jeudi 11 novembre 2010

LA PLEIADE N°1 (MARS 1886)

[Titre : LA PLEIADE - Sous-titre : Revue Littéraire, Artistique, Musicale & Dramatique - Dates de publication : Mars 1886 (n°1) à Novembre 1886 (n°7) - Périodicité : mensuelle (n'a pas paru en septembre et en octobre) - Lieu de Publication : Paris - Format : 163 x 247 mm - Couverture : imprimée en noir sur papier violet - Pagination : variable ; pagination suivie - Prix : Le numéro = 1 fr. ; Abonnement annuel France = 10 fr. ; Abonnement annuel Etranger = 15 fr. - Adresses : M. Rodolphe Darzens, 99, rue Richelieu, Paris (n°1 à 6) puis 115, Faubourg Poissonnière, Paris (n°7) - Animateurs : Directeur-Gérant = Rodolphe Darzens ; Secrétaire de la Rédaction [à partir du 7e numéro] = Louis Dareste ; Rédacteurs = Jean Ajalbert, Camille Bloch, Rodolphe Darzens, Mooris Maeterlinck, Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Paul Roux, Grégoire Le Roy, Saint-Meleux, Alexandre Tausserat, Charles Van Lerberghe [et à partir du 7e numéro : Camille Bloch, Louis Dareste, Rodolphe Darzens, Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Paul Roux, Saint-Meleux] - Autres collaborateurs : H. Ed. Bailly, Théodore de Banville, Louis Dareste, René Ghil, Emile Michelet, Georges Payelle, Raphaël de Valero, J. Vidal, Henri Vinayde - Imprimée sur les Presses d'Alcan-Lévy]

LA PLEIADE
Première Livraison (mars 1886)
[Date de publication : Mars 1886 - Couverture : Titre, numéro et date - 2e de couverture : Titres des publications des rédacteurs (Rodolphe Darzens : La Nuit, premières poésies. 1 vol. in-18 - Epuisé ; Le Psautier de l'Amie. 1 vol. in-8° et sur papier de Hollande [chez Alcan-Levy] // Jean Ajalbert : Sur le vif, poésies. 1 vol. in-8° [chez Tresse et Stock. Palais-Royal]) ; Pour paraître (Paul Roux : Les Nazaréennes, poésies // Pierre Quillard : La Fille aux mains coupées, mystère // Jean Ajalbert : Choses vues, poésies // Ephraïm Mikhaël : L'Automne, poésies // Rodolphe Darzens : La Messe noire, roman) - 3e de couverture : publicités pour les Chemins de fer d'Orléans, de l'Est, de l'Ouest et du Nord - 4e de couverture : Titre, sous-titre, liste des rédacteurs, périodicité, sommaire de la première livraison, prix au numéro et de l'abonnement, adresse - Pagination : 32 pages]
Sommaire
Théodore de Banville : Au Lecteur (p. 1[non paginée]-2)

Ephraïm Mikhaël : L'âme mièvre (p. 3) ; L'Hiérodoule (p. 4) ; Acte de contrition (p. 5) ; Conseils du soir (p. 6) [poèmes]

Paul Roux : Le palais d'Ithaque - au retour d'Odysseus métamorphosé en mendiant (p. 7-8) ; Eclats d'Idylle (p. 8-9) ; Brève surhumanité (p. 9-11) [poèmes]

J. Vidal : Sous la cendre (p. 12-15) [nouvelle]
Saint-Meleux : Chronique musicale [sur Lohengrin] (p. 16-19)

Henri Vinayde : Chronique artistique [Mirlitons et Pieds crottés : Paul Baudry, Jules Lefebvre, Edouard Detaille, Gervex, Emile Blanche, Pierre Lagarde, René de Saint-Marceaux, Emile Barau, Cazin, Montenard, Damoye, lord Weeks, Courtal, de Moncourt, Neuville, Boutet de Monvel, Albert Besnard, Maurice Courant, Harpignies, Duez, François Flameng, Fortuny, Aimé Morot, Roger Jourdain, Edmond Yon, Zuber, Tissot, Eugène Lami, Dubufe fils, Worms, Heilbuth, Adan, Maurice Leloir, Lewis Brown, Vibert, Le Blant, de Penne, Lambert, Mme de Rothschild, J.-P. Laurens] (p. 20-23)

Ephraïm Mikhaël : Chronique dramatique [Comédie Française : 1802, de M. Ernest Renan - Odéon : Le Beau Léandre, par Théodore de Banville - Porte Saint-Martin : Hamlet, arrangé par MM. Samson et Cressonnois] (p. 24-25)

Camille Bloch : Chronique littéraire [La Mer, par M. Jean Richepin (Maurice Dreyfous, éditeur) - Un crime d'amour, par Paul Bourget (Lemerre, éditeur) - Catulle Mendès : Les Trois Chansons, chez Frinzine ; Toutes les amoureuses, chez Dentu - L'argot des Nomades en Basse-Bretagne, par N. Quellien (Maisonneuve frères et Leclerc, éditeurs, Paris)] (p. 26-32)
Document
"AU LECTEUR"
Voici des jeunes gens qui sont jeunes, et des amis qui ont de l'amitié les uns pour les autres. Ceci, Lecteur, si tu veux en convenir sincèrement, vaut déjà l'argent que tu auras donné.

LA PLEIADE ! Est-il besoin de dire que ce beau titre n'est pas pris ici dans une acception stricte et que nos poètes sans barbe et sans moustache encore, n'ont nullement la prétention de recommencer les rimeurs réunis autour du grand Ronsard ? Ce qu'ils ont pris d'eux, ce qu'ils conservent et gardent fidèlement, c'est le culte d'une amitié fondée, non sur des circonstances arbitraires et quelconques, mais sur la religion de l'Art divin, qui leur est commune à tous.

J'ai dit qu'ils sont jeunes : ils le sont effroyablement. On ne l'est jamais assez. L'aîné d'entre eux n'a pas encore l'âge de Roméo, et ils pourraient ressembler tous à Chérubin, s'ils parlaient habituellement en prose. Ils sont dans la saison heureuse où on ne convoite pas les dignités, ni les tas d'or, ou tous les autres biens qui s'évanouissent en cendre ou en fumée. Ils connaissent uniquement les trésors que rien ne détruit et les vérités éternelles.

Ils n'ont pas commis de crimes envers les hommes, ni envers eux-mêmes. Ils ne se sont pas volé de maîtresses, ni emprunté d'argent, ni jalousé entre eux pour le nombre de milles auquel se tireront plus tard leurs livres. C'est pourquoi, Lecteur, si tu veux un instant revivre les jours où tu fus sage, innocent et exempt de désirs avides, rafraîchis-toi à cette Revue, comme tu reviendrais boire à la source pure où tu t'es désaltéré enfant, tandis que la brise parfumée, par l'odeur des feuilles, tremblait dans ta chevelure.

Les écrivains de la jeune PLEIADE ont-ils des opinions ? Assurément oui, car tout le monde en a. Sans nul doute, ils aiment le beau, la sincérité, l'art raffiné et délicat, l'expression la plus juste et la plus moderne, et ils sont du côté du génie contre ceux qui sont de l'autre côté.

La question économique ? Imprimés à leurs frais (à leurs dépens, aurait-on dit au siècle dernier) chez Alcan-Lévy, qui leur fait des grâces, car il y a des imprimeurs qui aiment la poésie et la littérature, je pense que leur ambition, comme de tous les mortels, est de vivre - s'il se peut autant que Mathusalem, et si cela ne se peut pas, autant qu'une rose.

Ils ne feront appel à aucune des célébrités contemporaines ; et boiront dans leurs verres, entre jeunes. Mais, diras-tu, qui justifie ici la présence du vieux homme qui vient faire cette annonce ? Rien de plus simple. Il vient te saluer, sans plus, et ne reparaîtra pas. En le choisissant pour leur porte-parole, les écrivains de la PLEIADE ont voulu montrer qu'un rimeur d'autrefois a pu vivre très vieux et, à la fin de sa vie, être épris de la poésie, comme au premier jour. Et maintenant je leur cède la place ; car le discours d'un hibou plein de bonne volonté ne saurait valoir, même un instant, les trilles énamourés des rossignols.
THEODORE DE BANVILLE
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A consulter le billet de Livrenblog sur La Pléiade de 1886 et 1889.

2 commentaires:

  1. Bravo & bon courage pour la suite. Il va vous en falloir car n'oubliez pas que la petite revue qui prend naturellement la suite de la Pléiade s'appelle le Mercure de France. Petite revue, oui, oui, c'est Gourmont qui le dit !

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  2. Merci pour les encouragements, cher cls. C'est une entreprise pour laquelle je pense engager (par clause testamentaire) plusieurs générations issues de mes flancs. Mais, dans l'heure brève que sera ma vie, je n'entoilerai que les descriptions des numéros de revues figurant dans ma bibliothèque, et ma collection du Mercure de France est loin d'être complète.

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