Michel Puy :
Les Revues [Un grand nombre de revues, à l'occasion de la mort de Moréas, ont rendu à ce bon poète un juste hommage. M. Guy Lavaud, dans
Pan (juin-juillet) nous explique pourquoi il estime que Moréas n'est pas un
Grand poète... ; Moréas à son lit de mort déclarait : "Il n'y a ni classiques ni romantiques." Il faut malgré cela qu'on en fasse l'annonciateur d'une Renaissance classique. Fausse renaissance, s'il faut en croire M. Jean Royère qui, dans
La Phalange (20 août) affirme, à propos d'une prétendue rénovation de la tragédie, que "Luce de Lancival est toujours vivant, qu'il sévit à Orange et qu'il menace même la Comédie française", ou M. Léon Bazalgette qui, dans
Pan (août-septembre) exprime son admiration pour Verhaeren, ou encore M. Vielé-Griffin qui, dans l'
Occident écrit : "On naît tous les jours Occidental, on ne renaît jamais rien du tout." Au contraire, M. G.-M. Rodrigue, dans le
Thyrse (juillet) découvre que la poésie s'oriente vers un classicisme, que "l'heure n'est plus de l'originalité à outrance" et que "la tendance nouvelle est d'être humain avant tout."... ; M. Remy de Gourmont est un des écrivains qui ont le plus d'influence sur la jeunesse. Il lui a appris à regarder les choses sous plusieurs aspects différents ; ainsi les idées les mieux établies perdent de leur certitude, mais rayonnent en éveillant autour d'elles un essaim d'idées nouvelles. Le sceptique évite de se prononcer entre elles pour s'accorder le plaisir de les aimer toutes : car chacune à un moment apparaît vraie et féconde. Dans la
Nouvelle Revue Française (1er avril), M. André Gide s'est attaché à analyser ce que cette attitude a d'inquiétant. Tout en essayant de rendre justice à M. de Gourmont, il est choqué de sa haine pour la pudeur et le pour le christianisme. Et il met presque en doute son amour des sciences... ; Ce ne sont pas deux hommes, mais deux tendances qui sont en présence. M. Charles-Henry Hirsch, dans le
Mercure de France (1er mai) définit avec exactitude la manière de M. de Gourmont et celle de M. Gide... ; Mais la discussion n'est pas close. M. Gide avait voulu fixer les limites de la pensée de M. de Gourmont. M. Eugène Montfort à son tour, dans les
Marges, prétend fixer celles de la pensée de M. Gide. Je ne sais pas s'il faut le suivre quand il l'accuse d'opportunisme littéraire. Mais il semble bien avoir touché le point sensible en le taquinant sur ses tendances protestantes. Ce qui le prouverait, c'est le soin même qu'a mis M. Gide, dans la
Nouvelle Revue Française (1er juillet) à se défendre contre une telle imputation... ; Dans le
Thyrse (août), M. Georges Buisseret assure que "l'heure est passée des démolisseurs comme Renan, France, Gourmont et qu'elle est en faveur d'un Claudel, d'un Bergson, d'un Verhaeren, qui construisent." ; Dans la
Flamme (20 juin), M. Émile d'Arcourt se pique de mettre tout le monde d'accord. " Ces jeunes gens à cheveux blancs, dit-il, Gide ou Gourmont, nous indiffèrent également."... ; Revues Nouvelles. -
Les Nouvelles de la République des Lettres, dirigées par notre collaborateur André Salmon, nous promettent un excellent recueil de littérature et une amusante potinière. ;
Le Cynique, revue bruxelloise à son second numéro, a déjà reçu des lettres de protestation de ses lecteurs. "Toutes ces missives, déclare-t-il, eurent l'effet d'un pet dans du mastic." ; A lire. -
L'Âme latine : Le Régime féodal, par M. Louis Thomas ;
L'Amitié de France : des études sur Chantecler, par MM. J. Loisel et Georges Dumesnil ;
Les Argonautes : Les deux siestes, par M. Albert Saint-Paul ;
Le Beffroi : Pen Men, par M. Gahisto ;
Le Centaure : des poèmes de M. Albert Fleury ;
Le Divan : Lourds commentaires sur un auteur léger, par M. Jean-Marc Bernard ;
Le Feu : La visite muette, par M. Julien Ochsé ;
Le Florilège : La Mer de nacre, par M. Eugène Marsan ;
La Nouvelle Revue française : Jacques l’Égoïste, nouvelle de M. Jean Giraudoux ;
Le Penseur : Éternité, par M. Alfred Ruffin ;
Les Poèmes : des vers de MM. André Lafon et Marcel Martinet ;
La Renaissance contemporaine : Symbole, poème de M. Léon Bocquet ;
Les Rubriques nouvelles : de l'Intellectuaille, par M. Jean Florence ;
Le Spectateur : L'enseignement élémentaire du français, par M. René Martin-Guelliot ;
Vers et Prose : des vers de MM. Vielé-Griffin, Albert Mockel, Stuart Merrill, Guy Lavaud, Paul Fort, et une étude sur la philosophie de M. Bergson et le lyrisme contemporain, par M. Tancrède de Visan] (p. [304]-307)
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