mercredi 23 mars 2011

LES GUÊPES N°18 - NOVEMBRE 1910

LES GUÊPES
2e Année - N°18 (Novembre 1910)
[Date de publication : Novembre 1910 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Encadré en noir "La Bataille de l'Odéon / 3 Novembre 1910", Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Fauchois, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Paris : La Nouvelle Librairie Nationale, 85, rue de Rennes (VIe) - M. Blanchard, 4, boulevard St-André (VIe) - M. Bénard, 11, Galerie de l'Odéon (VIe) / A Valence : Librairie Monchaud, rue Émile-Augier / M. de Vallée, place Victor Hugo / A Reims : M. Michaud, rue du Cadran-Saint-Pierre / A Marseille : Librairie Antimaçonnique, 14, rue Montgrand / On trouve également la Revue dans les principales bibliothèques des gares de Paris et de la Province), Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mardi, de 4 à 6 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière"   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Champagne "Aux Trois Fleurs de Lys" Brière et de Labaume, Reims / La Plume Politique et Littéraire / L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Biscuits Peyturaud / Revue Critique des Idées et des Livres / Revue Catholique et Royaliste / L'Âme Latine / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Service des Revues (liste) - Pagination : 32 pages]

Sommaire
Jean-Charles-Émile Rey : Dagobert à l'Odéon, poème satirique  (p. 225-227)
Eugène Marsan : La Bataille de l'Odéon (Notes d'un témoin) (p. 228-231)

Raoul Monier : La Bataille de l'Odéon (Commentaires) (p. 232-238)

René Dumaine : A la Mémoire de René Fauchois décédé le 3 novembre 1910, au théâtre de l'Odéon, poème satirique (p. 239-240)
Maurice de Noisay : Commentaires [A Jean Florence, sur sa défense de Bergson, p. 241-244 ; A Julien Ochsé, sur les romans de Gérard d'Houville, p. 245-247 ; A R. F. de l'"Ile sonnante", sur Jean Moréas, p. 247-250 ; P. S. - A propos de deux duels récents, où je fus heureux, un imbécile m'accuse de terroriser le monde et de rendre la critique impossible. Il saura que je me suis toujours battu pour des motifs précis et personnels. J'ai le sentiment que mon épée ne peut me servir qu'à corriger les impertinents, non pas à imposer la vérité, et je suis trop persuadé que la Raison est avec nous, pour ne pas compter beaucoup sur elle dans toute polémique d'idées, p. 250.] (p. 241-250)
Henri Clouard : Carnet de poche, journal [L'automne est dit la plus belle des saisons parce qu'aucune ne se plie mieux aux inflexions de nos âmes... ; Un vieux faune de terre cuite / Rit au centre des boulingrins... Ne danserai-je au son de ces vers de Verlaine ?... ; Voici le moment où les femmes se vont croire aimées... ; Auras-tu l'hypocrite vanité de parler de ton cœur, ou même l'audace d'être belle parmi les feuilles rouillées ?... ; Comme un beau fleuve qui se gonfle, la nuit pénètre plus profond dans les cités... ; M. Jean Giraudoux. - Quand nous courions tous les périls sous le vent soufflé par Hugo et Chateaubriand, puis par Leconte de Lisle et Flaubert, rien ne pouvait nous sauver, sinon l'intelligence... ; Vous le lirez comme moi ; mais tout de même, je noterai quelques phrases, où éclatent, avec plus d'évidence, une liberté vraiment insolente pour le romantisme naturaliste, des façons de sans-gêne tyrannique avec les choses, ces esclaves... ; Il y a d'ailleurs une pente qui glisse de cette fantaisie incisive à une préciosité que je déplore. Me permettrai-je de la signaler à M. Giraudoux ?... ; A M. André Gide. - Venant de lire ce bel article sur Baudelaire, que vous arrachait Faguet l'étourdi, je me permettrai de vous demander, Maître, si ne vous rebute pas dans Baudelaire, trop souvent, je ne sais quel maladroit prosaïsme ? Et je vous demanderai encore si vous êtes bien sûr d'avoir eu le droit d'écrire ce récent éloge de M. Rémy de Gourmont, après le jet de dégoût de l'autre fois ? ; Maeterlinck. - De son mysticisme sentimental et nerveux, est née la basse conception d'un Destin nouveau...] (p. 251-254)
Les Guêpes, J[ean].-M[arc]. B[ernard]., *** : Notes [Par décision prise à l'unanimité du Comité directeur des Guêpes, M. René Fauchois est désormais inscrit au nombre de "ceux qui ne collaboreront pas" à cette revue, - avec toutes les conséquences que cette indignité entraîne. - signé Les Guêpes ; Avec toutes nos excuses. - Nous nous étions promis de ne plus parler à cette place de M. Jean Royère ; mais lui-même, par sa réponse à l'enquête sur une "renaissance de l'idéal classique" (Paris-Journal, du 21 août), nous oblige, une fois encore, à nous occuper de lui. Il écrit bravement : "Mais ce n'est pas là où le bât nous blesse". Vraiment nous ne lui demandions pas un pareil aveu ! N'avions-nous pas son livre : Sœur de Narcisse nue pour nous fournir la longueur exacte de ses oreilles ? Il suffit d'ailleurs de parcourir les vers récents qu'il a publiés dans la Phalange du 20 août : Galaad, Perceval, vous mes frères aînés, / Quête du sang, agneaux du rêve, revenez ! / Place au tournoi ! Les chevaliers, entrez en lice... Pareil au singe de La Fontaine, notre brave Jeanjean prend le Pirée pour un homme et Galaad, pays de la Palestine, pour le chevalier Galaor ! A l'avenir, nous ne parlerons plus de ce Monsieur Ubu. ; Un surnom bien porté. - Depuis l'apparition de ses fameuses "remarques sur la fécondité littéraire" (Phalange de février 1910), les amis de Paul Adam ne veulent plus voir en lui que le type de l'homme fécond. ; Justification. - Nombreux sont les confrères qui nous reprochent d'avoir introduit dans les Lettres le ton des discussions parlementaires... - signés J. M. B. ; Avis. - Il nous reste quelques rares exemplaires du numéro spécial que nous avons consacré à la mémoire de Jean Moréas. Nous les ferons parvenir aux personnes qui les désireraient, au prix majoré de 1 fr. 50, net, l'exemplaire. ; Livres reçus (liste)] (p. 222-[224])
Documents
"A la mémoire de René Fauchois décédé le 3 novembre 1910, au théâtre de l'Odéon"
1
Ci-gît Fauchois - Dieu en ait l'âme. -
Beethoven lui fit un renom,
Jean Racine de la réclame,
Mais ni l'un ni l'autre un grand nom.
2
Fauchois nous avait conviés
Pour que Racine fût sifflé
Enfin le grand jour arriva,
Mais ce fut Fauchois qu'on siffla.
3
Malappris, butor que vous êtes,
Pourquoi donc l'éreinter ainsi ?
Fauchois est l'un de nos poètes !
- Soit, mais l'abbé Cotin aussi.
4
Pour Racine trahi, un vague détracteur
Soulevait l'autre soir des clameurs ]vengeresses.
Mais du grand Beethoven bien autre est le ]malheur.
Pensant le célébrer, Fauchois l'a mis en ]pièce(s).
5
Beethoven sur Iphigénie
Peut bien après tout l'emporter.
A ses fragments de symphonie
Point ne sert même d'ajouter
Les paroles qu'en vers ou prose
Le plus faux des Fauchois compose.
6
Iphigénie offerte en sacrifice,
Vit à sa place une biche s'offrir.
Sur un bûcher si le public le hisse,
René Fauchois, héroïque martyr,
Attend du ciel cette même justice :
Une oie est là déjà dans la coulisse,
Prête à subir pour lui l'ire de Dieu...
Et le public n'y verra que du feu.
7
L'auteur de Beethoven, en tapant comme un ]sourd
Sur Racine, fut bien peu sage.
- Que voulez-vous ? Il est entré, grâce à son ]four,
Dans la peau de son personnage !
René DUMAINE.
Notes : "Justification"
Nombreux sont les confrères qui nous reprochent d'avoir introduit dans les Lettres le ton des discussions parlementaires. Ils auraient sans doute préféré voir durer encore le règne de la camaraderie des années précédentes, qu'on pourrait qualifier "le règne de l'encensoir mutuel et obligatoire" ! Pour nous servir de l'excellente formule qui s'étale sur tous les nouveaux produits alimentaires, nous dirons simplement : "Notre meilleure justification, c'est notre succès". Depuis la fondation des Guêpes, en effet, on a pu voir paraître : Les Petites Feuilles, Le Nain Rouge, Sincérité, Les Flèches (ces quatre gazettes déjà défuntes !), Arlequin, Les Loups, Le Cyrique et, ces jours-ci, les amusantes et spirituelles Nouvelles de la République des Lettres. Et toutes les autres revues jeunes d'aujourd'hui publient d'ardents articles de polémique !

Allons les symbolards, avouez donc qu'ils sont revenus les "temps héroïques"... Mais c'est vous aujourd'hui qui faites figure de vieilles perruques et de vieilles barbes. Si les militants de la Revue Blanche ressuscitaient à leur tour, qu'est-ce qu'ils prendraient pour leur rhume !
J.-M. B.

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