LES GUÊPES
4e Année - N°33 (Juillet 1912)
[Date de publication : Juillet 1912 - Couverture : imprimée en noir sur papier jaune, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Année, Date, Numéro, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité ("Revue mensuelle paraissant le 15 de chaque mois"), Directeurs : Jean-Marc Bernard et Maurice de Noisay, Secrétaire : Henri Clouard, "Les abonnements partent du commencement de l'année et sont continués sauf avis contraire", "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs, Collaborateurs, ("Tous ceux dont les articles auront été acceptés par la Direction") "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Fauchois, Eugène Lintilhac, Jean Rameau, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", Dépositaires (A Marseille : Librairie Antimaçonnique, 14, rue Montgrand / Pour la France et l’Étranger : J.-M. Bernard, Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser les communications / Concernant l'Administration : à M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme) / Concernant la Rédaction : à M. Maurice de Noisay, 7, rue Paul-Saunière, Paris. / "Le Directeur et le Secrétaire reçoivent le mercredi, de 5 à 7 heures au siège de la Revue, à Paris, 7, rue Paul-Saunière" - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an) - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Le Divan / Imprimerie Valentinoise / Grand Café Glacier, Rich Tavern / Le Courrier de la Presse / Revue Critique des Idées et des Livres / Lisez aussi : Le Nord Patriote) ; Service des Revues (liste) - Pagination : 16 pages]
Maurice de Noisay : Sur la Jeunesse Littéraire [en note : "En réponse à une enquête de M. Gabriel Boissy, dans Excelsior. Il nous posait exactement les trois questions suivantes : 1° Jusqu'à quel âge est-on jeune écrivain ? 2° Est-ce l'âge ou est-ce l’œuvre qui vieillit l'écrivain ? 3° Si c'est l’œuvre, est-ce la qualité ou la quantité qu'on doit considérer ?"] (p. 49-52)
René Dumaine : Épigramme : Sur les Mounet (p. 52)
Jean-Marc Bernard : Les Quatrains d'Omar Kheyyam [A M. Maurice de Noisay] (p. 53-54) suivi de traductions de quatrains du poète persan (p. 55-61)
Lysis : Le Portique [épigraphe : O οϊα χέϕαλή !] (p. 62-63)
Maurice de Noisay : Paul Fort prince des poètes (p. [64])
Document
"Paul FORT prince des poètes"
Paul Fort succède à Léon Dierx. Pour une fois qu'il était de notre compétence de prendre parti dans une élection, nous avons eu la satisfaction de voir passer notre candidat. Voici, en effet, ma réponse aux directeurs de journaux ou de revues qui avaient bien voulu me consulter :
Monsieur le Directeur,
Si Moréas vivait, il n'y aurait qu'à l'investir solennellement d'un honneur dont il jouissait en fait. Ce beau poète écarté par la mort, je n'en aperçois plus qu'un qui s'impose : Louis Le Cardonnel est moine ; Henri de Régnier est académicien ; Paul Fort est trop jeune et trop indépendant pour tenir un rang dans notre très démocratique et très bureaucratique France, où l’on a pris pour règle à peu près générale d’ignorer le mérite.
Paul Fort a aussi trop de fantaisie pour succéder à Léon Dierx, poète désintéressé, consciencieux, ennuyeux et vide. Paul Fort a trop de tendresse, de grâce et d’esprit : qualités bien désuètes, je suppose, et dont les fanfares de notre moderne poésie n’ont que faire, morbleu ! (il a été en effet décidé depuis un bout de temps, nul ne l’ignore, qu’il ne saurait y avoir dorénavant poésie là où il ne serait pas au moins question de Dieu, ni de locomotives). Paul Fort, enfin, est trop français, de sang comme d’inspiration – et l’on sait qu’aujourd’hui les poètes qui comptent, écrivent en belge et pensent en patagon.
Mais qui choisir ? car je vois bien qu’il est si naturel, si avantageux et si agréable d’avoir un prince que nos poètes ne voudraient ni ne pourraient plus s’en passer pour leur compte. On va mourir, si l’on n’en trouve un. On en réclame un à tout prix. Et c’est au point que l’on me demande d’exprimer un suffrage, contrairement à tous mes principes. Comment me tirer de là ? Je me dis que je ne puis décemment refuser mon avis à tant de braves gens désemparés ; qu’au demeurant, il ne s’agit ici que d’un vote corporatif : je me dis surtout qu’il y a certains poètes belges que j’abhorre et un poète français, qui s’appelle Paul Fort, et que j’aime beaucoup en dépit des vices que je lui reconnaissais tout à l’heure. Tout cela me décide à voter quand même, et pour lui.
Maurice de Noisay.
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