vendredi 20 avril 2012

LA FORGE N°6 - MARS 1918

LA FORGE
Sixième Cahier (Mars 1918)
[Date de publication : Mars 1918 - Couverture : Imprimée en noir et rouge sur couverture blanche (Numéro, Prix, Date, Titre (en rouge), Sous-Titre, Vignette ("Ghilde les Forgerons"), Raison Sociale ("Librairie d'action d'art de la ghilde "LES FORGERONS" - en rouge), Adresse, Année) - 2e de couverture : Titre, Sous-Titre complet, Animateurs (Rédaction et Administration), Adresse, Mentions ("Les Collaborateurs conservant toute leur indépendance restent seuls responsables des articles dont ils sont signataires. / Les manuscrits ne sont pas rendus. / Le Directeur de LA FORGE reçoit le jeudi, de 18 à 19 heures, au siège de la Revue, 16, rue Monsieur le Prince, Paris (6e)"), Sommaire, Supplément aux abonnés : Hors-texte gravé sur bois par Louis Moreau - 3e de couverture : Le Prix Nobel / de Littérature vient d'être décerné à un écrivain français, à / ROMAIN ROLLAND / l'auteur de JEAN-CHRISTOPHE / œuvre admirable à laquelle l'Académie Française avait déjà décerné son Grand Prix de Littérature / JEAN-CHRISTOPHE / Collection à 3 fr. 50 le volume (liste des 10 volumes parus) / Du même auteur : AU DESSUS DE LA MÊLÉE / (75e édition), 1 volume. Prix : 2 fr. / Bulletin de souscription à Jean-Christophe ; Mentions ("Abonnez-vous à LA FORGE 3 fr. 50 l'an", "Achetez les éditions d'art de LA FORGE") ; Gérant - 4e de couverture : Librairie d'Action d'Art de la ghilde "LES FORGERONS" / Société coopérative d’Éditions littéraires & artistiques / Ouvrages déjà parus : Paul Desanges : Octave Mirbeau, étude critique, avec un bois gravé de Camille Pautot, une plaquette de 64 pages... 1 / René Schwob : Les Cantiques de la Vie, poèmes, avec une préface de Paul Adam, une plaquette de 24 pages... 0.75 / Lupus Blumenfeld : I.-L. Péretz, étude critique, avec un portrait dessiné par P. Larivière, une plaquette de 44 p.... 1 / Pierre Larivière : Les "Agenouillés", douze dessins, un album de 16 pages... 0.60 / G. de Lacaze-Duthiers : Vers l'Artistocratie, une plaquette de 40 pages... 0.60 / Victor Bonnans : Le Soleil sur la Ville, poème décoré d'un frontispice dessiné par P. Larivière, tiré en deux couleurs... 0.60 / Marcel Bosc : Fresques et Croquis, poèmes, plaquette de 64 p.... 1.25 / Gabriel Belot : Le Bonheur d'aimer, six proses décorées de vingt-neuf bois originaux, avec une préface de Han Ryner, une plaquette de 64 pages... 3.50 / Raoul Verfeuil : A Jean Jaurès, poème décoré de trois dessins, dont un portrait, par P. Larivière... 0.30 / Roger Eng : Les plourants de Saint-Michel, avec une notice de Luc Mériga et dix dessins de Georges Amiard, une plaquette de 40 pagesy... 1 / Fernand Fleuret : Falourdin, macaronée satirique, notes et remarques de Jacotus Brededin, bois gravé de Raoul Dufy... 2 / Bertrand Russel : Idéals politiques, traduit de l'anglais par Roger Lévy, une plaquette de 20 pages... 0.75 / Henriette Sauret : Les Forces détournées, poèmes, avec une préface de Séverine, un volume de 200 pages... 5 / La Forge, revue d'art et de littérature, l'année... 3.50 / Prochainement : Georges Bannerot : Les Statues mutilées, poèmes, avec une préface de Georges Pioch, et trente bois gravés, dont un portrait, de J. Lepoint-Duclos, une plaquette de 52 pages... 2 / "Ces ouvrages sont envoyés franco de port contre le prix en bons ou en mandats de poste, adressés à M. Luc Mériga, 16, rue Monsieur le Prince, Paris (VIe) ; Imprimeur - Pagination : 48 pages]
Sommaire
Édouard Dujardin : J'ai connu un brun petit garçon..., poème en vers libres (p. 53-[56])
Jean de Saint-Prix : Aux modernes (p. 57-[72])

Georges Bannerot : Invocation, poème [cul-de-lampe dessiné par Maurice Robin sous le texte] (p. 73-[77])

Jean Jaurès : Art et Socialisme [en note : "Voir notre dernier numéro"] (p. 78-[85])
Banville d'Hostel : Mobilisation générale [à Gustave Kahn] (p. 86-[88]) ; Le permissionnaire [à Luc Mériga] (p. [89]), poèmes en vers libres (p. 86-[89])

L[upus]. Blumenfeld : Aux lueurs de la Forge (p. 90-[91])

Paul Desanges : Livres [Henry Malherbe : La Flamme au Poing (chez Albin Michel) - (p. 92-93) ; Joseph Rivière : En Passant (aux éditions de "Soi-même") - (p. 93-94) ; Pierre Coutras : L'Araignade (Revue des Indépendants) - (p. 94) ; André Germain : Renée Vivien (Crès et Cie) ; Alfred Mortier : Dramaturgie de Paris (G. Crès et Cie) ; Passim (Pierre Boissie) : Nègres fous et bijoux d'un sou (Éditions Art et Travail) - (p. 95) ; Sylvain Bonmariage : L'Heure à Double Visage (Figuière et Cie, éditeurs) ; Camille Le Senne : Brumes sur le Sang (Éditions Art et Travail) ; Memento : Paul Éluard : Le Devoir et l'Inquiétude, poèmes ; Joseph Dreux : Sous l'azur d'Algérie, poèmes ; Henry Dérieux : Le Livre d'heures de la guerre, poèmes ; Charles Dornier : l'Ombre de l'homme, poèmes ; Émile Aysaguer : Mon amour, ma patrie, roman ; Raymond Colleye : le Nationalisme français de la Belgique ; Charles Bauby : Fleurs de route, poèmes ; Contes choisis ; Paul Costel : Au pays des marmites, poèmes ; Oscar-Paul Gilbert : La lumière entrevue, un acte en prose ; Jean de Saint-Prix : le Pensionnat, trois actes en prose ; G. Meesemaecker : La transposition d'art - (p. [96])] (p. 92-[96])

Luc Mériga : Faits, gestes & paroles [En épigraphe, citation de Louis Nazzi : "Il faut avoir tout lu, tout appris et tout oublié. Puis, partir, à son tour, comme un pauvre, un bâton à la main, sur les chemins de la vie." / Une heureuse initiative vient d'être prise par l'éditeur Georges Crès : un "Comité des Œuvres de Demain" comprenant des représentants des différents groupes et revues littéraires jeunes, est constitué... ; Une galerie d'art vient d'ouvrir ses portes en plein Quartier latin... / Bulletin de naissances : Quelques bonnes revues sont venues, ces derniers temps, augmenter le nombre déjà considérable des publications. Réjouissons-nous. C'est la vie qui reprend son cours irrésistible. Une censure stupide chloroformait la Pensée, mais le sommeil n'était qu'apparent. Saluons donc ces nouveaux venus, heureux présage du triomphe de la Raison. / L'Avenir International publie son premier cahier. De quoi sera fait demain ? C'est la question que se pose André Girard... / Excellent publication que celle des Cahiers Britanniques et Américains, traduits et édités par Cécil Georges-Bazile. Ces cahiers publient chaque mois, la traduction d'une œuvre complète, inédite, d'un des meilleurs écrivains anglais ou américains, accompagnée d'une notice biographique critique... / De Genève, nous parvient L’Éventail, publié sous la direction de François Laya. Luxueusement éditée, ornée de dessins marginaux de Blanchet, Barraud, Appenzeller, Barth, François, cette revue est un vrai régal artistique. Elle a déjà publié une enquête sur Baudelaire, deux beaux poèmes d'André Spire, des proses de Paul Reboux, Charles Chinet, François Laya, etc... / Dès le premier fascicule, Les Journées de 1918 s'imposent à notre attention. Présentation parfaite, excellents écrits... / Tout est à lire dans les Écrits Nouveaux, les poèmes d'André Suarès, Tristan Derême, Pierre Camo, les proses de Louis Cuadra, Jean Giraudoux. Mais que ces écrivains sont loin de la vie ! / A l'instant où la femme est à la veille de conquérir ses droits, voici lancer un organe vraiment féministe : la Voix des Femmes qui, espérons-le, verra prendre fin une inégalité monstrueuse. / M. Stéphanos Pargas dirige en Égypte (Alexandrie) une revue littéraire néo-grecque Grammata, paraissant tous les quatre mois en fascicules volumineux et remplis d'excellentes traductions d'écrivains français...] (p. 97-[100])
Documents
"Aux lueurs de la Forge"
Devant une salle comble, au Procope, M. Guy de Verteuil est venu lire une conférence sur "Maurice Rollinat", le 6 janvier. Il y a quelque quinze mois, le Dr Guilbert, établi critique littéraire par le scalpel et le bistouri, a, dans une longue et substantielle étude de la Revue, compris Rollinat dans le groupe des poètes maudits qu'il appelle : les Muses délirantes.

Rollinat se trouve de nos jours dans cette pénible situation des artistes dont tout le monde parle et dont personne ne connaît les œuvres.

N'est-il pas opportun de remettre à sa place l'auteur de tant de beaux et mélancoliques poèmes ? M. Guy de Verteuil est venu nous développer avec mesure et science la vie et l’œuvre de Rollinat. De Verteuil est un jeune, sans équivoque. En écrivain érudit, il possède toutes les qualités du critique. Il s'attaque à l’œuvre multiple et diverse du poète, du penseur. Il sait analyser habilement et avec méthode les écrits de Rollinat ; il dissèque les œuvrettes où le poète prêche le retour à la nature, disciple de J.-J. Rousseau, la mélancolie en plus. Comme Salomon, l'auteur des Névroses proclame ensuite la vanité de toutes choses.

De Verteuil insinue qu'il vaudrait la peine de lire tout Rollinat, et ne point considérer le recueil des Névroses comme la quintessence de son œuvre poétique.

Par les citations idoines, le conférencier réussit à étayer favorablement les remarques qu'il émet sur le poète.

Mmes Myrthil Hubert et Suzanne Teissier dirent avec art et émotion les poèmes de Rollinat. Les applaudissements chaleureux de l'auditoire s'adressèrent au conférencier et aux charmantes interprètes.

Le maître écrivain Han Ryner est venu, le 26 janvier, insuffler à l'auditoire ami un peu de son âme endeuillée.

Avec un lyrisme douloureux, mais contenu, Han Ryner nous entretint de "Jacques Fréhel", qui s'éteignit le 3 janvier dernier.

Avouons que ce fut là une sensation rare, une douleur physique même ; la douleur du maître était la nôtre, lorsque, avec des accents de profond désespoir, il nous dit "l'amante" et "la noble femme" qu'était Jacques Fréhel.

Avec la puissance d'évocation et de critique qui lui est propre, le conférencier parla de l'enfance douloureuse et de l’œuvre littéraire de Jacques Fréhel.

Elle débuta avec Dorine, Déçue, Bretonne, où il manque un peu d'ordre. Les Tablettes d'argile forment un recueil de contes chaldéens et égyptiens.

La pensée grecque l'attire, particulièrement le stoïcisme. Vaines Pâtures est publié, où elle marque son mépris pour nos luttes d'argent, nos querelles d'honneur.

Arrivé à la pleine maturité, Jacques Fréhel écrit un recueil de contes, Le Cabaret des Larmes, puis trois romans : La Guirlande sauvage, le Précurseur, les Ailes brisées.

Elle se documente pour préparer un nouveau roman, mais elle est malade, et s'éteint doucement, prononçant ces derniers mots : la Paix ! la Paix !...

Han Ryner nous a fait goûter le talent mélancolique, douloureux et philosophique de Jacques Fréhel par des lectures extraites de ses œuvres.

Et il résuma l'écrivain en ces termes : coeur généreux, plein de noblesse et de sympathie pour tous.
L. BLUMENFELD.

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