mardi 21 décembre 2010

JEAN ROYÈRE, RENÉ GHIL & LES ÉCRITS POUR L'ART

Du chapitre que Jean Royère consacre à René Ghil dans ses FRONTONS (Coll. "Masques et Idées", Éditions Seheur, 1932), j'extrais ces quelques lignes dédiées à la Nouvelle Série des ÉCRITS POUR L'ART.
RENÉ GHIL
René Ghil est un grand lyrique austère, un inspiré qui a voulu tirer une immense poésie de l'abstraction. Ce fut une sorte de Lucrèce, un saint du Langage organisé et même le martyr de hautes convictions. Dans le domaine immense du Poème, il occupe la cellule de l'anachorète. Mais il y avait en René Ghil l'étoffe de quatre rois !

J'ai admiré l'homme. Depuis le lycée Condorcet jusqu'au jour où le labeur d'écrire le terrassa, René Ghil n'a vécu que pour son "Œuvre" ! S'il se trouve encore des gens qui n'aiment pas René Ghil, tous, du moins, le doivent respecter.

Edgar Baës, Marcel Batilliat, Th. Dan Cerkez, Émile Dantinne, Pierre Devoluy, Zabel Essaïan, Olivier C. de La Fayette, René Ghil, Sadia Lévy, Victor Litschfousse, Léo Loups, F.-T. Marinetti, Gaston Moreilhon, John-Antoine Nau, Abel Pelletier, Robert Randau et Vurgey formèrent le noyau de la deuxième série des Écrits pour l'Art que René Ghil avait dirigés de 1887 à 1893.

Mais les Écrits pour l'Art, 2e série, publièrent en outre, du 15 mars 1905 au 15 février 1906, des poèmes et des proses de Mme de Holstein, de Paul Drouot, Valmy-Baysse, Louis Mandin, Louis Thomas, Charles Vildrac, René Arcos, Georges Ghika, Henri Ghika, Ernest Régnier, Eshmer-Valdor, René Wisner, Laurence Jerrold, Philéas Lebesgue, Dr Vladimir de Holstein et des traductions d'Arthur Symons, de K. Balmont, de Max Volochine et de Valère Brussov.

Je reçus de Ghil la direction des Écrits pour l'Art (2e série) ; en fait, Ghil, Sadia Lévy et moi en formions le comité de direction.

Mais René Ghil avait l'intransigeance des Saints. Il voyait dans la poésie une "métaphysique émue", où s'incarnerait l'Univers devenu Rythme !

Nos deux bréviaires ne s'accordèrent pas complètement, de sorte que notre collaboration risquait d'en souffrir. Nous finîmes par nous en apercevoir et décidâmes, d'un commun accord, de l'interrompre, au bout de douze mois, mais cette 2e série des Écrits pour l'Art n'en a pas moins été le berceau de la Phalange que je fondai quatre mois plus tard. On connaît la destinée de la revue à couverture orange, et si je la voulus ouverte, c'est parce que les Écrits pour l'Art m'avaient semblé un peu trop fermés.
(Jean Royère, Frontons, p. 111-113)

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