RÉALITÉS SECRÈTES
N°XXXXI-XXXXII (1er trimestre 1971)
[Date de publication : 1er trimestre 1971 (achevé d'imprimer : 15 Mars 1971) - Couverture : Imprimée en noir sur papier vert (Titre, Sous-Titre, Directeurs, Numéro, Sommaire, Éditeur, Dépôt à Paris) - 2e et 3e de couverture : muettes - 4e de couverture : Prix - Page [1] : Faux-Titre (Titre, Sous-Titre, Directeurs, Numéro, Sommaire, Éditeur, Dépôt à Paris) - Page [2] : Tirage ("Il a été tiré de ce numéro 25 exemplaires sur Alfa-Mousse Navarre, numérotés de 1 à 25") - Pages [105-115] : Sommaires des numéros précédents - Bas de page [115] : Achevé d'imprimer, Imprimeur-Gérant - Page [116] : Annonce ("à paraître en Mai / POÉSIE PRÉSENTE / CAHIERS TRIMESTRIELS DE POÉSIE / JOË BOUSQUET / La Miremeure / JEAN CASSOU / Obsèques / MARCEL BÉALU / Poèmes / GUÉNANE / Stries / GUY HEITZ / Brèves nouvelles nées / un volume de 160 pages, au prix de : 15 F. / - ou 50 F. les 4 numéros - / Rougerie, éditeur, 11 rue des Sapeurs, Limoges / c.c.p. Limoges 602-24") - Note sur la mise en page : Les pages ne sont pas numérotées - Pagination : 116 pages]
Marcel Béalu : Du mal d'écrire (petit bilan en guise d'éditorial avec de vagues airs d'adieu) [Daté "Noël 1970"] (p. [3]-[20])
Joë Bousquet : L'homme dont je mourais [extrait d'un ouvrage à paraître chez Rougerie] (p. [21]-[30])
Maurice Renard : L'écharpe gris souris, nouvelle [A Émile Sedeyn] (p. [31]-[38])
Karl August Horst : Le scorpion, nouvelle [Précédée d'une présentation de l'auteur par Gilbert Socard (p. [39]-[40]) - Traduction de Gilbert Socard - "Cette nouvelle de K.-A. Horst : "Le Scorpion" a fait l'objet d'une première publication en français dans le numéro 343 des "Cahiers du Sud", en novembre 1957"] (p. [39]-[73])
Pierre-Jean Brouillaud : Rivages, récit poétique (p. [74]-[85])
M. Blecher : Évènements de l'immédiate réalité (Fragments) / Chapitre I [Traduit du roumain par Colomba Voronca] (p. [86]-[97])
Saint-Pol-Roux : La répoétique : Idéoplastie (p. [98]-[102]) ; Dieu (p. [103]-[104]) [Texte établi par Gérard Macé - extrait d'un ouvrage à paraître prochainement chez Rougerie] (p. [60]-[71])
Document
"Du mal d'écrire"
(extrait)
Ce numéro 41 est le dernier de "Réalités Secrètes". C'est d'un commun accord que René Rougerie et moi avons pris cette décision. L'âge canonique ne convient pas à une revue de jeunes, ce que nous étions condamnés à rester. (Une revue de jeunes est une revue trop pauvre pour que figurent à son sommaire les écrivains huppés, ceux que se partage le public incurieux des revues de vieux.)
Rappelons tout d'abord, à l'aide d'une citation, ce qu'était notre publication :
"Les cahiers de littérature rédigés par Marcel Béalu et René Rougerie sous le titre de "Réalités Secrètes" tendent à la présentation de textes appartenant à un fantastique riche en significations. Ce fantastique à multiples dimensions n'a bien sûr rien à voir avec celui concerté des séries noires : il peut revêtir diverses espèces de couleurs et constitue un courant certain de toutes littératures en tous temps. "Réalités Secrètes" a exhumé des textes à peu près introuvables de Pétrus Borel, Charles Nodier, Ludwig Boerne, Ludwig Tieck. Elle a publié entièrement Sacrifice Impérial de Max Jacob, qui ne fut jamais tiré qu'à quarante exemplaires. Elle a voulu rendre un hommage particulier à Maurice Blanchard, grand poète hors série (et ceci bien avant que les "Surréalistes" ne le découvrent). Parmi les vivants, "Réalités Secrètes" a donné deux des plus curieuses pièces du trop peu connu Pierre Albert-Birot, compagnon d'Apollinaire. Ses numéros offrent par ailleurs des textes de Jean Paulhan, A.-P. de Mandiargues, J.-M.-A. Paroutaud, Marcel Béalu, Pierre Bettenourt, Jean Follain, Lise Deharme. On y découvre aussi des poètes de la dernière génération comme Marc Alyn et Renée Rivet. "Réalités Secrètes" constitue une véritable anthologie permanente de tout un courant littéraire dans la diversité de ses manifestations."
Il convient d'ajouter à ces lignes, qui datent d'une dizaine d'années, que "Réalités Secrètes" a publié, depuis, nombre de textes rares et de noms inédits. Le lecteur, pour s'en convaincre, se reportera à la table générale que nous publions dans les dernières pages de ce numéro ultime.
Ce rapide bilan nullement pour nous donner des gants. Il était indispensable, pour réaffirmer notre position, de noter les résultats d'une expérience commencée il y a vingt ans. Notre but était alors de souligner les tendances d'une littérature qu'on ne peut plus désormais appeler "secrète", la vogue du fantastique prouvant le contraire. Quarante numéros suffisaient pour prouver ce que nous voulions prouver, sans tomber dans le ridicule, eu égard à nos humbles moyens, de rivaliser avec la Revue des Deux Mondes, la Nouvelle Revue Française ou l'ex-Mercure de France. Nous sommes convaincus que la collection de nos Cahiers sera bientôt recherchée par les bibliothèques du monde entier. Désormais le secret est ailleurs et re-faire ne nous a jamais intéressé.
Ceci dit, constatons-le en passant : les revues vieillissent mal. Celle d'avant-garde et qui prétendait tout casser tombe à l'académie ; celle qui défendait si farouchement l'art pour l'art sombre dans la politicaille à la petite semaine ; celle qui se disait révolutionnaire, après six mois montre le bout de l'oreille, une oreille bien lavée de fils à papa. Revue d'Art Révolutionnaire ! Quand on sait la conception que ces freluquets ont de l'art, on peut ajouter : révolutionnaire comme on est aquarelliste ou joueur de flûte.
Les textes d'actualité n'ont plus aucun intérêt à être consacrés par l'imprimerie, au temps de la radio et de la télé, si ce n'est en des catalogues de fin d'année ou sous la forme du magazine publicitaire. Nos Cahiers, qui avaient adopté dès le départ la formule des célèbres publications d'entre les deux guerres :
Mesure et
Commerce (en moins luxueux !) échappaient à cette usure. Mais cette formule même nous semble à présent périmée : Un jour ou l'autre les meilleures pages présentées finissant par être réunies en volume. C'est notre orgueil en relisant le
premier numéro de Réalités Secrètes, paru il il y a plus de vingt ans, de constater qu'aucun des textes dont il était composé n'a vieilli. Or, s'il est un mal dont souffrent les revues c'est bien le même qui accable la littérature. Il se résume en quelques mots : l'éternel ne se vend pas.
Secrets nous ne le sommes plus, mais "hors commerce" ah oui nous le sommes restés ! En témoignerait s'il était nécessaire la réponse de ce libraire du boulevard Saint-Michel à notre co-directeur qui, devant sa devanture pleine des revues contemporaines, lui proposait un dépôt de "Réalités Secrètes" :
- La littérature n'intéresse plus personne ! Il n'y a plus que la sociologie et l'économie qui se vendent bien.
Quand un libraire pense que la littérature n'intéresse plus personne il ne lui reste qu'à aligner dans ses vitrines des revolvers ou des fusils-mitrailleurs. Le métier d'armurier lui conviendrait mieux. Que dirait-on d'un marchand de livres qui, sous l'enseigne de La Joie de Vivre étalerait toutes les atrocités, toutes les horreurs du monde ? Politique n'est pas littérature et si quelque chose est à préserver avant tout dans le commerce du livre c'est bien la poésie, c'est bien la joie de lire. [...]
Marcel BÉALU.
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