Jean Dorsennus :
Revue des Revues [Il ne manque pas de gens assez grincheux et moroses pour se plaindre du nombre des jeunes revues. A ceux-là, je citerai l'exemple éminemment respectable du
Gay Sçavoir et de l'
Ile Sonnante qui viennent de se réunir en un unique cahier. Laquelle des deux revues est disparue ? Est-ce le
Gay Sçavoir ? Non, car le titre subsiste ; sera-ce l'
Ile Sonnante ? Impossible, le format demeure. Cette dernière permanence est d'ailleurs regrettable... Mais peu importe le flacon, n'est-ce pas ? car nous avons l'ivresse. Remercions MM. Legrand-Chabrier, Ernest Dufour et Henri Strentz qui nous la procurent, l'un par ses ironiques et subtiles liroquoiseries, l'autre par son conte philosophique, et ce dernier par sa complainte tendre et mélodieuse. / Le
Thyrse publie une conférence de Mme Aurel, à l'Université populaire du faubourg Saint-Antoine. Les organisateurs de ces conférences ont toutes les audaces. Ce n'est pas la moindre que d'avoir fait subir au public sainement primitif du quartier Saint-Antoine, un discours de l'auteur de
Pour en finir avec l'Amant. Je n'eus pas la fortune d'assister à cette réunion - je le regrette - mais on m'a affirmé la parfaite tranquillité de l'auditoire. Peut-être aurais-je été moins bon public, car, enfin, Mme Aurel, il faut l'avouer, me semble un génie incompris, sinon incompréhensible... / Les
Écrits français émergent des "mares stagnantes" de la jeune littérature pour employer un terme électoral - ça va devenir la saison. - Ils se font remarquer par leur homogénéité : l'esprit de M. Louis de Gonzague Frick euphraste et diser, les anime. Nous avons, pour notre part, pris un plaisir extrême aux mordantes épigrammes d'un certain M. Eustache le Piqueur ; comme celle-ci : / M. Mercereau réconcilie la France et l'Allemagne. / 'Mercereau, reniant son prénom martial, / Exhale désormais un pacifique arôme / Et d'un thuribulum international / Caresse le nombril de l'empereur Guillaume', / ou, à cette notule savoureuse, à propos de l'enquête du
Gil Blas sur les poisons euphoristiques. "Qu'il nous soit permis de notifier vérécondieusement aux éminents enquêteurs, dont la magnificence s'étend, certaines vesprées, jusqu'au faubourg Saint-Antoine, que nous préférons le marasquin à l'éther, le vespetro à la morphine, le ratafia des quatre fruits à la cocaïne, et les alcools de M. G. Apollinaire à l'opium et au haschich. / O Calisayas, ô Bols, comme nous vous pleurons, défuntes popines de haut goût !" / La
Flora, que MM. Lucien Rolmer et André Godin dirigent - avec quelle
grâce, vous le savez - possède un bien
gracieux comité d'honneur. / La
Clarté est une revue honnête et sérieuse qui contient des chroniques fort estimables de MM. Octave Béliard et de Léo Gaubert. / Il est quelques écrivains que l'on a coutume de classer dans un genre défini. Parce qu'il a écrit plusieurs études sur divers auteurs, on considère, avant tout, M. A. de Bersaucourt comme un critique. Et l'on oublie un livre publié, il y a quelque temps déjà, qui est l'un des plus séduisants recueils de poèmes en prose que je connaisse. / M. de Bersaucourt aime à nous rappeler que nous faisons erreur sur lui, en donnant par ci par là - mais trop rarement - un petit poème. La
Renaissance Contemporaine s'honore ainsi en publiant dans son dernier numéro de fort délicates impressions d'automne. Les
Vesprées, de M. Robert Veyssié, sont pleines de mélancolie. / Les
Marges, dont les collaborateurs sont de fervents disciples d'Anatole France, cultivent le pastiche. (C'est le pastiche du "Lac d'Amour", de Fernand Fleuret : Mémoires secrets d'un académicien). Il serait pourtant temps, comme dit la chanson, de réagir contre cette épidémie des à la manière de... qui depuis P. Reboux jusqu'au néo-classicisme des Jean-Marc Bernard et autres pieds plats de la littérature, ainsi que l'écrit véhémentement le vénéré Laurent Tailhade, atteint et décime les meilleurs esprits de notre temps.
], comptes rendus (p. 14-16)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire