MOUCHES A MIEL
N° 1 (Mars 1938)
[Date de publication : Mars 1938 - Couverture : Titre (Mention : "Les Mouches paraîtront en l'absence des : Mouches à Miel"), Sous-Titre, illustration, Date, Éditeur - 2e de couverture : Titre (Mention : "Les Mouches qui paraîtront en l'absence des : Mouches à Miel"), Rédaction et Administration (Adresse), Prix du numéro et de l'abonnement, "Sur le carnet d'essai" - 3e de couverture : "Sur le carnet d'essai (suite)" - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Vient de paraître aux Editions Denoël / Jean de Bosschère / L'OBSCUR A PARIS" ; Collections publiées sous la direction de Jean de Bosschère aux Editions Fernand Sorlot : Vies romanesques... / Plusieurs nouveaux volumes à paraître dans la série : Les Artisans du Style...) - Page [1] : En-Tête (Titre, Date, Contributeurs) - Bas de Page 16 : Dessin de couverture, Imprimeur, Gérant - Pagination : 16 pages]
J[ean] de B[osschère]. : Sur le carnet d'essai, article (2e et 3e de couverture)
André Suarès : Sur le seuil de Lhassa, poème en vers libres (p. [1]-4)
Gabriel Bounoure : Lumières sur l'Obscur, essai [sur l'oeuvre de Jean de Bosschère] (p. 5-7)
Jean de Bosschère : Grande bête traquée, poème en vers libres (p. 8- 11)
Jacques Murdoch : Échos [Une conférence : La poésie en face de la vie moderne. - Rencontre impossible. Mais, on nous dit que l'orateur est poète. Nous croyons dangereux de découvrir en public les secrets qu'il a surpris... ; La Politique, le Spécialiste et le Poète. - L'individu n'est pas une personne. C'est de confondre les entités que nomment ces deux termes que sont nées beaucoup des erreurs qui vicient le discours sur la réalité de l'homme... ; Être doué. - Faire saisir par l'entendement la nature de quelque don que ce soit, serait un travail de dialectique insurmontable...] (p. 12-16)
Document
"Sur le carnet d'essai"
Le carnet d'essai des "Mouches à Miel" était sous presse quand un critique célèbre écrivait : "Mallarmé a dit : "Que la civilisation est loin de procurer les jouissances attribuables à cet état ! On doit par exemple s'étonner qu'une association entre rêveurs, y séjournant, n'existe pas dans toute grande ville, pour subvenir à un journal qui remarquerait les événements sous le jour propre au rêve". Si ce journal existait ici, il faudrait en nommer Jean de Bosschère rédacteur en chef." (1)
Mon but était à peu près celui-là. Publier des échos de la pensée de ceux qui subordonnent la vision de tous les événements aux réflexes qu'ils provoquent sur le plan poétique et divin du monde. Le premier fascicule ne pouvait ébaucher qu'un signe fragile de mon ambition. Déjà, je le constituai à grand peine. Mais ceux qui eussent dû suivre, si depuis je n'avais altéré mon projet, ne m'obligèrent pas à moins de persévérance.
Dès l'atterrissage de la petite revue, le même critique écrivait : "pourtant je doute qu'elle devienne un lieu de rassemblement. Elle formera plutôt le reflet de son curieux esprit, de ses manières de voir personnelles. (2)". Qu'elle ne pouvait être un lieu de rassemblement anthologique et que je voulais lui imprimer un caractère trop personnel, furent les deux écueils où vinrent échouer mes intentions. Sur l'épave de mon essai, je restai presque seul.
Si je n'avais pas une grande tendresse pour mon enseigne, Mouches à Miel, je peindrais sur la coque radoubée un titre nouveau qui ressemblerait à Feuillets d'un Journal. (3)
En ces conjonctures, il est évident que, dans les prochaines "Mouches", ma présence abondera autant qu'il est possible dans l'espace restreint de seize pages. Ne devais-je pas cet avertissement à mes quelques lecteurs ?
Pour ma défense, - pour tenter de retenir mes lecteurs, - pour en attirer dix autres, je ne crois pas follement présomptueux de faire remarquer qu'ils ne trouveront dans aucune autre revue, ni les échos de ma ferveur vouée à la poésie en ce qu'elle porte de divin, ni les affirmations de la foi "d'un des cinq ou six hommes du siècle qui aient une vocation d'absolu." (4)
Car, c'est la vérité, je n'ai jamais quitté les marges pour entrer dans "le texte", sorti de mes livres pour pénétrer dans les revues. Si j'avais une seule fois cédé à la curiosité d'offrir un mien poème à l'N.R.F. ou au "Mercure", par exemple, et que les amis que j'y compte eussent couru l'aventure de le publier, je sais que beaucoup d'abonnés eussent protesté. Des preuves qui m'arrivèrent récemment me permettent de prévoir de quelle humeur se seraient montrés les lecteurs qui pensent "normalement".
Le numéro d'essai des "Mouches à Miel" (décembre 1937) appuie d'ailleurs mon pronostic. Cet unique carnet, m'attire, je le dis, des lettres acrimonieuses, mais cependant excusables, sauf l'une d'elles, venue d'un séminaire. Là on réclame pour soi, dans un langage où me blessent de grossières épines, le monopole des cogitations théologiques.
Enfin, plus que naguère, l'aveu que je viens de faire de mon isolement, m'annihilera le nombre, mais me confirmera l'amitié de ceux en qui j'eusse, en tout cas, choisi d'éveiller ce sentiment.
J. de B.
(1, 2) - Les Nouvelles Littéraires, Edmond Jaloux.
(3) - "Les Mouches", proches parentes des "Mouches à Miel", paraîtront pendant la courte absence de celles-ci. "Mouches à Miel" est notre propriété exclusive, comme le copyright des articles parus dans le numéro d'essai (déc. 1937), appartient à leurs auteurs.
(4) - Armand Petitjean. (Vendredi)
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