LE JOURNAL DES POÈTES
2e année - N° 21 (30 Avril 1932)
[Date de publication : 30 avril 1932 - Page [1] en-tête (2 colonnes) : Année, Numéro, Date, Prix, Titre, Sous-Titre, Adresse, Téléphone, Compte chèque postal, Abonnement - Page [1] bas de colonne 1 : Comité directeur : L.-Ch. Baudouin, Pierre Bourgeois, Paul Dermée, Henry Fagne, Pierre Flouquet, René Meurant, Marcel Martinet, Charles Plisnier, Georges Ribemont-Dessaignes, André Salmon, Edmond Van der Cammen, Henri Van de Putte ; Administrateur : L. Vandenheuvel - Page [3] bas de colonne 4 : "Au verso, Rabearivelo" - Page [4] bas de colonnes 1-2 : Annonce ("Vendredi Treize Mai / ouverture / du / Kursaal d'Ostende") - Page [4] bas de colonne 4 : Rappel ("Retardataires, payez-nous / D'urgence votre abonnement, / Abonnez aussi votre meilleur ami") ; Annonce ("Abonnés & bibliophiles / possédez-vous la "série d'essai" du "Journal des poètes" ? / Il ne nous reste que huit collections, en édition simple, et trois collections, en édition de luxe, de notre première série. Beaucoup de nos lecteurs n'ayant pas conservé les premiers numéros de notre "Série d'essai", sa collection constitue déjà une / rareté bibliographique / Nous offrons la collection simple à 50 fr. (belges), et la collection de luxe à 75 fr. / S'adresser au Bureau du Journal.") - Pagination : 4 pages]
[La Rédaction] : Notre second éditorial : Sauvons la poésie !, éditorial (p. [1 ; col. 1])
Pierre[-Louis] Flouquet : Céline Arnauld nous dit... : Mystère de l'image, entretien (p. [1 ; col. 2-3])
Céline Arnauld : Deux poèmes inédits : Le bar des algues (p. [1 ; col. 3]) ; Cortège marin (p. [1 ; col. 3-4]), poèmes en prose [suivis d'une bibliographie] (p. [1 ; col. 3-4])
[Pierre] Hourcade : Voix [A José Regio - daté "Coimbra, janvier 1932"] ; Anéantissement, poèmes en vers libres (p. [1 ; col. 4])
Mariano Brull : Poussière, poème [traduit de l'espagnol par Mathilde Pomès] (p. [1 ; col. 4])
*** : Régime poétique, note ["C'est dans Les Consolations de Sainte-Beuve, que l'on trouve cette opinion subtile...] (p. [1 ; col. 4])
J[ean].-J[oseph] Rabearivelo : Îlots de poésie dans la mer des Indes, étude [daté "Tananarive, le 28 février 1932"] (p. [2 ; col. 1-4 - 3 ; col. 1-3])
DOUZE POÈTES DE L’OCÉAN INDIEN
Esther Razanadrasoa : Sous la lune..., poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 1])
Samuel Ratany : Certitude, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 1])
Ny Avana Ramanantoanina : D'un exilé, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 1-2])
Pierre Camo : L'hiver, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 2])
Robert-Edward Hart : Le retour d'Orphée, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 2-3])
J.-H. Rabekoto : Nocturne, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 3])
G. Henri de Brugada : Deux quatrains : Steamer ; Albatros [à R.-E. Hart], poèmes [suivis d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 3])
Jean Vincent : Tropiques, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 4])
John de Lingen : Je vis trois..., poème [extrait de Zodiaque - traduit de l'anglais par R.-E. Hart - suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 4])
Allain : Comme une grenade, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 4])
Robert Boudry : Iles vertes, poème [suivi d'une notice biographique] (p. [3 ; col. 4])
J.-J. Rabearivelo : Deux poèmes : Naissance du Poème ; Images, la nuit [traduit du hova par l'auteur], poèmes (p. [4 ; col. 1])
E[dmond]. V[andercammen]. : Quatre livres récents [Le fond des yeux, par René Lacôte (éditions "Demain", Paris) ; Profils des rêves, par Arthur Pétronio (éditions "Anthologie", Liège) - (p. [4 ; col. 1]) ; Dans l'ombre des Chênes, par Marcel Chabot (Albert Messein, éditeur, Paris) - (p. [4 ; col. 1-2]) ; La guirlande à Gritli, par Oswald Waldi (éditions de "l'Avant-Poste", Verviers) - (p. [4 ; col. 2])], comptes rendus (p. [4 ; col. 1-2])
Hubert Dubois : Fragments, poème [extrait d'un poème "Le Pays jaunissant", en préparation] (p. [4 ; col. 2])
Marie de Vivier : Solitude, poème en vers libres [de la Maison de Verre... - A André Baillon] (p. [4 ; col. 2])
Pierre[-Louis] Flouquet : Nos enquêtes internationales : Le Poète doit-il être de son temps ?, enquête [réponses de Marcel Sauvage, Giacomo Prampolini, Charles Plisnier] (p. [4 ; col. 3-4])
[Paul] Colinet : Forêt du songe [à Edmond Vandercammen] ; Rose de minuit, poèmes en vers libres (p. [4 ; col. 4])
*** : Une définition de la poésie, note ["Sous l'influence du Parnasse et du Naturalisme, Iwan Gilkin défendit le culte de la forme ainsi que l'indépendance morale du poète et de l'artiste...] (p. [4 ; col. 4])
Document
"Sauvons la poésie !"
Rappelons-nous l'article publié il y a quelques mois dans Les nouvelles littéraires sous le titre : "Les brigades d'écrivains soviétiques".
Il contient un rapport de M. Besimensky, candidat au trône de prince des poètes russes, qui nous fait connaître l'épisode le plus inédit de l'histoire de la poésie :
"Toutes les organisations littéraires, tous les groupements littéraires, il faut les réunir par des questions de lutte du jour. Le pays ne nous pardonnerait jamais notre inaction. Il a tous les droits sur nous. En avant, les écrivains et les poètes ! Des vers peuvent faire de l'acier, et c'est d'acier que notre pays a le plus grand besoin."
Tout cela ne laisserait pas d'être banal, sinon logique, si nous n'apprenions que M. Besimensky lui-même, "pendant les huit derniers jours, a écrit vingt-sept poèmes et épigrammes et quarante-six mots d'ordre".
L'on ne se méprendra point sur le sens de nos paroles. Nous sommes unanimes à désirer le développement de certains courants littéraires dont la matière est directement liée à la pensée révolutionnaire.
L'heure justifie l'action et les grandes prophéties.
Nous croyons donc à la nécessité d'une littérature reflétant la psychologie des masses ouvrières, mais ce que nous réclamons c'est la dignité totale de telles créations.
Nous condamnons ici le ridicule et dangereux usage que l'on fait de l'une des formes les plus élevées et les plus pathétiques de la sensibilité humaine.
Si les Blok, les Maïakowsky et bien avant les Pouchkine ont pris les leçons "d'un pur athéisme" aux lumières de la révolte, ils n'étaient qu'au service de l'humain, sous le signe de l'indéfectible audace de la poésie. Toujours, leur conscience d'écrivain est restée fière, ne voulant pas de contredire avec l'action et la foi.
Celle des poètes de brigades nous paraît tristement soumise aux seules fins d'une politique. Si la révolution se doit de beaucoup détruire, il lui reste à sauver la puissance intrinsèque de la poésie.
Par ailleurs, ne confondons point poème avec poésie : qu'on dénonce l'enchantement pourrissant de l'un, mais qu'on se garde de détruire le potentiel de révolte constructive qui est à la base de l'autre.
Nous ne permettrons pas que se réalise le proxénétisme de l'esprit, dussions-nous voir retarder l'aboutissement de nos idéologies.
Les plus beaux poèmes de Maïakowsky sont ceux qui ne furent point réponses à tels mots d'ordre politiques.
Pouah ! pour les gens de lettres et les tièdes !
Pouah ! pour toute fabrication !
La poésie est ailleurs ; sa mission n'a jamais été plus noble depuis que
"Le monde entier est en tourmente", comme l'écrivait l'auteur de Les douze.
Poètes, que votre colère "reste sainte" !
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