire qu'elles n'admirent pas - ou, plus simplement, qu'elles n'ont pas lu. Mais pas une ne désigna le roman ou les romans d'écrivains vivants. Il faut retenir cette méchante habitude où l'on est d'accorder du génie - ce qui est bien - ou du talent - ce qui est mieux - aux morts. Et aux morts qui ne datent pas d'hier. Car on eut pu nommer Bubu de Montparnasse, et Penses-tu réussir. Les morts qui ont écrit cela sont assez dans notre souvenir pour les compter parmi les vivants. Mais eux, les vivants ? Qui donc parla de Care d'Ellebense (sic : il faut comprendre Clara d'Ellebeuse), et de Un Cœur virginal, et de Colette Baudoche, et de la Porte étroite, et de Femina Marquez, et de la jeune Fille bien élevée ? Messieurs "les personnalités" ne reniez donc pas vos proches !
*
M. Olliver (sic) Hourcade nous quittera bientôt. Il ira au séminaire. Je l'ai connu naguère sans foi. Comme je le voyais, après longtemps, il me dit : Il y a du nouveau en moi. - Et quoi donc ? - Je crois.
Peu après, il ne paraissait plus qu'avec une robe monacale. Jammes, Claudel, l'avaient amené à Dieu. Il lisait chaque jour une prière écrite par Claudel et tirée à un petit nombre d'exemplaires dont les bibliophiles feraient leur bonheur.
D'abord je ne croyais pas qu'il croyait. Mais si, il ira au séminaire. Puis il sera vicaire. Pourrons-nous nous confesser à lui ? - Mon père, pardonnez-moi, j'ai trop aimé la littérature...
Saint Olivier-Hourcade, priez pour nous...
Gaston PICARD.

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